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Dictionnaires, codes et cryptographie (1re partie) : le secret de la correspondance

6 octobre 2018Laisser un commentaireAnecdotes

L’utilisation d’un langage codé est une activité très ancienne, qu’elle soit destinée, selon les cas, à espionner, à entretenir une correspondance amoureuse, à transmettre des informations confidentielles ou à conserver le secret d’opérations et de transactions. Sans remonter aux peintures préhistoriques qui conservent leurs mystères, signalons que le plus ancien document crypté connu est une tablette d’argile retrouvée en Irak et datée du XVIe siècle avant J.-C. Un potier y avait gravé sa recette secrète en supprimant des consonnes et en modifiant l’orthographe des mots. De l’Atbash au Grand Chiffre de LOUIS XIV, du chiffre de César aux algorithmes informatiques, de la lettre codée de MARIE-ANTOINETTE au code navajo, l’humanité a déployé au cours des siècles des trésors d’ingéniosité pour les rendre complexes et indéchiffrables.

La difficulté principale pour créer un code demeure toujours la même : il faut qu’il soit suffisamment élaboré pour ne pas être aisément “craqué” tout en disposant d’un lexique étoffé et adapté. Assiégé dans Metz en 1870, le général BAZAINE ne disposait pour communiquer avec le gouvernement de Paris que d’un vieux code diplomatique dépourvu de vocabulaire militaire et dont la clé du code n’était détenue que par l’ex-empereur et ses anciens ministres !

Vital dans les domaines militaires, diplomatiques et économiques, le recours à une correspondance confidentielle était aussi très important pour beaucoup de gens “ordinaires” qui cherchaient à conserver le secret dans leur vie personnelle ou professionnelle. Dès lors il était inévitable que des méthodes et des dictionnaires soient proposés au grand public sous l’appellation de “dictionnaires chiffrés” ou de “codes commerciaux”, terme trompeur car les secrets des affaires commerciales était loin d’être leur seul objectif poursuivi.

En 1851, un certain BRACHET publie à Paris un Dictionnaire chiffré, nouveau système de correspondance occulte.

Il s’agit ici d’un lexique codifié préétabli. À chaque mot est attribué une série de cinq chiffres. Par exemple Ambassade a pour nombre référent 13371, Paquebot 39374, et Invoquer 34429. Avec son aide il devient possible de composer des phrases plus ou moins complexes. Ainsi la phrase “Expédier sur le champ huit cents caisses de savon rouge” est retranscrit de la manière suivante : 27885-47987-35332-18264-32451-17997-17254-46814-46312. Bien sûr la difficulté réside dans le fait que, ce livre étant largement diffusé, le code n’est pas confidentiel. C’est pourquoi l’auteur conseille à chacun de l’adapter en faisant en sorte que les interlocuteurs concernés disposent d’une clé qui prend la forme d’un nombre à ajouter ou à soustraire de celui indiqué dans le dictionnaire. Par exemple si la clé est +111, la phrase précédemment citée devient : 2796-48098-35443-18375-32562-18108-17365-46925-46423. Il propose également le cas échéant d’intervertir le sens de lecture ou de segmenter les séries de chiffres.

Simple à utiliser, accessible « à celui qui a reçu les premières notions de l’instruction primaire », sous réserve d’avoir en permanence le dictionnaire en question à portée de main, ce système semble offrir certaines garanties. L’auteur lui-même affirme avec fierté : « Nous pouvons mettre au défi les plus hardis mathématiciens, les plus savants philologues et les plus habiles déchiffreurs des chancelleries de donner en un quart de siècle la traduction de dix lignes écrites au moyen du Dictionnaire chiffré. » Brachet était particulièrement optimiste, pour ne pas dire présomptueux, mais il n’avait pu prévoir l’avènement de l’informatique et la puissance de calcul des futurs ordinateurs.

Ce système de répertoire codé va connaître un beau succès pendant les XIXe et XIXe siècles, et ne sera finalement rendu totalement obsolète que par le développement de l’électronique puis du numérique. Son succès devra beaucoup à l’apparition du télégraphe, car une des vertus de ce type de code consiste à compresser le mot ou la phrase en un petit nombre de caractères, d’où un gain de temps, de place et surtout d’argent, la facturation se faisant alors en fonction du nombre de lettres, de chiffres et de symboles.

En 1868, un autre code est édité sous la forme d’un répertoire portant le titre de Dictionnaire abréviatif chiffré. Œuvre d’un certain F.-J. SITTLER, cette méthode est promise à un bel avenir, puisque ce système sera très largement utilisé en France jusqu’à l’entre-deux guerres.

   

Il s’agit cette fois d’un système de chiffrement dont la clé est basée sur la pagination. Fort d’une centaine de pages, le livre est volontairement non paginé. Sur chaque page s’étale, répartie en deux colonnes, une liste de mots numérotés de 00 à 99. Ces éléments peuvent être des mots isolés, des expressions, des titres ou des grades, des bouts de phrases usuelles, des verbes parfois conjugués, des toponymes, du vocabulaire technique bancaire, militaire, administratif et agricole.

Le dictionnaire précise le fonctionnement de ce code, assez simple dans son principe : « Pour employer le langage secret, au moyen de ce Dictionnaire, il suffit d’indiquer à son correspondant la page et la ligne où se trouve le mot ou l’expression qu’on veut lui transmettre. » L’élément de base est constitué par une pagination qui doit être commune aux parties concernées. Il convient ensuite d’ajouter le numéro de la ligne à celui de la page ; par exemple, le numéro 11 est attribué à la page où se trouve le terme Géographie qui est numéroté 97, cela donne : 1197. Certaines lignes ont volontairement été laissées vides pour que l’utilisateur y ajoute ses propres mots. Pour rendre ce code réellement efficace, il revient à l’utilisateur d’ajouter sa touche personnelle en le complexifiant. Il lui est en particulier recommandé de procéder à un sur-chiffrement, c’est-à-dire d’ajouter une seconde clé, par exemple en permutant les chiffres ou en changeant la pagination en cours de message.

D’autres méthodes et répertoires voient le jour tout au long de la période sans pour autant remettre en cause l’hégémonie du code Sittler. Ce foisonnement témoigne de l’importance qu’a prise la cryptographie, car désormais la rapidité et la confidentialité de la transmission de l’information sont devenues des atouts stratégiques par excellence. Parmi les dictionnaires chiffrés qui ont connu le plus de succès en France, nous pouvons citer le Dictionnaire pour la correspondance télégraphique secrète, de Benoît BRUNSWICK (ci-dessous à gauche), publié en 1869, le Dictionnaire télégraphique, économique et secret par H. MAMERT-GALLIAN (ci-dessous au milieu) sorti en 1874, ou encore le Dictionnaire chiffré diplomatique et commercial daté de 1873 (à droite).

  

Malgré ce qu’avançaient les concepteurs de ces méthodes et de ces dictionnaires chiffrés, aucun code n’est réellement indéchiffrable. L’étude de l’occurrence de certains mots très courants, en particulier des articles, permet souvent de reconstruire la clé peu à peu et de reconstituer le lexique. Les deux guerres mondiales ont démontré que les codes les plus sophistiqués pouvaient être craqués. Il en a été ainsi pendant la Grande Guerre du code russe déchiffré par les Allemands, du chiffre Ubchi et du code ABC décryptés par les Français. Mais l’épisode le plus fameux de la guerre du chiffre aura lieu pendant le second conflit mondial avec le déchiffrement du code allemand Enigma, une méthode pourtant très élaborée corrélée à une machine extrêmement complexe.

Si le monde fascinant de la cryptologie éveille votre curiosité, vous pouvez consulter ce site, pédagogique et accessible, même si vous n’êtes pas un mathématicien confirmé !

 

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