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Un poème encyclopédique médiéval désormais traduit en français moderne : Le Bréviaire d’amour

1 mars 2020Laisser un commentaireActualité, Lectures, films, expositions, manifestations, Objets de curiosité

Les encyclopédies médiévales

Bien des ouvrages médiévaux, même s’ils n’en portaient pas encore le nom, étaient déjà de véritables encyclopédies, dans la mesure où le but de leurs auteurs consistait à compiler et à organiser les connaissances humaines, les arts et les sciences. Certes, les Saintes Écritures restaient encore l’objet primordial de leur propos, mais il n’en reste pas moins que certains rédacteurs étaient animés par un véritable esprit encyclopédique. Le genre a connu son ouvrage fondateur dès le VIIe siècle avec Étymologies d’ISIDORE de SÉVILLE qui, durant toute la période médiévale, servira de référence. À l’époque carolingienne, cette œuvre majeure inspirera la rédaction de nouvelles encyclopédies, en particulier le fameux De universo de Raban MAUR.

Entre 1180 et 1270, en lien avec le développement des universités, l’épanouissement de la scolastique et la redécouverte des textes de l’Antiquité classique, l’encyclopédisme connaîtra un premier âge d’or en Occident avec les œuvres de VINCENT de BEAUVAIS, THOMAS de CANTIMPRÉ et BARTHÉLEMY L’ANGLAIS . Mais, à côté de ces créations majeures, se développera toute une littérature “encyclopédique” large et variée, même si elle sera de qualité inégale. Les auteurs utiliseront le latin comme outil de transmission, mais aussi les langues vernaculaires qui permettent une diffusion plus large dans la société.

De la fin du XIIIe siècle à la Renaissance, ce mouvement encyclopédique ne disparaît pas totalement mais, comme le reste de la société, il subit le contrecoup des crises majeures qui toucheront l’Europe pendant près de deux siècles. Dès lors, les créations originales se font moins nombreuses, laissant place à des copies ou de simples commentaires d’œuvres antérieures. C’est pourtant à cette époque que sera rédigée l’œuvre qui fait l’objet de ce billet. Il s’agit d’une « canso », c’est-à-dire une chanson à strophes rédigée en langue d’oc, intitulée Breviari d’amor.

Le Breviari d’amor

Dans le midi de la France, la langue occitane a vu, entre les XIe et XIIIe siècles, l’émergence d’une brillante tradition littéraire incarnée par la figure du troubadour. Le thème le plus connu de cette littérature médiévale est l’exaltation de l’amour courtois (fin’amor en occitan), décrit comme un sentiment noble et chevaleresque. Version idéalisée d’un amour parfait et total, plus spirituel que charnel, cet “art d’aimer”,  qui peut d’ailleurs se vivre hors des liens du mariage, est largement diffusé par le biais de la littérature et des troubadours occitans.

Entre 1288 et 1292, un troubadour biterrois du nom de Matfre ERMENGAUD, par ailleurs juriste et moine cordelier, compose un long poème de 34 597 vers octosyllabiques, inspiré par une démarche originale qui tend à concilier deux conceptions habituellement incompatibles de l’amour. C’est ainsi qu’il entend rapprocher celle des clercs, l’amour de Dieu, de celle des laïcs, c’est-à-dire l’amour des amants.

Le plan de cette œuvre atypique permet à son auteur d’exposer toutes les connaissances théologiques, philosophiques, astronomiques, scientifiques et naturelles de son temps. Il est organisé en sept parties réparties en quatre domaines selon un arbre généalogique appelé ici l’“arbre d’amor” (ci-dessous), qui retrace la création du monde.

 

Voulant démontrer que, dès l’origine, le monde et Dieu sont liés par l’amour, l’auteur entreprend une longue démonstration théologique et encyclopédique. Pour y parvenir il fait appel tout à la fois à la cosmographie, à l’histoire, au droit, aux descriptions de métiers et de la vie quotidienne. Mais c’est bien l’amour qui est le fil directeur de l’ensemble, qui “repose sur la notion universelle de l’Amour qui descend, comme tout don parfait, du Père des Lumières, car, dit saint Jean : Dieu est Amour. Amour des Trois personnes divines dans la Sainte Trinité, Amour de Dieu pour les hommes, Amour des hommes pour Dieu, Amour des hommes les uns pour les autres, Amour entre personnes de sexe opposé, engendrement et Amour des enfants. Il entend réunir et transmettre toutes les branches du savoir”.

  

L’amour de Dieu s’exprimant au final à travers l’amour entre l’homme et la femme, la dernière partie des 7 000 derniers vers, intitulée le Perilhos tractat d’amor de donas (Traité des dangers de l’amour des dames), est un véritable traité sur la fin’amor des troubadours. Dans ce curieux chapitre mettant en scène amoureux, dames et médisants qui débattent dans un procès, ERMENGAUD se présente lui-même dans une position d’arbitre et de conseiller. Les dialogues sont le plus souvent des citations issues d’œuvres de troubadours des XIIe et XIIIe siècles.

Un vrai travail de bénédictin…

Le nombre important de copies conservées (douze exemplaires complets auxquels s’ajoutent les fragments de douze copies différentes, ainsi qu’une dizaine de versions en prose écrite en catalan et en castillan) nous permet de penser qu’il s’agit de l’ouvrage le plus diffusé de la langue d’oc médiévale. Souvent richement illustrés et particulièrement prisés des collectionneurs, les exemplaires se retrouvent aujourd’hui dans un grand nombre de bibliothèques nationales et universitaires européennes.

Malgré l’engouement qu’il avait pu susciter, ce livre tombera dans l’oubli pendant la Renaissance, et ne sera même pas imprimé. Il ne sortira de l’oubli qu’en 1816, grâce à François Just Marie RAYNOUARD qui, vingt ans plus tard, citera in extenso des vers extraits du Breviari d’amor dans son Lexique roman. À la suite de cette redécouverte, la société archéologique de Béziers, menée par son secrétaire Gabriel AZAIS, décide de faire publier l’ouvrage. Fruit d’un patient travail effectué sur plusieurs copies, cette première version de l’œuvre est publiée entre 1862 et 1882.

En 1976, Peter RICKETTS, professeur de langue et de littérature romanes à Londres, entreprend de réaliser une nouvelle édition. À l’issue de quarante ans de recherches, ayant consulté tous les exemplaires et les fragments identifiés, il en fait une étude critique. L’érudit britannique préparait une traduction en français moderne du dernier traité du Breviari, lorsque son décès, survenu en 2013, met le projet en sommeil. Mais un autre personnage entre alors en lice et reprend le flambeau. Grand connaisseur du texte, médiéviste, paléographe et président de la Société archéologique de Béziers depuis 2011, Henri BARTHÈS va s’attacher à lever les principaux obstacles qui s’opposent à une large diffusion de l’ouvrage, pour le rendre accessible à un public plus élargi que celui du monde universitaire et savant. La principale difficulté réside dans le fait que le texte est versifié et rédigé en occitan médiéval, car “la langue du Breviari d’amor est difficile, la versification souvent laborieuse complique la lecture et la compréhension”.

Soutenu efficacement  par le CIRDOC, qui se procure le fac-similé du très bel exemplaire conservé à Saint-Pétersbourg, le travail progresse rapidement et le livre, qui comprend 570 pages, dont de magnifiques enluminures, est achevé en mars 2018. Une souscription est alors lancée et, le 18 décembre suivant, le livre est enfin publié par les Éditions du Mont (ci-dessous).

Accompagné de textes complémentaires et de 1 500 notes, le Bréviaire d’amour nous invite à redécouvrir cet encyclopédisme médiéval, aujourd’hui bien injustement oublié.

Pour une étude plus approfondie du texte lui-même, nous vous invitons à lire la présentation  de l’ouvrage faite par BARTHÈS en mai 2017 à l’Académie des sciences et des lettres de Montpellier, ainsi qu’à visionner la petite vidéo ci-dessous.

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