Arts, Sciences et techniques, Sciences naturelles

Nouveau dictionnaire universel des arts et des sciences

françois, latin et anglois, contenant la signification des mots de ces trois langues et des termes propres de chaque état et profession : avec l'explication de tout ce que renferment les arts et les sciences, sçavoir : l'agriculture, l'algèbre, l'anatomie, l'architecture, l'arithmétique, l'astronomie, le blason, la botanique, la chasse, la chirurgie, la chymie, la fauconnerie, la grammaire, l'histoire, le jardinage, la jurisprudence, la logique, le manège, les mathématiques, la méchanique , la musique, la navigation, la peinture, la poésie, la rhétorique, la sculpture, la tactique, la théologie, &c.

Auteur(s) : DYCHE Thomas, PÉZENAS Esprit, FERAUD Jean-François, PARDON William

 a Avignon, Chez François GIRARD, imprimeur-Libraire de la ville & des collèges pontificaux, place St-Didier. Et se vend à Paris chez GUILLYN, Libraire, quay des Augustins, du, côté du Pont S. Michel, au Lys d'or
 édition originale (la version anglaise date de 1735)
  1753-1754
 2 vol : tome 1. A-K (VI-603 p.), tome 2. L-Z (575 p.)
 In-quarto
 veau brun, dos à cinq nerfs, caissons et coiffes ornés de motifs floraux dorés
 bandeaux décoratifs, lettrines ornées,


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Lors de la parution du premier tome de l’Encyclopédie en 1751, Denis DIDEROT rend hommage dans son avant-propos aux livres qui, pour lui et ses collègues, ont été des sources d’inspiration. En premier lieu, il cite la Cyclopaedia d’Ephraïm CHAMBERS dont, au départ, l’Encyclopédie ne devait être que la simple traduction améliorée. Mais il ne manque pas d’évoquer également deux autres ouvrages : le Lexicon Technicum de John HARRIS, et le New General English Dictionary, écrit par un certain Thomas DYCHE, révérend de son état. Il ne faut pas s’étonner de voir DIDEROT se référer à des ouvrages écrits en langue anglaise, quand on se souvient qu’il a commencé sa carrière comme traducteur d’ouvrages en cette langue.

Né vers 1695, DYCHE devient maître d’école à Ashbourne, avant de venir à Londres prendre successivement la direction de plusieurs établissements scolaires dont, à partir de 1708, le Stratford Bow. Notre homme mène une existence studieuse et discrète, en grande partie consacrée à la philologie et la linguistique. Déjà auteur d’un vocabulaire latin, il publie en 1709 A Guide to the English Tongue. Ce livre connaîtra 48 éditions, ne cessant d’être réimprimé jusqu’en 1830. Il sera même édité dans la ville indienne de Tranquebar en 1719, ce qui lui vaudra d’être considéré comme le plus ancien livre de langue anglaise publié en Asie. L’étude de l’anglais, en particulier celle de son étymologie et de sa prononciation, est son sujet de prédilection. La phonétique lui doit d’ailleurs l’invention de signes, imaginés pour signifier un double accent. En 1723, il publie The Spelling Dictionary ; or, A Collection of all the common Words and Proper Names made use of in the English Tongue. Il s’agit de la version augmentée et améliorée de son ouvrage précédent, riche de 21 000 mots avec leur prononciation et leur accentuation.

DYCHE se lance ensuite dans un projet encore plus ambitieux et novateur qui, exclusivement centré sur la prononciation, ignore l’étymologie et les dérivations. Il n’a guère le temps de le mener à terme, car il décède à une date inconnue entre 1731 et 1735. Le manuscrit est repris, complété et achevé par un certain William PARDON, à propos duquel nous ne disposons d’aucune information. Le New General English Dictionary, finalement publié à Londres en 1735, obtient un beau succès et enchaînera 18 éditions jusqu’en 1794. Au final, son contenu fait la part belle aux termes des arts, des lettres et des sciences, très certainement sous l’influence de la Cyclopædia publiée pour la première fois en 1728.

En France, une version, abrégée et retravaillée, de l’ouvrage de DYCHE, intitulée Manuel-Lexique ou Dictionnaire portatif des mots françois, est réalisée en 1750 par l’abbé PRÉVOST. Un projet de traduction in extenso du livre original est alors entrepris par deux religieux, le père Esprit PÉZENAS et le grammairien et philologue marseillais Jean-François FÉRAUD.  Le livre est finalement publié à Avignon en 1753, sous le titre de Nouveau dictionnaire universel des arts et des sciences, sans que les noms des deux religieux n’apparaissent en page de titre ; il s’agit de l’ouvrage présenté ici. À l’époque court la rumeur que l’équipe de l’Encyclopédie, redoutant la concurrence, s’acharne à contrarier la sortie du dictionnaire ; c’est probablement la raison pour laquelle le livre, élaboré à Paris, est imprimé à Avignon.

Curieusement, PÉZENAS développe la thèse que, dans son travail de rédaction, DYCHE se serait inspiré d’ouvrages français. C’est ainsi qu’il écrit dans la préface : “Le Dictionnaire dont nous donnons la Traduction est un extrait de nos meilleurs Dictionnaires & en particulier de celui de FURETIÈRE, si considérablement augmenté depuis la mort de son Auteur, & connu fous le nom de Dictionnaire de Trévoux.” Certes, il est impossible de donner crédit à cette filiation, mais il est peu imaginable que notre linguiste, si pointilleux sur sa langue natale, se serait basé sur des ouvrages en langue étrangère pour rédiger ses définitions de mots anglais. Précisons enfin que nos deux traducteurs ont travaillé sur la quatrième édition, amendée par rapport à celle de 1735.

Fidèles à l’esprit du dictionnaire de DYCHE et PARDON, les définitions ne contiennent ni citations ni indications étymologiques. En revanche, elles donnent l’équivalent latin et anglais de chaque terme. La réelle originalité de ce dictionnaire est d’intégrer, dans un seul et même corpus, le vocabulaire propre à la médecine, l’agriculture, l’architecture, l’astronomie, les mathématiques, la mécanique, l’héraldique, l’équitation, la musique, la vénerie, la navigation, la poésie et au droit.

En 1761, une nouvelle version est éditée à Lyon – même si la page de titre indique faussement Londres – par le libraire BRUYSET, sous le titre d’Encyclopédie française, latine et anglaise, ou Dictionnaire universel des sciences et des arts.  Signalons que le livre souffrira durement de la concurrence de l’Encyclopédie et ne connaîtra pas le même engouement qu’outre-Manche.

Au début du premier volume de l’ouvrage, se trouve une épître dédicatoire adressée au cardinal Pasquale ACQUAVIVA d’ARAGONA, vice-légat d’Avignon.



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire