Héraldique et blasons, Noblesse française, Généalogie

Nobiliaire toulousain

Inventaire général des titres probants de noblesse et de dignités nobiliaires; lettres patentes d'anoblissement, jugements de confirmation ou de maintenue de noblesse, érections de terres en baronnie, vicomté, comté, marquisat, description héraldique des blasons, actes d'hommages, de reconnaissances, de dénombrements, devises, cris, etc., etc.

Auteur(s) : BRÉMOND Alphonse

 Toulouse, BONNAL et GIBRAC, liraires-imprimeurs, rue Saint-Rome, 44
 réimpression à l'identique de 1974 de l'édition originale de 1863
  1863
 1 vol (LXIV-431-584 p.), deux tomes regroupés dans un seul livre
 In-octavo
 percaline rouge, dos lisse
 blasons


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Strasbourgeois de naissance, mais Toulousain d’adoption et de cœur, Alphonse BRÉMOND semble avoir exercé la profession de typographe avant de s’installer comme libraire-bouquiniste. Mais c’est comme homme de lettres qu’il va passer à la postérité. Érudit spécialisé dans l’histoire de la grande cité occitane, il est, dès 1851, l’auteur d’un Guide toulousain, un annuaire pratique précédé d’un petit précis historique et de la description des monuments de la Ville rose ; ouvrage qui connaîtra plusieurs éditions. On retrouve par la suite le nom de BRÉMOND sur diverses publications, notamment en 1858 sur son Histoire de toutes les saintes reliques conservées dans l’insigne basilique de Saint-Saturnin et Histoire de l’exposition des beaux-arts et de l’industrie de Toulouse. Mais la majeure partie de son œuvre sera consacrée à l’histoire, la généalogie et l’héraldique des familles nobles de la région toulousaine. Au terme d’un long et méticuleux travail de recherche et de synthèse, notre homme publie en 1863 les deux tomes de son Nobiliaire toulousain, un ouvrage qui, d’emblée, lui confère une certaine notoriété.

BRÉMOND débute son ouvrage par une présentation de l’histoire de la noblesse. Cette précaution n’est pas inutile, car derrière ce terme générique se cache une réalité quelque peu complexe. L’auteur donne d’ailleurs son avis sur le sujet : “La nature a fait tous les hommes égaux ; elle n’a établi d’autre distinction parmi eux que celle qui résulte des liens du sang, telle que la puissance du père et de la mère sur leurs enfants. Mais les hommes, jaloux de s’élever au-dessus de leurs semblables, ont été ingénieux à établir diverses distinctions entre eux ; la noblesse est une des principales.”

Depuis l’Antiquité, appartenir à la noblesse signifie avoir une certaine prééminence sociale, avoir accès à certaines charges et fonctions, bénéficier de certains privilèges héréditaires tout en étant soumis à certains devoirs. Pourtant, dans les faits, cette notion n’a cessé d’évoluer au cours des siècles pour devenir confuse et disparate à cause d’une multitude d’abus et d’usurpations. À partir de la fin du Moyen Âge, la monarchie parvient à s’octroyer un relatif monopole de l’anoblissement. Dès lors, l’administration royale mènera à plusieurs reprises de grandes enquêtes pour “réguler” les effectifs de la noblesse en exigeant la production des preuves de noblesse, sachant que l’existence d’une particule dans son patronyme, ou même d’armoiries, ne suffit pas à justifier un titre. Mais, dans un mouvement contraire, la monarchie en mal de liquidités va multiplier les offices payants et héréditaires, qui auront progressivement pour effet de gonfler les effectifs de la “noblesse de robe”.

Les familles nobles sont loin de composer un ensemble homogène. Au niveau local, il existe même une noblesse “municipale”, parfois désignée sous le terme de “noblesse de cloche”. C’est ainsi que BRÉMOND s’attarde sur le statut particulier du capitoulat, un système d’administration communale qui, prévalant à Toulouse, garantit l’anoblissement de ses magistrats. Cette coutume sera entérinée par le Conseil d’État en 1715. Jusqu’à la Révolution, les capitouls devront disputer leur autorité et leur influence avec le Parlement, autre “vivier” de la grande noblesse locale et régionale.

D’abord un peu fastidieux, le Nobiliaire toulousain est avant tout le fruit de minutieuses et patientes recherches effectuées par BRÉMOND pendant de longues heures dans les livres et les archives toulousaines. Le livre se présente sous la forme d’une longue liste de noms de famille, de personnages et de “maisons” comme celle des comtes de Toulouse. Le Nobiliaire recense aussi des villes et des communautés diverses, comme Aurignac, Fronton, Grenade, Rieumes, Muret ou Cintegabelle, dont les armoiries sont décrites en détail. Les notices sont souvent succinctes, même parfois liminaires, y compris pour des personnages historiques ayant occupé de très hautes fonctions. L’ouvrage ne cherche pas à s’étendre sur l’histoire des individus, sur leur lignage et sur leurs titres mais, avant tout, à attester de l’ancienneté de la noblesse de tel nom ou de telle famille. Quand il le peut, l’auteur prend soin de citer les preuves de noblesse d’un individu, comme sa présence attestée aux États généraux, aux États de Languedoc ou à d’autres assemblées nobiliaires. Dans ses articles, il lui arrive aussi de faire état de jugements de maintenue ou de confirmation de noblesse, des certificats divers, d’aveux ou de tout autre document antérieur à l’an 1400 garantissant un titre de noblesse.

Le livre connaîtra un certain succès, d’autant qu’après l’éclipse de la période révolutionnaire les titres de noblesse connaîtront un regain sous la Restauration, ainsi que sous les Premier et Second Empires, qui verront une abondante création de titres nobiliaires. Le sujet abordé est donc porteur, comme en témoignera quelques années plus tard la parution du Dictionnaire des anoblissements de Henri GOURDON de GENOUILLAC, ainsi que celle du Dictionnaire de la noblesse de François-Alexandre AUBERT de LA CHESNAYE DES BOIS. Apprécié à juste titre des historiens, des érudits et des généalogistes, le livre de BRÉMOND fait plutôt figure d’ébauche et de préambule à un ouvrage plus important qu’il publiera en 1868 sous le titre d’Indicateur du nobiliaire toulousain ou État présent de la noblesse. Dans cet ouvrage, il dit avoir “enregistré les noms patronymiques et de fiefs, les prénoms, les qualités et les résidences de toutes les personnes qui nous sont connues, portant, à bon droit ou à tort, des titres et des qualités nobiliaires, ou la particule de.

En 1869, BRÉMOND publiera également  un Armorial toulousain : armorial général des familles nobles du pays toulousain qui, bien que peu épais, ambitionne de présenter “les noms patronymiques des familles, ceux de leurs fiefs ;  les titres et dignités nobiliaires ; le blason de chacune d’elles gravé sur bois avec sa description héraldique ; les devises, cris, couronnes, supports ; un historique sur chaque maison, avec les époques de l’anoblissement,  du jugement de maintenue, des preuves pour Malte, pour le service militaire, la mention des représentants des maisons nobles actuellement existants, avec leurs qualités et résidence”. Cette fois, chaque famille fait l’objet d’un véritable petit dossier, comprenant la description des blasons ainsi que des notes historiques et généalogiques. L’auteur pousse même le détail jusqu’à citer les “représentants actuels” de telle ou telle maison, avec indication de leur adresse.

À plusieurs reprises, BRÉMOND avait indiqué que, pour compléter son Nobiliaire toulousain, il projetait de rédiger un second volume intitulé Généalogies ;  mais cet ouvrage ne verra jamais le jour, l’érudit décédant à une date inconnue postérieure à 1870. À cette fin, il avait pourtant rassemblé une très importante documentation, qui n’occupe pas moins de 17 volumes de manuscrits et d’imprimés, aujourd’hui rassemblés et conservés au Département des manuscrits de la BNF.

Quelques exemples

*LAFAGE (Henri-Joseph), chevalier, seigneur-baron de Pailhés, de Saint-Martin, de Menay, de Madières, de Pujagon et autres lieux, succéda à son père au mois de novembre 1747, en sa charge de syndic général de la province de Languedoc. Il rendit hommage au roi, pour la baronnie de Pailhés, le 28 septembre 1776, et pour la seigneurie de Saint-Martin, le 24 mars 1777. Lesdits actes d’hommage contiennent les dénombrements des fiefs nobles.

*LASSUS de NESTIER (Marc-Bertrand-François de), conseiller au Parlement de Toulouse, de 1764 à 1790. Il avait dénombré ses fiefs, en qualité de seigneur de Montferrier, devant les capitouls, le 9 septembre 1773. Il fut convoqué aux assemblées de la noblesse, tenues en 1789 à Toulouse et à Muret. À celle des Etats de Comminges, en qualité de seigneur de Montréjeau, de Camon, de Nestier et d’autres lieux.

*MARCASSUS (Jean), seigneur de Puymaurin, capitoul en 1721. Il dénombra en qualité de seigneur de Puymaurin, devant les capitouls, le 15 décembre 1727. La terre de Puymaurin fut érigée en baronnie en 1744, en faveur de Jean Marcassus, et une pension viagère de 600 livres lui fut accordée par le roi, en récompense des services qu’il avait rendus au pays en rétablissant, en 1712, la manufacture de draps du château de la Terrasse, près de Carbonne.

*BARBAZAN (Arnaud-Guilhem de), chevalier, premier chambellan de CHARLES VII ; à qui ce roi, par ses lettres patentes de 1442, dans lesquelles il le qualifie de restaurateur de son royaume et de sa couronne, lui permet de porter l’avenir, dans ses armoiries, trois fleurs de lys d’or sans barre, et d’être inhumé dans les caveaux de Saint-Denis.

*DALMAS (Guillaume), officier du comte de la Marche et de Castres, habitant de Rodez, fut anobli, avec sa femme et toute sa postérité, en juin 1443, pour être monté le premier sur les murailles de Pontoise, lors du siège de cette ville. Armes : d’argent, à la croix ancrée de gueules. L’écu timbré d’un casque taré de profil, sommé d’une couronne murale de sinople.

*USTOU (Stanislas-Bernard-Pierre vicomte d’), seigneur de Montbéraud et de Saint-Michel, chevalier de Saint-Louis, assista à l’assemblée de la noblesse du Comminges tenue à Muret en 1789, et fut député par elle aux États généraux du royaume.

*ASSEZAT (Pierre d’), écuyer, seigneur et baron de Gauré, conseiller au Parlement de Toulouse en 1613, fut maintenu dans sa noblesse par jugement souverain, rendu par M. Bazin de Besons, intendant de Languedoc, le 20 mars 1670, ayant fait remonter ses preuves à 1552. Sa veuve, Anne de DRULHE, dénombra noblement ses fiefs, le 1er avril 1689, devant les capitouls.



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