Expressions et proverbes, Français (langue)

Dictionnaire des proverbes françois, et des façons de parler comiques, burlesques et familières, &c

Avec l'explication et les étymologies les plus avérées

Auteur(s) : PANCKOUCKE André Joseph

 à Paris, chez SAVOYE, rue S. Jacques, à l'Espérance
 édition originale
  1748
 1 vol. (420 p.)
 In-douze
 veau brun, dos à cinq nerfs, caissons et coiffe ornés de motifs floraux dorés
 bandeau décoratif, culs-de-lampe


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Joseph André PANCKOUCKE est un libraire lillois qui verra son nom éclipsé par celui de son fils Charles-Joseph, véritable magnat de l’édition et de la presse et entrepreneur de la célèbre Encyclopédie méthodique. Son père a pourtant connu de son vivant une certaine renommée, en se lançant dans l’écriture et en traitant de nombreux sujets tels que l’histoire locale, l’astronomie, les mathématiques ou la philosophie. On lui doit également une étrange compilation intitulée l’Art de se désopiler la rate, dont la page de titre précise : « Sive de modo c. prudenter, en prenant chaque feuillet pour se t. le d. [ou l’art de chier avec sagesse, en prenant chaque feuillet pour se torcher le derrière] » et un manuel d’“études convenables” à destination des jeunes filles pensionnaires chez les religieuses.

En 1748, il publie son Dictionnaire des proverbes françois. Il s’agit de l’ouvrage ici présenté. Même si le sujet a déjà été traité par le passé, comme l’attestent au siècle précédent les Curiositez françoises d’Antoine OUDIN et le Recueil des plus illustres proverbes de Jacques LAGNIET, PANCKOUCKE se pose en précurseur, affirmant « qu’on n’avait jamais imprimé en France un ouvrage sur les proverbes sous cette forme ». Cette assertion paraît un peu présomptueuse, car il existe déjà un dictionnaire des proverbes français, réalisé par un certain Georges de BACKER, édité à Bruxelles en 1710. Certains critiques ne manqueront d’ailleurs pas de souligner la parenté entre les deux ouvrages, suggérant à demi-mots que PANCKOUCKE aurait en partie plagié le livre de son prédécesseur, jusque dans sa préface.

Les proverbes et expressions sont suivis d’une “traduction” précédée d’un point-virgule, afin d’en expliciter le sens souvent obscur pour le profane. Le cas échéant, l’auteur produit une citation littéraire dans laquelle l’expression est utilisée. Se retrouvent ici un très grand nombre de proverbes et adages, parfois très truculents, dont beaucoup sont depuis passés d’usage, comme par exemple : « Il n’est point de belles prisons ni de laides amours », « Il est aujourd’hui saint Lambert, qui quitte sa place la perd », ou encore : « Si son cul était de verre, il eût été cassé » et « C’est un grand casseur de raquettes ».

PANCKOUCKE passe également en revue des termes argotiques et populaires, dont certains sont désormais intégrés au langage courant comme “A tire-larigot” ou “Rembarrer”, d’autres nous semblant aujourd’hui bien désuets : “Patrociner” “Se gabeler”, “Trouver visage de bois”, “Donner les violons”, etc. La présence de certains termes non issus de proverbes nous interpelle car ils ne nous paraissent ni incongrus ni argotiques. Il en est ainsi par exemple des mots Rotondité, Rapière, Papa, Entraves ou Dodus. Sans doute lauteur attribue-t-il à leur sonorité un effet comique ou un caractère familier ?

Le dictionnaire des proverbes de PANCKOUCKE connaîtra une réédition en 1758, mais dès le début du xixe siècle il se verra supplanté par nombre de livres traitant des proverbes, de l’argot et des expressions populaires, qui vont le rendre obsolète. C’est en particulier le cas du Dictionnaire des proverbes français publié en 1821 par Pierre Antoine LEBOUX de LA MÉSANGÈRE qui servira longtemps de référence en la matière.

PANCKOUCKE décède à Lille en 1753 et laisse son affaire à sa veuve, assistée par son fils Charles-Joseph. Ce dernier prend la tête de l’entreprise en 1757 et la fait rapidement prospérer. En 1762, il s’installe à Paris et peut alors donner toute la mesure de son talent d’éditeur et d’homme d’affaires.

Quelques exemples de proverbes et d’expressions tirées du dictionnaire de PANCKOUCKE

Bon avocat, mauvais voisin ; signifie qu’on est en danger d’être chicané quand on a pour voisin un homme de pratique

Terreux ; on dit d’une fille à marier qu’elle a le cul terreux quand elle fort riche en fonds de terre

C’est une enseigne à bière ; portrait mal fait ou ridicule

Il a toujours dix aunes de boyaux vuides pour festoyer ses bons amis ; se dit d’un grand mangeur

Il seroit bon à rendre vache foireuse ; il ne rit point

Il y va de cul & de tête comme une corneille qui abat des noix ; se dit d’un homme qui se tourmente extrêmement pour venir à bout de quelque chose

Cracher blanc ; pour exprimer qu’on a soif, qu’on est altéré



Un commentaire

  1. Voila un beau dico que j’aurais vraiment aimé trouver. Jacques, si tu en découvres un autre STP, passe-moi le tuyau.
    Merci pour tes encouragements, ils ne m’auront pas !
    A bientôt
    Pierre

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