Ex-libris

Dictionnaire des dessinateurs et graveurs d’ex-libris français

Auteur(s) : WIGGISHOFF Jacques-Charles

 

HENRY-ANDRÉ, OLIVIER Eugène, ROURE de PAULIN baron du

 Paris, Société française des collectionneurs d'ex-libris, siège social, 161, avenue Malakoff
 édition originale
  1915
 1 vol (272 p.)
 In-quarto
 demi-chagrin noir, dos lisse avec filets et motifs dorés, titre et auteur en lettres dorées
 portrait photographique de l’auteur, 286 gravures et dessins dans le texte, 33 planches hors texte, dont 1 en couleur, bandeaux allégoriques, lettrines ornées, culs-de-lampe


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Tiré de l’expression latine “Ex libris meis”, littéralement “qui fait partie de mes livres”, un ex-libris désigne une vignette identifiant le propriétaire d’un livre, parfois le libraire ou l’éditeur, personnalisant le livre elle se trouve le plus souvent apposée à l’intérieur de l’ouvrage sur un des plats. Qu’il s’agisse de “collectivités” (bibliothèques, administrations, institutions religieuses, sociales ou politiques, etc.), ou de collectionneurs privés, ces étiquettes sont très utiles pour retracer le parcours d’un imprimé et parfois même pour en garantir l’authenticité.

Déjà présentes sur des manuscrits depuis l’Antiquité, ces marques de propriété se multiplient avec l’avènement de l’imprimerie qui permet désormais de reproduire rapidement et en quantité un modèle original d’ex-libris. Cette pratique va se développer en Allemagne avant de conquérir la France où on lui a longtemps privilégié une reliure ornée d’initiales ou de blasons ou une simple mention manuscrite. L’apposition d’ex-libris devient quasi systématique au XVIIe et au XVIIIe siècle dans les bibliothèques et les collections importantes, qu’elles soient particulières ou “officielles”.

Au cours du XIXe siècle, les tampons encreurs sont massivement utilisés pour marquer les livres de manière indélébile et ainsi éviter les vols. Pour autant les ex-libris ne disparaissent pas tout à fait, devenant de plus en plus sophistiqués ; les armoiries, allégories et monogrammes font leur retour dans les vignettes, tandis que le dessin, de plus en plus soigné, est souvent confié à un artiste de renom.

Simples marques de possession, les ex-libris bénéficient souvent d’une réalisation élaborée, au point que certains peuvent même être qualifiés de petite œuvre d’art. Au-delà de leur fonction utilitaire, ils reflètent la personnalité du propriétaire et, devenant des objets de prestige qui ajoutent à la valeur du support, ils font à leur tour l’objet d’études et de collections. En France, la Société française des collectionneurs d’ex-libris est fondée à Paris en avril 1893.

Non contente de favoriser les échanges entre collectionneurs, cette association cherche à valoriser leur passion par des publications et l’édition d’un bulletin, les Archives de la Société française des collectionneurs d’ex-libris. Un projet de catalogue des dessinateurs et des graveurs d’ex-libris est mis en chantier dès juin 1897 à l’initiative d’un certain Théodore DEVAULT. Après son décès en 1901, le manuscrit reste plusieurs années dans un tiroir avant d’être repris en main par Jacques-Charles WIGGISHOFF, un spécialiste du sujet qui avait fourni de nombreuses informations à DEVAULT.

Membre de cette association depuis 1895, cet érudit bibliophile, grand amateur de l’histoire et du patrimoine de Paris, est également membre d’autres sociétés savantes et sera maire du XVIIIe arrondissement de la capitale en 1889. Il est l’auteur de plusieurs essais et articles, dont Essai de catalogue descriptif des ex-libris et fers de reliure français anonymes et non héraldiques et Les ex-libris uniques ou rarissimes. En 1908, il est élu à l’unanimité président de l’Association française des collectionneurs d’ex-libris, fonction qu’il occupait encore à sa mort en avril 1912.

À cette date, le travail de WIGGISHOFF sur le Dictionnaire des graveurs et dessinateurs français d’ex-libris est suffisamment avancé pour qu’une souscription soit lancée et l’impression programmée. En partant d’un manuscrit quasiment achevé, un comité de rédaction composé de trois membres de l’association est désigné pour mener à bien la publication du livre en 1915. Il s’agit de l’ouvrage ici présenté.

Recensant 1 300 noms d’artistes professionnels ou amateurs, WIGGISHOFF n’a pas de prétention encyclopédique ou exhaustive et reconnaît même certaines lacunes. Dans le prospectus de 1912, l’auteur tient à le préciser en ces termes : « Ce travail n’est pas un travail iconographique, c’est-à-dire qu’on y chercherait en vain la description des ex-libris ou de leurs différents états. Ce n’est pas non plus un ouvrage héraldique, et l’énoncé des armoiries des pièces anonymes n’y sera fait que de la façon strictement nécessaire pour empêcher de confondre la pièce citée avec une autre. Ce n’est qu’une liste de douze à treize cents noms d’artistes français… qui ont produit des ex-libris. » Prenant le contre-pied des dictionnaires héraldiques habituels et des catalogues de collections existantes, WIGGISHOFF prend donc le parti de ne s’intéresser qu’aux artistes et non aux propriétaires des illustrations.

Il semble avoir voulu produire un outil pratique destiné aux collectionneurs, aux bibliophiles et aux curieux qui cherchent à deviner ceux qui se cachent derrière une discrète signature ou une abréviation, le plus souvent située en bas de page. Conforme à l’annonce de son auteur, le dictionnaire présente une longue liste de noms de créateurs d’ex-libris, chacun faisant l’objet de commentaires plus ou moins développés. Certaines “célébrités” du genre ont bien sûr le droit à plusieurs lignes, comme l’érudit et dessinateur amateur prolifique Edmond DES ROBERT ou les graveurs Sébastien LE CLERC, Jean-Charles FRANÇOIS et Jean-Michel PAPILLON qui a participé à l’Encyclopédie. Le dessinateur HENRY-ANDRÉ, par ailleurs membre fondateur de la Société française des collectionneurs d’ex-libris, a droit à deux pages pleines. Les informations biographiques sont souvent très sommaires, mais des pièces remarquables sont mises en valeur comme par exemple le bel ex-libris de Michel BÉGON réalisé en 1700 par DAUDIN.

Tous les dessinateurs inclus dans la liste dressée par WIGGISHOFF n’ont pas eux-mêmes réalisé les ex-libris qui leur sont attribués, la technique de la gravure n’étant pas forcément maîtrisée par chacun d’entre eux. Au XVIIe et au XVIIIe siècles, il arrivait que des œuvres et des dessins d’artistes soient retravaillés par des graveurs pour la confection des ex-libris, la source originale étant alors précisée dans la signature. C’est dans ces conditions que le sculpteur Edmé BOUCHARDON ou le peintre François BOUCHER figurent dans le dictionnaire.

En feuilletant l’ouvrage, nous découvrons une grande variété de styles, qu’ils soient classiques avec le blason traditionnel ou plus originaux avec des réalisations allégoriques, symbolistes et parfois oniriques. On croise certains noms connus comme Alfons MUCHA, Félicien ROPS, Henri de TOULOUSE-LAUTREC ou Albert ROBIDA. En fin du livre un supplément complète la liste des artistes par l’ajout de plusieurs dizaines de noms et fournit des renseignements complémentaires sur des artistes déjà traités.

Cet exemplaire compte évidemment son propre ex-libris, émis par la collection SERRES à Toulouse. La facture du premier achat, toujours insérée dans le livre, précise qu’il a été tiré à 300 exemplaires.

Pour ceux que le sujet intéresse, nous les orientons vers un billet du blog : Le charme des ex-libris.



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