Médecine, anatomie, Latin (langue)

Dictionnaire anatomique, latin-françois

Auteur(s) : PÉRAS Jacques

 à Paris, chez Jacques ROLLIN, libraire, quay des Augustins, à Saint Athanase et au Palmier
 édition originale
  1753
 1 vol (IV-463 p.)
 In-douze
 veau marbré, dos orné
 bandeaux décoratifs, lettrines ornées, culs-de-lampe


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Nous ne connaissons que très peu de choses de la vie de Jacques PÉRAS, que ses rares notices biographiques qualifient de « littérateur ». En 1744, il est le coauteur, avec François NAU, d’une étrange pièce de théâtre allégorique intitulée Les Dieux protecteurs de la France. En 1751 il publie, en solo cette fois-ci, le recueil Fables nouvelles, inspiré des Fables de LA FONTAINE. Avant de sombrer dans un quasi-anonymat, il signe en 1753 un dictionnaire anatomique bilingue français-latin. Même si, depuis 1539, la langue française est devenue la langue administrative officielle du royaume, le latin reste toujours incontournable dans bien des domaines, en premier lieu les sciences et la liturgie catholique. Dans la lignée des traditions gréco-romaine et médiévale, le latin assure son omniprésence dans les terminologies et les ouvrages de médecine des auteurs classiques, tels GALLIEN, HIPPOCRATE, AVICENNE et VÉSALE. À l’époque, le latin fait office de véritable “espéranto” entre les savants des différents pays, pendant que les étudiants se doivent d’en maîtriser le lexique pour mener à bien leur cursus. Il faudra attendre le XVIIIe siècle pour voir reculer l’usage du latin dans la pratique médicale, conséquence des progrès et des découvertes qui contribueront à amoindrir l’importance des auteurs “classiques”.

L’ambition de PÉRAS le pousse à proposer à un public estudiantin ou profane un vade-mecum pratique, “où l’on peut puiser, par une méthode courte et facile, des connoissances justes et précises” dans le domaine de l’anatomie, base indispensable de toute formation médicale. Pour l’organisation de son ouvrage, l’auteur prend le parti de faire un dictionnaire double : chaque page en latin est suivie de son équivalent en français. Ce recours aux pages alternées rend la lecture un peu difficile, car les pages jumelles ne se retrouvent pas forcément l’une en face de l’autre, ce qui oblige le lecteur à feuilleter l’ouvrage pour ne pas perdre le fil de la définition. Autre inconvénient : suivant un usage ancien, les définitions commençant par U et V sont entremêlées.

Dépourvus d’illustrations et de planches, les articles vont à l’essentiel. Contrairement à beaucoup d’autres dictionnaires médicaux, celui de PÉRAS, qui ne contient aucune citation, ne s’attarde pas sur les controverses et délaisse l’histoire de la discipline. Ses définitions sont des descriptions très sobres, pour ne pas dire neutres, rédigées en termes purement techniques, hors de tout “jargon”. Sans chercher à être exhaustif, l’auteur se limite aux notions qu’il considère indispensables en anatomie : “Quant à l’omission de plusieurs mots, elle est préméditée. Je n’ai pas voulu grossir l’objet sans nécessité. J’ai seulement pris les termes les plus utiles & les plus connus.”

Une des seules “audaces” que PÉRAS s’autorise est la méthode qu’il adopte pour parler des veines : “Je les commence par leurs branches, qui me paroissent être leurs sources, ou plutôt leur naissance, & les détermine par leur tronc qui en est l’embouchure. Cette méthode, quoi que peu usitée, est cependant la plus naturelle, vu les notions que nous avons de la circulation du sang” . Nous ignorons si ce livre, qui ne sera pas réédité, connaîtra le succès, mais il est certain qu’il sera rapidement confronté à une rude concurrence de la part de livres autrement plus complets, comme le Dictionnaire portatif de médecine, d’anatomie, de chirurgie, de pharmacie, de chimie, d’histoire naturelle, de botanique et de physique, de Jean-François LAVOISIEN, et le Dictionnaire interprète de matière médicale et de ce qui y a rapport, de Balthazar JULLIOT.

Deux exemples de définition (en français) : 

Pyramidaux : Muscles du bas-ventre. Ils sont larges & épais à leur extrémité inférieure qui est attachée au bord supérieur de l’os pubis, devant l’attache des muscles droits. Ils diminuent peu à peu en largeur & en épaisseur de bas en haut, & se terminent en pointe à la ligne blanche, à quelque distance au-dessous du nombril. Quelquefois ces muscles manquent, d’autres fois, il n’y en a qu’un, & souvent ils sont inégaux en grosseur & en longueur.

– Xyphoïde : On donne ce nom à l’appendix inférieur du sternum. Ce n’est qu’un cartilage qui cependant s’ossifie de bonne heure dans quelques sujets.



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