Espagnol (langue), Italien (langue), Français (langue)

Thrésor des trois langues espagnole, françoise et italienne | Tesoro de las tres lenguas espanola, francesa y italiana

auquel est contenue l'explication de toutes les trois respectivement l'ue par l'autre ; divisé en trois parties ; le tou recueilli des plus célèbres auteurs qui jusques ici ont escrit aux trois langues espagnolle, françoise & italienne

Auteur(s) : VITTORI Girolamo

 à Genève de l'imprimerie Jacques CRESPIN
 
  1644
 1 vol
 In-quarto
 velin, titre manuscrit sur le dos
 lettrines, bandeaux décoratifs


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Originaire de Bologne, Girolamo VITTORI, fuyant la persécution qui vise les Réformés, s’installe en Suisse à une date indéterminée. Il exerce à Genève ses talents de linguiste polyglotte. C’est en 1609, sous le nom d’auteur francisé de Hiérosme VICTOR, qu’il sort la première version d’un dictionnaire plurilingue intitulé Tesoro de las tres lenguas espanola, francesa y italiana / Thrésor des trois langues espagnolle, françoise et italienne. Publié par le libraire-imprimeur genevois Samuel CRESPIN, il s’agit d’un lexique divisé en deux parties : la première propose les mots espagnols avec une traduction en français et en italien ; la deuxième les termes français avec une traduction en italien et en espagnol.

Depuis le siècle précédent, l’intérêt est très fort pour l’italien et l’espagnol, langues à la mode à la cour et dans les milieux lettrés. L’année suivante, César OUDIN, un hispaniste renommé, publie en France un ouvrage bilingue promis à une belle carrière : le Tesoro de las dos lenguas francesa y espanola / Thrésor des deux langues. Pour les lecteurs avertis, il apparaît clairement que le lexicographe bolonais a, pour sa partie espagnol-français, très largement plagié le livre d’OUDIN tout en le complétant de 3 000 articles supplémentaires. Afin de camoufler son plagiat, VITTORI indique sciemment sur la page de titre la date de 1606 au lieu de 1609, afin de démontrer l’antériorité de son livre par rapport à celui de son concurrent.

Pas dupe – VITTORI ayant utilisé pour son plagiat une édition parisienne défectueuse qui a permis d’établir le larcin -, OUDIN dénonce  sans ambages le pillage de son ouvrage dans l’avant-propos de sa nouvelle édition de 1616 : “J’ajousteray à l’advertissement cy dessus, que ceux qui ont fait imprimer ce Tesoro [i.e. l’édition trilingue] à Genève, avec l’addition de la langue italienne, & de quelques dictions espagnoles fournies par d’autres, n’ont pas oublié de s’attribuer l’honneur de l’avoir compilé […] En outre, j’eusse désiré que celuy qui y a ajousté l’italien, eut mieux entendu les deux autres langues, car j’ay trouvé qu’en l’explication seule de ce qui n’est pas mesme une lettre entière, il a laissé eschaper de sa plume cinq ou six absurditez.”  Détail qui rend cette querelle – en soi assez fréquente à une époque où les plagiats et les éditions pirates étaient très courants – assez savoureuse, OUDIN s’est, à son tour, approprié sans le signaler les ajouts de VITTORI pour nourrir la nouvelle édition de son Tesoro. Retour à l’envoyeur en quelque sorte…

VITTORI publiera par la suite une version modifiée en trois parties, dont une dédiée à la langue italienne. Le livre rencontrera un certain succès, comme l’attestent les cinq éditions qui se succéderont entre 1616 et 1671 ; mais la renommée de l’ouvrage n’égalera jamais celle du livre d’OUDIN. Le livre et son auteur, dont la date de décès est inconnue, sombreront dans l’oubli dès le siècle suivant.



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