Antiquité gréco-romaine

Thrésor des antiquitez romaines, où sont contenues et descrittes par ordre toutes les cérémonies des romains

Auteur(s) : BOULAY César Égasse du

 à Paris, chez Denys THIERRY, rue sainct Jacques, à l'image saint Denys
 édition originale
  1650
 1 vol (998 p.)
 In-folio
 veau, dos à nerfs ornés
 lettrines ornées, bandeaux décoratifs, culs de lampe, 18 vignettes en gravure en taille-douce dans le texte


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Également connu sous le nom de plume de BULAEUS, César-Égasse du BOULAY, originaire de l’actuelle Mayenne, rejoint l’université de Paris vers 1638, d’abord comme élève puis, à partir de 1642, comme professeur. Il enseigne les humanités et la rhétorique au collège de Navarre, établissement où il occupe diverses responsabilités et où, par la suite, le rejoint son frère Pierre-Égasse. Érudit et historien respecté, il publie son premier ouvrage en 1650 : le Thrésor des antiquitez romaines. Il ne s’agit pas à proprement parler d’une œuvre originale, mais plutôt de la traduction remaniée d’un titre plus ancien, le Antiquitatum Romanarum corpus absolutissimum. Édité pour la première fois à Bâle en 1583, ce livre avait été rédigé par Johann ROSZFELD, plus connu sous le nom de plume de Johannes ROSINUS. BOULAY va prendre ce livre pour base de travail, en lui empruntant son plan. Il ne cache pas d’ailleurs le fait qu’il a effectué une compilation et il “confesse librement d’estre plagiaire, fi tant est qu’on charge de ce crime ceux qui, de plusieurs ouvrages, n’en font qu’un ; car celuy-cy, n’eft compofé que de diverfes pièces que j’ay accommodées le mieux qu’il m’a esté possible, pour y représenter tout ensemble ce qui est traité çà & là, de plus curieux dans les Autheurs. L’ordre & la suite des diverfes matières que j’y mets, n’est pas non plus de mon invention absolument”.

La civilisation gréco-latine antique est devenue une référence incontournable dans la vie littéraire, artistique et culturelle occidentale depuis la fin du Moyen Âge et la Renaissance. Il en résulte que la demande est forte pour des ouvrages de synthèse ou des recueils traitant des monuments, de la littérature, des arts, de la mythologie, mais aussi de la vie quotidienne des anciens Romains. Le “Thrésor” – terme qui est ici synonyme de recueil érudit – va essentiellement se pencher sur les pratiques religieuses, la mythologie, les diverses cérémonies publiques et privées, ainsi que les coutumes et les traditions superstitieuses et magiques qui, de la République aux derniers siècles de l’Empire, ont été très nombreuses, pour ne pas dire foisonnantes, dans la Rome antique.

Après une rapide présentation de l’histoire, de la topographie, de l’organisation urbaine, des quartiers et des monuments de la ville éternelle, BOULAY rentre dans le vif du sujet avec la description des lieux de culte du “clergé des Romains”, des rituels, avec un long développement sur les sacrifices, mais aussi des fêtes et jours fastes qui rythmaient la vie de la cité. Voulant sans doute étoffer l’ensemble et proposer une véritable encyclopédie de poche de la civilisation romaine, il complète l’ensemble par des chapitres consacrés à l’organisation politique des assemblées et du Sénat, aux magistratures et au pouvoir impérial. Il est vrai qu’à Rome, sous l’Antiquité, la religion et la piété étaient également des fonctions civiques et certaines fonctions religieuses étaient dévolues à des fonctionnaires et des officiers dûment mandatés pour les exercer. Enfin, pour conclure son livre, il s’attarde sur l’habillement, les bijoux et les coiffures des Romaines.

Cet ouvrage, dédié à Claude de MESMES, diplomate et ministre d’État, connaîtra un beau succès pendant quelques décennies, mais il sera ensuite largement surclassé par d’autres ouvrages plus complets, plus richement illustrés et aussi plus volumineux, tels que L’Antiquité expliquée et représentée en figures de Bernard de MONTFAUCON et, au siècle suivant, le Recueil d’antiquités du comte de CAYLUS. Devenu greffier de l’université de Paris en 1650, du BOULAY va poursuivre une longue carrière au sein de cette institution. Si son nom reste connu aujourd’hui, c’est essentiellement pour rester attaché à sa monumentale Historia Universitatis Parisiensis (Histoire de l’université de Paris, publiée entre 1665 et 1673).

Quelques extraits

Fête des boucliers sacrés :  Cefte commençoit dès les Calendes de Mars & duroit 3 jours. Elle s’appelloit diversement Saliorum feftum, Saliares ludi ou Martiales anciliorum festum, Mamuralia. J’ay parlé au livre précédent au chapitre des Saliens de son inftitution, qui fut du temps de Numa afin de faire cesser la peste, qui avoit déjà moissonné une grande partie de la ville, & en mémoire du bouclier sacré qui tomba du ciel comme ils crurent, pour estre le gage certain de la durée de l’estat romain pendant qu’il seroit conservé sûrement […] Or, pendant les trois jours de cefte feste l’on ne pouvoit espoufer, & jusques à ce que les boucliers fussent referrez ; de peur d’un mauvais présage aux nouveaux mariez, s’ils espousoient au temps que les armes de discorde se portoient par la ville. Et non seulement il n’estoit pas permis de se marier pendant ces jours-là, mais aussi faisoit-on scrupule de commencer aucune chose de conséquence ; C’est pourquoy l’Empereur Othon eut mauvaise issue du voyage qu’il entreprit contre Vitellius parce que, nonobftant les remonstrances qu’on luy fit, il partit de Rome lors qu’on portoit encore les boucliers sacrez par la ville.

– La fête des bornes : Les uns mettent cefte feste au 21, d’autres au 22, & d’autres encore au 23 de février, appellée Terminalia en l’honneur du Dieu Terminus, en la protection & sauvegarde duquel estoient les confins & bornes de la campagne, de telle façon que Numa, qui en insitua la feste, ordonna aussi que celuy qui, en labourant, passeroit au-delà des bornes, fust facrifié luy & fes bœufs à ce dieu, & permit de tuer impunément celuy qui auroit esté si téméraire que d’aller contre son ordonnance. La cérémonie se faisoit à la campagne sur les pierres mesmes qui servoient de bornes, & qu’ils tenoient pour autant de dieux, n’ayans point d’autres simulacres de ce dieu, que de telles pierres, & là ils luy présentoient des gasteaux ou tourteaux de froment avec les prémices des fruits de campagne sans immoler aucun animal, parce qu’ils ne vouloient pas en ensanglanter les pierres à cause que les bornes devoient estre plantées par une mutuelle concorde & par la douceur, non pas à la force, & par l’effusion du sang.



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