Occitan (langue), Poésie

Ramelet moundi (Le)

o las Gentilessos de tres boutados del Sr Goudelin. Et le tout se courouno d'un noubel dictiounari per intelligenço des mouts plus escartats de la lengo francezo

Auteur(s) : GOUDELIN Pierre (GODOLIN Peire)

 à Toulouso, de l'Imprimario de Ian BOUDO, imprimur ordinari del rey, à l'ensegno de S. Ian, prép del coulétge de Fouis
 nouvelle édition (la première date de 1617)
  1638
 1 vol (242 p.)
 In-octavo
 demi-basane beige, plats en carton, dos à conq nerfs ornés de fleurs dorées
 bandeaux, lettrines


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Ses études de droit à peine achevées, le toulousain Pierre GOUDELIN (Peire GODOLIN en occitan) se consacre à la poésie. Concourant aux jeux floraux et aux concours poétiques, il est rapidement remarqué par le milieu littéraire et intellectuel de Toulouse. Mais du fait de son indépendance d’esprit, de sa verve épicurienne et de son style original, associant le français et l’occitan, il n’obtient pas d’emblée la reconnaissance de ses pairs.

Aux environs de 1615, il acquiert le soutien et la protection de hauts personnages de la région qui se posent en protecteurs des arts et des lettres, en particulier de MONLUC-MONTESQUIOU et du très influent gouverneur du Languedoc, le duc de MONTMORENCY. Grâce à ses appuis, GOUDELIN est alors chargé d’organiser des spectacles poétiques, en particulier lors du carnaval de Toulouse, et il peut se consacrer à plein temps à son projet d’un recueil poétique en occitan. Cette langue connaît alors un renouveau littéraire grâce aux œuvres de LARADE, auteur de la Margalida Gascoa, et d’ADER, à qui l’on doit Lou gentilome gascoun.

GOUDELIN baptise son livre Le ramelet moundi, c’est-à-dire Le bouquet toulousain. Moundi, parfois orthographié mondi, est un néologisme de l’auteur. Ce mot est créé à partir de ramondin, ce qui veut dire toulousain en occitan, la ville de Toulouse étant désigné au Moyen Âge comme la ville des comtes RAYMOND. L’auteur entend ainsi rendre hommage à la grande époque des troubadours de langue d’oc. Publié pour la première fois en 1617, l’ouvrage connaît un grand succès local puis régional et se voit réédité dès 1621. En 1637 paraît une nouvelle version augmentée et contestée par GOUDELIN en conflit avec son ancien éditeur. Cette édition est suivie de peu l’année suivante par une nouvelle mouture publiée chez BOUDE, enrichie de pièces supplémentaires, remaniée et structurée très différemment ; il s’agit de l’édition ici présentée.

La langue occitane se divise en plusieurs groupes et sous-groupes selon les aires géographiques, mais l’auteur utilise essentiellement le parler toulousain, n’hésitant pas à recourir aux expressions populaires et argotiques. Conforme à son titre, c’est-à-dire composé de “fleurs” variées, Le ramelet moundi adopte ainsi un répertoire assez divers, qui comprend aussi bien des odes, des quatrains, des épigrammes, des sonnets que des chansons à boire, des hymnes de Noël ou des compositions en vers carnavalesques. Pour le style, parfois qualifié de burlesque et de pittoresque, GOUDELIN, à l’instar de VIAU, est rattaché, dans l’histoire littéraire, à l’esthétique baroque.

Si cet ouvrage de poésies figure dans la collection présentée sur ce site, c’est en raison de la présence, parmi les ajouts apportés à l’édition de 1638, du Dictionnaire de la langue toulousaine ou Dicciounari moundi de Jean DOUJAT (cet ouvrage fait l’objet d’une notice spécifique sur Dicopathe). Par la suite, toutes les rééditions postérieures du Ramelet moundi comprendront cette annexe. Le nom de son auteur n’y figure pas, mais ce dictionnaire est désormais devenu indissociable du livre. Ce lexique français-occitan de soixante-dix pages est destiné à faciliter une large diffusion de l’ouvrage.

Le livre s’ouvre par une dédicace à Adrien de MONLUC-MONTESQUIOU, un des principaux bienfaiteurs de l’auteur. Le recueil lui-même est divisé en trois flouretos, que l’on peut traduire par “recueil de fleurs”, et débute par les « Stances sur la mort d’HENRI IV », le premier succès critique de l’auteur en 1610. Ses protecteurs disparus ou disgraciés, et le classicisme étant devenu l’esthétique officielle, Goudelin sera vite oublié, et il faudra attendre le mouvement du Félibrige au XIXe siècle pour le voir remis à l’honneur.



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