Armée, Art militaire, Organisation militaire de la France, intendance et stratégie militaire

Nouveau dictionnaire militaire

A l'usage de toutes les armes qui composent les armées de terre , le plus historique et le plus complet qui ait paru, en ce genre, jusqu'à nos jours

Auteur(s) : GAIGNE Alexis-Toussaint de

 à Paris, chez METIER, libraire, rue du pont-de-Lodi près le quai des Augustins, n°3 ; LVACHEZ, libraire, rue du Hurepoix, n°12, près le pont Saint-Michel
 édition originale
  1801
 1 vol (XII-642 p.)
 In-octavo
 veau, dos lisse avec caissons ornés de motifs floraux dorés


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Selon ses propres dires, Alexis-Toussaint de GAIGNE est un ancien officier du génie, dans sa jeunesse aide de camp attaché au quartier général du comte de DAUN, généralissime des armées autrichiennes avant d’occuper une fonction de censeur royal. Par la suite qualifié de “littérateur”, il sera l’auteur de Manuel ou Journée militaire, publié pour la première fois en 1776. Il signera également des ouvrages très divers, parmi lesquels une comédie, une conséquente Encyclopédie poétique et un essai sur un projet de création d’une loterie. Après la mise en veilleuse de sa carrière littéraire sous la Révolution, il recommencera sous le Consulat à publier divers ouvrages, dont ce Nouveau Dictionnaire militaire, édité à Paris en 1801.

Dans son introduction, GAIGNE affiche une ambition somme toute assez modeste. À l’en croire, il ne propose “ni une encyclopédie de toutes les sciences, ni un dictionnaire raisonné des sciences”, mais plutôt un outil pratique destiné à “l’instruction des jeunes militaires”. Sans rechercher l’exhaustivité, il entend se limiter au vocabulaire qu’il juge indispensable aux différentes composantes de l’armée. Ne voulant pas décontenancer le lecteur par l’usage de termes qui relèveraient de formations spécialisées, en particulier quand il s’agit de la marine ou du génie, et sans entrer outre mesure dans les détails, il adopte le parti de limiter son propos à ce “qu’un officier, n’importe à quelle arme il soit attaché, ne doit point ignorer“, et qui est censé être “indispensable pour toutes les armes”.

Les 5 000 articles de l’ouvrage, souvent assez brefs, proposent “la définition exacte de tous les termes techniques, anciens et modernes, de l’art militaire dans toutes ses branches défensives et offensives, et quelquefois administrativesʺ. Il s’intéresse également à “ce qui fait partie de leurs devoirs et de leurs fonctions dans toutes les circonstances du service militaire”, agrémentant au besoin les sujets traités de “quelques maximes placées à propos pour la conduite morale dans le service”. Mais, malgré la bonne volonté pédagogique de l’auteur, l’ensemble se révèle au final assez hétéroclite, s’apparentant plutôt à un recueil de notes de lecture qu’à un dictionnaire. Les chapitres sont très inégaux en taille et en contenu, certains sujets étant “expédiés” tandis que d’autres sont longuement développés. Pétri de culture classique, GAIGNE s’appesantit sur le vocabulaire militaire de l’Antiquité gréco-romaine, mais aussi sur les décorations et les ornements d’uniformes qui semblent beaucoup l’intéresser. Les termes de mathématiques et de géographie, jugés indispensables dans l’art militaire, sont bien détaillés, tandis que, paradoxalement, il ne s’attarde guère sur les questions de stratégie et de combat. Alors même que l’Europe entière est en guerre permanente depuis plus d’une décennie et que la science militaire a beaucoup évolué, notre auteur demeure conventionnel dans ses conceptions. Très livresque, GAIGNE, visiblement ancré dans le passé, est manifestement resté à l’écart de beaucoup d’évolutions récentes.

Plus qu’un dictionnaire de synthèse, cet ouvrage ressemble à un vadémécum de poche fait pour servir de lexique de culture générale aux candidats officiers. GAIGNE déclare sans ambages que, “si ce dictionnaire a l’avantage d’être accueilli des militaires, l’auteur a des matériaux tout prêts à leur offrir pour quatre volumes in-8., qui sont le fruit de ses lectures depuis trente-trois ans”. Sa généreuse proposition restera lettre morte mais GAIGNE mettra quand même à profit sa documentation pour publier, en 1812, un Guide militaire. Il décèdera à Paris en mars 1817.

Quelques extraits

*ADOPTION (par les armes). Se disoit anciennement d’un jeune homme arrivé à l’âge de puberté, qui étoit armé pour la première fois, dans une assemblée publique, par un chef de la nation, par son père ou par un parent.

*HÉRISSON. Longue et grosse poutre armée de tous côtés de fortes pointes de fer, maintenues par de fortes chaînes assujetties sur le haut d’une brèche, avec laquelle on barre le passage à l’ennemi lorsqu’il donne l’assaut à une place.

*OUTRE en OUTRE (d’). On dit passer une épée, une lance d’outre en outre, c’est-à-dire que l’épée, la lance a percé les deux extrémités de la partie qu’elle a atteinte.

*TINTINNABULUM. C’étoit une clochette que ceux qui faisoient la ronde à l’armée (du temps des Romains) étoient obligés de faire entendre de temps en temps, tandis que les sentinelles, de leur côté, étoient également
obligées d’en faire de même, pour faire connoître qu’elles n’étoient point endormies.

*PICORÉE. Espèce de petite guerre que fait le soldat lorsqu’il sort du camp pour piller et marauder. Un général, qui sait bien faire maintenir l’ordre et la discipline dans son armée, ne souffre pas ce brigandage. Les soldats portés à la maraude sont de très mauvais soldats, et déshonorent le corps auquel ils appartiennent si on ne les punit pas sévèrement, et si on ne restitue pas ce qu’ils ont volé.



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