Français (langue), Lexicographie

Dictionnaire de l’Académie françoise 1718 (2ème édition)

Dédié au Roi

Auteur(s) : Académie française

 à Paris, chez Jean-Baptiste COIGNARD, imprimeur & libraire ordinaire du Roy & de l'Académie françoise, rue saint Jacques, à la bible d'or
 deuxième édition (la première édition date de 1694)
  1718
 2 vol : tome 1. A-L (922 p.), tome 2. M-Z (820 p.)
 In-folio
 veau brun, dos à six nerfs orné de dorures, pièces de titre et de tomaison de maroquin grenat
 gravures en taille-douce : frontispice allégorique à la gloire de Louis XIV gravé par MARIETTE et EDELINCK d'après Jean-Baptiste CORNEILLE, vignette allégorique non signée sur les pages de titres, bandeau gravé par AUDRAN d'après COYPEL en tête de la dédicace, vignette allégorique gravée d'après Jean-Baptiste CORNEILLE par MARIETTE et EDELINCK en page 1 de chaque volume


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Au lendemain de la sortie de la première édition du Dictionnaire de l’Académie française, publication un peu hâtée par les événements, et en particulier par la sortie de titres “concurrents”, une nouvelle édition est immédiatement mise en chantier. Le projet progresse lentement mais sûrement, porté par la personnalité de l’abbé REIGNIER DESMARAIS, qui décède en 1713, avant que l’entreprise n’arrive à son terme. Après plus d’une vingtaine d’année de gestation, la deuxième édition du Dictionnaire de l’Académie françoise est enfin publiée en 1718. Elle débute par une “épistre”, attribuée à l’abbé MASSIEU,  constituant un hommage très appuyé au souverain, protecteur de l’Académie française. Il s’agit surtout de rattacher le jeune LOUIS XV, alors mineur, à l’héritage de son arrière-grand-père, Louis XIV, qui « par son exemple… engage les rois ses successeurs à faire le mesme bonheur à nostre compagnie, il a éternisé notre gloire. Vous avez hérité, sire, de sa couronne, et ce qui est encore plus, de ses qualitez royales, qui à travers les nuages de la première jeunesse, se développent tous les jours en vous. »

Comparant cet ouvrage à la première édition de 1694, la préface précise : « On a changé toute la forme, on y a ajousté beaucoup de mots, on a retouché & esclairci presque toutes les définitions & l’on peut dire que ce que l’on donne aujourd’hui au public est plustost un nouveau dictionnaire qu’une nouvelle édition de l’ancien. »  Il apparaît effectivement que cette édition est tellement différente dans sa forme et son organisation, que l’on a pu alors songer à dictionnaire plutôt qu’à une nouvelle édition. Le contenu de ce livre est réputé être assez classique et austère, mais il faut garder en mémoire qu’il est issu d’un patronage étatique et d’une mission officielle normative, ce qui n’incite guère à la fantaisie, et qu’il est le produit d’un patient compromis entre des Académiciens qui ne partagent pas forcément la même conception d’un dictionnaire.

Afin de ne pas créer de controverses ou prêter le flanc aux jalousies et aux railleries des nombreux détracteurs de l’Académie, les citations sont réduites au strict minimum et n’émanent pas d’écrivains anciens ou modernes, exception faite des articles touchant à la Bible.Les articles se réfèrent plutôt à des expressions de la vie courante, à des usages fréquents voire à des proverbes. Autre caractéristique : toute indication étymologique y est absente. Ce côté très formel explique que les concurrents directs de l’Académie, tels FURETIÈRE et RICHELET, ont recueilli plus de succès avec leurs propres dictionnaires rédigés, il faut le souligner, beaucoup plus rapidement que celui des académiciens. Près de quarante années, émaillées de nombreuses querelles et controverses (notamment celle concernant l’exclusion de FURETIÈRE) auront été nécessaires pour élaborer la première édition du Dictionnaire de l’Académie française.

Dans cette seconde édition, les Académiciens , s’ils ne s’attardent pas sur l’étymologie et la prononciation, entendent être rigoureux sur la sémantique, cœur du dictionnaire : “Il ne suffit donc pas qu’un Dictionnaire contienne tous les mots d’une Langue & leur explication: il doit encore sur chaque mot en particulier en faire sentir tous les divers usages, déterminer s’il est du stile soustenu, ou du stile familier; si on l’employe en escrivant, ou s’il n’est que de la conversation; si les gens polis s’en servent, ou s’il n’est que dans la bouche du Peuple”. 

Pour l’orthographe,  l’Académie “a suivi en beaucoup de mots l’ancienne manière d’escrire” , refusant encore de trancher catégoriquement la manière d’écrire. Prudemment, les lexicographes optent pour une certaine souplesse en invoquant l’usage : “Le plus seur est de s’en rapporter à l’usage, qui, à la vérité, ne connoist pas tousjours les méthodes ni les règles; mais qui n’est pas aussi tousjours si déraisonnable qu’on se l’imagine. Souvent l’ignorance & la corruption introduisent des manières d’escrire; mais souvent c’est la commodité qui les establit. L’usage n’est autre chose que le consentement tacite des hommes qui se trouvent déterminez à une chose plustost qu’à une autre, par des causes souvent inconnuës, mais, qui n’en sont pas moins réelles”.

Le premier tome s’ouvre sur une belle gravure en frontispice, gravée par Jean MARIETTE et Gérard EDERLINCK, d’après un dessin de Jean-Baptiste CORNEILLE, représentant une allégorie à la gloire de LOUIS XIV célébré et couronné de lauriers par les arts, les sciences et les lettres.

Le Dictionnaire de l’Académie poursuit ensuite son aventure, reflétant les évolutions et parfois même les tensions politiques de son temps, comme en témoigne la cinquième édition de 1798. Dicopathe héberge pour sa part cinq éditions de ce dictionnaire, souvent critiqué mais essentiel pour la langue française.



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