Français (langue), Allemand (langue), Latin (langue)

Grand dictionnaire royal en trois langues (Le)

Savoir la françoise, la latine et l'allemande, chacune expliquée par les deux autres

Auteur(s) : POMEY François-Antoine

 à Leipsig [Leipzig], pas d'adresse et de nom d'éditeur
 nouvelle édition revuë & purgée d'une infinité de fautes qui s'étoient glissées dans les éditions précédentes, augmentée en plusieurs endroits & exactement corrigées (l'édition originale date de 1671)
  1743
 1 vol. (984-702-64 p.)
 In-quarto
 veau brun, dos à cinq nerfs, pièce de titre imprimée à froid
 frontispice allégorique à la gloire d'AUGUSTE III, roi de Pologne et électeur de Saxe, bandeaux décoratifs, culs-de-lampe


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Entré dès ses seize ans chez les Jésuites, François-Antoine POMEY devient rapidement un grammairien accompli enseignant les humanités et la rhétorique dans différents collèges. Il occupe ensuite la position de préfet des classes au collège de la Trinité à Lyon, poste qu’il occupera jusqu’à sa mort, en 1673.

Déjà auteur d‘ouvrages en latin traitant de grammaire et de mythologie, il se lance dans la lexicographie en rédigeant un abrégé du dictionnaire de Robert ESTIENNE. Quelques années plus tard, soit en 1664, il publie un Dictionnaire royal des langues françaises et latines, enrichies des termes des arts de l’une et de l’autre langue. Ce qualificatif de “royal” se justifie par le fait que l’auteur a fort opportunément dédié son livre au Dauphin. Cet ouvrage, utilisé dans de nombreuses classes, rencontre un certain succès. En 1672, une seconde édition remaniée, et surtout fortement augmentée – qui comprend au final pas moins de 25 000 mots -, voit le jour. POMEY y a ajouté “un grand nombre d’expressions élégantes” ainsi qu’une “quantité de mots françois nouvellement introduits, une cinquantaine de descriptions”, mais également “un petit traité de la vénerie et de la fauconnerie”. Cette nouvelle édition est constamment rééditée en France pendant plusieurs décennies et sera toujours imprimée à Lyon en 1716.

Le livre connaît une nouvelle carrière outre-Rhin, où il s’enrichit d’une troisième langue. Dès 1681, un libraire de Francfort publie, en trois tomes, un Dictionarium Regium. En 1690, dans la même ville, Johann BECARD publie Das Grosse Königliche Wörter-Buch, qui est réédité en 1700 sous le titre français de Grand Dictionnaire royal. Celui-ci est désormais divisé en trois parties : français-latin-allemand, latin-allemand-français et allemand-français-latin. Il semble que cette nouvelle version “germanique” ait été construite en partant du Dictionnaire royal mais aussi d’éléments tirés des dictionnaires de l’Académie, de DANET et de JOUBERT. Dans le préambule, on peut lire cette phrase qui explique le succès du livre de POMEY : “Comme par une fatalité surprenante, la connoissance de la langue françoise est devenue à l’Europe aussi commune & aussi nécessaire que fut autrefois la latine.” À l’époque, le français s’impose en effet de plus en plus comme la langue littéraire et diplomatique de référence en Europe ; le latin conservant encore pour un temps une certaine prééminence en matière scientifique, tout en étant en très net recul par rapport aux langues “nationales”. Pomey fait également allusion au fait que, depuis peu, les États allemands comptent un grand nombre de maîtres et d’enseignants français du fait de l’arrivée massive de réfugiés huguenots, suite aux persécutions contre les protestants.

Devenue indépendante de l’édition française, cette édition allemande connaît plusieurs réimpressions, en 1709, 1715, 1730, 1733 et 1740, qui, selon les cas, sont publiées à Cologne et à Francfort. En 1743, une nouvelle édition, dédiée comme il se doit à AUGUSTE III, souverain de Saxe et roi de Pologne, est publiée à Leipzig. Il s’agit de l’ouvrage présenté ici. Cette version, augmentée de 1600 articles, entend corriger les erreurs et les “coquilles” qui “y sont restées constamment & ont été copiées successivement”, ce qui doit rendre “cette édition préférable aux autres”.

Dans son dictionnaire, qui constitue avant tout un lexique et ne propose donc pas de définitions élaborées, POMEY et ses continuateurs ont fait preuve d’un soin quasi maniaque pour n’oublier aucun sens, aucune utilisation possible d’un même mot. Par exemple, après le terme générique Haut (en latin Altus et en allemand Hoch), on trouve plusieurs dizaines d’expressions et de sens dérivés, comme : Se déclarer hautement pour quelqu’un, Habiter le haut du logis, Haut la main, Il ne lui a pas dit une parole plus haute que l’autre, Humeur hautaine, Haut & puissant seigneur, Naviguer en haute mer, etc. Les phrases, forgées pour l’occasion, sont parfois un peu curieuses et ne semblent pas destinées à être utilisées à bon escient sans une très bonne maîtrise de la langue. C’est ainsi que pour le terme Raison, on lit une succession assez éclectique de termes et de phrases, comme : Prendre la raison comme règle de vie, J’ai la raison de mon côté, Tu me feras raison des injures que tu m’as dites, J’ai toujours eu de l’aversion pour ces noces & non sans raison ; ou encore cette tirade moralisatrice : Il ne faut pas pourvoir seulement aux nécessitez du corps, mais encore à plus forte raison à celles de l’esprit et de l’âme.

L’appendice a été maintenu dans cette édition. On y découvre un ensemble assez disparate de petites descriptions dans les trois langues, traitant d’une trentaine de fleurs différentes, de vénerie, du duel, de l’art des feux d’artifice, de la sarabande, du combat, ou encore du spectacle offert par un incendie ou par l’aurore.

Le dictionnaire de POMEY restera longtemps un classique en Allemagne et sera encore imprimé en Saxe en 1767.



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