Latin (langue), Histoire du moyen-âge

Glossarium ad scriptores mediae et infimae latinitatis-1678

in quo Latina vocabula novatae significationis, aut usus rarioris, barbara et exotica explicantur, eorum notiones et originationes reteguntur. Complures aevi medii ritus et mores, legum, consuetudinum municipalium, et iurisprudentiae recentioris formulae, et obsoletae voces. Utriusque ordinis, ecclesiastici et laici, dignitates et officia, et quam plurima alia observatione digna recencentur, enucleantur, illustrantur. E libris editis, ineditis, aliisque monumentis cum publicis, tum privatis.

Auteur(s) : DU CANGE Charles du FRESNE

 à Paris, imprimé par Gabriel MARTIN, mis en vente chez Louis BILLAINE, libraire parisien (Lutetiae parisiorum, typis Gabrielis MARTINI, prostat apud Ludovicum BILLAINE, bibliopolam parisiensem)
 édition originale
  1678
 3 vol : tome1. A-C (823 p.), tome 2. D-N (807 p.), tome 3. O-Z (1551 p.)
 In-folio
 cuir fauve moucheté, dos à six nerfs, caissons ornés de dorures
 frontispice par NOLIN et LE CLERC, 12 planches gravées


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Charles du FRESNE, sieur du CANGE, homme de loi, notaire, puis trésorier de France à partir de 1645, consacre son temps libre à ses passions : l’histoire, la linguistique et la philologie. Selon les sources, son nom est orthographié DU CANGE, et c’est sous cette appellation qu’il est connu de nos jours. Installé à Paris à partir de 1669, il a tout loisir de consulter les innombrables manuscrits, archives et diplômes conservés dans la capitale.

Il se fait connaître dès 1657 par une Histoire de l’empire de Constantinople. Reconnue par ses pairs, son érudition lui vaut bientôt le surnom de “VARRON français”. L’histoire de l’Empire byzantin est l’un de ses domaines de prédilection, mais ce sont ses études sur la langue latine qui lui assureront une postérité durable. COLBERT forme même le projet de lui confier la direction d’une collection sur les historiens et chroniqueurs de la France, idée qui ne sera pas suivie d’effet.

Le latin constitue la langue liturgique et savante dans la France du XVIIIe siècle, mais aussi un véritable langage international. Cette langue a beaucoup évolué depuis l’Antiquité, de sorte qu’un latin “moderne”, appelé “néo-latin” par les spécialistes, s’est peu à peu forgé au cours des siècles. D’un côté le vocabulaire “classique” s’est appauvri, beaucoup de mots n’étant plus usités ou ayant été remplacés, mais la langue a simultanément accumulé au fil du temps nombre de déformations et de néologismes. Depuis la Renaissance, de nombreux auteurs, tels VOSSIUS, SPELMAN et DUGDALE s’efforcent de s’adapter à cette évolution en établissant des lexiques “actualisés” et adaptés à l’époque.

L’attention de DU CANGE se porte essentiellement sur la mutation du latin entre le Bas-Empire et la fin du Moyen Âge, soit sur une période de près d’un millénaire pendant laquelle la langue s’est transformée en bas latin puis en latin médiéval. La longue introduction de l’ouvrage donne une idée de l’étendue de l’érudition et du travail de recherches et d’études effectués par DU CANGE. Pour mener l’œuvre à son terme, il dit avoir consulté plusieurs milliers d’auteurs anciens, de cartulaires, de manuscrits, de registres et autres documents le plus souvent inédits.

Publié en 1678, le Glossarium ad scriptores mediæ et inifinimæ latinitatis contient près de 140 000 mots expliqués en latin “moderne”. DU CANGE ne s’attarde pas sur les questions grammaticales, mais s’attache plutôt à retracer la signification historique des termes à travers de véritables brèves dissertations émaillées de très nombreuses citations et de références bibliographiques. Plus qu’un dictionnaire, le Glossarium permet de faire revivre la société médiévale à travers l’étude de sa langue savante. Sa publication constitue une étape importante dans la réhabilitation d’une époque dénigrée par l’humanisme qui la considérait comme une simple parenthèse entre l’Antiquité et la Renaissance.

La diplomatique, science tournée vers l’étude critique des documents anciens dans le but d’en déterminer l’authenticité, est alors en plein essor. Cette vogue nouvelle explique le succès rencontré par la sortie de notre ouvrage qui demeure toujours une référence pour les paléographes. Son intérêt premier ne porte pas sur l’étymologie mais plutôt sur la compréhension de l’évolution du latin au français. Par exemple, cheval qui se disait equus en latin classique, devient caballus en bas-latin, donnant par la suite cheval et cavalier en français.

L’année de sa mort en 1688, DU CANGE achève son œuvre par le Glossarium mediæ et infimæ graecitatis. Ce dictionnaire commente en latin le vocabulaire byzantin et grec tardif, assorti de nombreuses citations. En dépit de quelques critiques ponctuelles, la valeur de son travail est encore reconnue de nos jours par les médiévistes, les paléographes et les linguistes, ses œuvres continuant à servir de références au monde universitaire.

DU CANGE disparu, son œuvre sera reprise par plusieurs religieux qui réaliseront une version augmentée du Glossarium en 6 volumes, dont la publication s’échelonnera entre 1733 et 1736 : cette version est également présentée sur Dicopathe.

À la fin du tome 3, DU CANGE a curieusement placé une étude sur la numismatique byzantine, accompagnée de gravures : Dissertatio de imperatorum Constantinopolitanorum seu de inferioris aevi vel imperii, uti vocant, numismatibus.

Le contre-plat du premier volume porte un ex-libris de la famille des MARAIS.



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