culture générale, Symboles

Essay d’un dictionnaire contenant la connoissance du monde

des sciences universelles, et particulièrement celle des médailles, des passions, des moeurs, des vertus et des vices, &c. : représenté par des figures hyérogliphiques, expliquées en prose & en vers

Auteur(s) : LA FEUILLE Daniel de

 à Wesel, chez Jacobus VAN WESEL, marchand libraire
 édition originale
  1700
 1 vol.
 In-octavo
 basane rouge, dos à six nerfs
 gravure allégorique en frontispice réalisée par Daniel de LA FEUILLE, planches hors-texte représentant des vignettes allégoriques, bandeau orné des armoiries du comte Palatin, lettrines ornées, bandeaux décoratifs, culs-de-lampe


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Huguenot originaire de Sedan, Daniel de LA FEUILLE commence par apprendre l’horlogerie. Puis il s’installe avec sa famille en 1683 à Amsterdam afin d’échapper aux persécutions religieuses et devient graveur d’estampes. En 1691, il est admis dans la corporation des libraires et publie cette même année le livre qui sera considéré comme son chef-d’œuvre : Devises et emblèmes anciennes et modernes. Il s’agit d’une collection de devises “tirées des plus célèbres auteurs”, mises en images sous forme de blasons et de médaillons. Par exemple, la devise “Bonne pour la guerre & pour la paix” est illustrée dans ce livre par une épée entourée d’une branche d’olivier. Très prisé des artisans, des horlogers et des graveurs, souvent à la recherche de figures allégoriques, cet ouvrage connaîtra plusieurs rééditions dont une édition allemande dotée d’une meilleure iconographie que l’édition originale.

C’est ce même goût pour les symboles et les allégories qui guide la rédaction d’un nouvel ouvrage publié neuf ans plus tard : Essay d’un dictionnaire contenant la connoissance du monde. Il s’agit de l’ouvrage ici présenté. Son titre pourrait laisser penser qu’il s’agit d’un dictionnaire classique, mais en réalité il est constitué d’une collection de vignettes représentant des mots, des concepts, des valeurs morales, des sentiments, des muses des arts et des sciences. C’est ainsi que se côtoient : l’Astrologie, la Vérité, la Sottise, l’Amour pour la patrie, la Médecine, le Tourment d’amour, Force de courage, le Printemps ou encore la Musique, Point de crime sans châtiment et le Pardon. L’éloge des vertus et la dénonciation des vices sont au cœur des préoccupations d’un auteur à l’évidence très moraliste.

De LA FEUILLE résume ainsi le sens de ce qu’il appelle “la science hiéroglyphique” : « C’est par cet innocent & ingénieux artifice qu’on étale agréablement & qu’on rend sensible des vérités dont bien souvent on ne voudroit pas se donner la peine de s’instruire par d’autres voyes que par celle-là. Il est certain d’ailleurs que les emblèmes, après avoir éclairé l’esprit, remuent les passions, & qu’on aime toujours ce qui est agréable & utile à la fois. »

Chaque chapitre débute par une planche réunissant une quinzaine de médaillons allégoriques numérotés. Un court texte, débutant par quelques vers, explicite le sens du dessin faisant office de définition. Il semble bien difficile de déceler une logique dans le classement des entrées de ce dictionnaire qui n’obéit à aucun ordre alphabétique ni même à aucune thématique, de sorte que la table des matières est indispensable pour son utilisation. Par exemple, l’article Patience des marys voisine avec Excès de la bouche et Conscience invincible. Certains articles ne sont d’ailleurs composés que d’un court poème. Ainsi Vraye amitié a pour seule définition les vers suivants : « Le profit est l’objet de l’amitié vulgaire / Mais un cœur grand & noble aime sans intérêt / Et je crois que l’amour étant Dieu comme il est / N’est usurier ni mercenaire. »

Composé de 116 pages, le dictionnaire proprement dit est suivi d’un abrégé historique de la vie de MARIE II d’Angleterre. L’existence de cette reine est retracée par des devises latines mises en vers, censées illustrer des épisodes de sa vie et certains traits de son caractère. Fidèle à son procédé, de LA FEUILLE agrémente son texte de vignettes allégoriques en rapport avec le propos. L’Abrégé de l’histoire de France, placé à la suite, suit la même méthode. Ce résumé, qui parcourt chronologiquement les dynasties royales depuis les Mérovingiens jusqu’à LOUIS XIII, est plus sobrement illustré par gravures faites de portraits classiques.

À la fois dictionnaire, livre de poésie, ouvrage de moralité, essai sur la symbolique artistique et collection de gravures, cet Essay d’un dictionnaire contenant la connoissance du monde est une œuvre hybride et originale, impossible à classer sous une seule thématique.

L’ouvrage débute par une dédicace au comte Palatin.

Exemples :

*Mort : Comme on y arrive par divers moyens, aussi la dépeint-on de diverses manières. Celle-cy est représentée par un squelette, couvert d’un riche manteau de brocard ; d’autant qu’avec la même main dont elle dépouille les grands de leurs biens, elle guérit les pauvres de leurs soucis. Elle est déguisée d’un beau masque, parce qu’elle ne se montre pas à tous avec un même visage.

*Fécondité : Elle est représentée sous la figure d’une jeune femme couronnée de feuilles de chenevier, plante qui multiplie beaucoup ; elle tient un nid de chardonnerets sur son sein, oiseau qui multiplie beaucoup, & encore plus les poulets & les lapins, qui sont représentés à ses pieds.



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