Géographie de la France

Dictionnaire universel de la France

Contenant la description géographique & historique des provinces, villes, bourgs & lieux remarquables du royaume, l'état de sa population actuelle, de son clergé, de ses troupes, de sa marine, de ses finances, de ses tribunaux, & des autres parties du gouvernement. Ensemble l'abrégé de l'histoire de France, divisée sous les trois races de nos rois; des détails circonstanciés sur les productions du sol, l'industrie & le commerce des habitans; sur les dignités & les grandes charges de l'état; sur les offices de judicature & emplois militaires; ainsi que sur ceux de toutes les autres branches de l'administration. Avec un grand nombre de tables qui rassemblent, sous un même coup, d'oeil, les divers districts ou arrondissements du gouvernment ecclésiastique, civil & militaire

Auteur(s) : HESSELN Mathias Robert de

 à Paris, chez DESAINT, libraire, rue du Foin-Saint-Jacques
 édition originale
  1771
 6 vol.
 In-douze
 cuir, dos à cinq nerfs, caissons ornés de motifs floraux dorés
 bandeaux décoratifs, lettrines, culs-de-lampe


Plus d'informations sur cet ouvrage :

A l’instar des autres domaines scientifiques, la géographie connaît un grand renouvellement depuis  le XVIIe siècle, qui la voit s’ériger en une science dotée d’outils performants et d’une méthodologie véritablement scientifique. Cet élan est également amplifié par l’exploration du monde et de nouveaux outils d’observation et de mesure. Branche “reine” de la géographie, la topographie est l’objet de toutes les attentions de la part du pouvoir royal. La mesure, le recensement et la représentation figurée du monde et des pays étant un aspect essentiel de l’action publique et de a maîtrise du territoire.

Dès le règne d’Henri IV, une charge de topographe royal a été mise en place. Sous le règne de LOUIS XIV, COLBERT donne comme instruction à l’Académie des sciences que le souverain “désirait que l’on travaillât à faire des Cartes géographiquement de la France plus exactes que celles qui y ont été faites”. Quelques année plus tard, le roi en personne ordonne de “dresser une carte de toute la France avec la plus grande exactitude possible”. La cartographie du royaume connaît un essor inédit, dans lequel va s’illustrer la famille CASSINI. Un châssis géodésique, schématisé sous forme de lignes va permettre d’opérer par triangulation, et de mette en place un travail systématique de cartographie précise et détaillée à grande échelle.

Parmi les pionniers de la cartographie française, un autre personnage est souvent oublié, Mathias Robert de HESSELN. Malgré le prestige des fonctions qu’il a occupées, telles qu’inspecteur des élèves de l’école militaire, de censeur royal, de topographe du Roi, et de géographe de la ville de Paris, on ne connaît guère les détails de sa vie personnelle, si ce n’est sa naissance en Lorraine et son décès vers 1789. Sa première œuvre majeure est ce Dictionnaire universel de la France, publié en 1771.

L’auteur est ici guidé par une véritable vocation d’ordre encyclopédique. C’est d’ailleurs dans ce sens qu’il faut ici entendre le terme “universel” utilisé pour le titre, puisque l’“on y fait entrer généralement tous les objets qui constituent l’état physique, moral, civil et politique du royaume”. On a donc affaire un véritable “état des lieux” du royaume à la fin du règne du LOUIS XV. Dans sa description il prend aussi bien en compte l’organisation administrative, les classes sociales, le “gouvernement spirituel & temporel du clergé, les libertés de l’église gallicane”, aussi bien  la variété des climats et des sols, la pêche, les monuments remarquables, les marais salants, les carrières, et les mines, que “tous les comestibles en usage dans le royaume”, les marchandises, le commerce avec les colonies, les poids et mesures, ou encore les cultures, la vigne et les forêts. L’organisation militaire n’est pas non plus négligée, des ministères au régiments, de même que la justice et les finances.

Ces éléments sont traités au niveau topographique et administratif ; provinces, villes, bourgs, lieux-dits, monastères, etc. ; ou selon  l’organisation sociale politique et économique ; clergé, corps militaire, cour, impôts, etc. : et la fonction ; officiers publics, . HESSELN retrace également quand il le juge nécessaire les grands faits historiques ou le rôle des personnages historiques, en particulier les souverains depuis les Mérovingiens.

On présume que l’auteur s’est en partie basé sur la Topographia Galliae , vaste topographique de la France commenté par le géographe et théologien Martin ZEILLER, publié par l’allemand Kaspar MERIAN entre 1655 et 1661. Ce livre était encore très renommé pour ses plans et vues de villes, très détaillés.

Agent du pouvoir, HESSELN a pu bénéficier des rapports et des mémoires “composés par des hommes en place”. Il précise avec fierté qu’“il n’a rien mis dans son ouvrage qu’il n’ait vérifié par des éclaircissemens qu’on lui a donnés de vive voix ou par écrit . Par contre comme beaucoup de synthèses et de dictionnaires de géographie de son temps, l’ouvrage pâtit de l’absence de cartes, de projections et de schémas, défaut partiellement compensé par des tableaux et des listes. Ainsi à l’article chapitre de chanoines, comprend une énumération sur dix pages des églises collégiales du royaume de France.

Cet ouvrage, pour exhaustif qu’il soit, n’est pas particulièrement original aussi bien dans le fond que dans la forme, et ne révolutionne pas la géographie. Mais en 1780, dans sa Nouvelle topographie, HESSELN livre cette fois une approche originale, dans laquelle la carte , accompagnée de longues démonstrations, est passée au premier rang du discours topographique. L’auteur y découpe la France en carrés uniformes de dix grandeurs différentes, répartis à partir du méridien de Paris. Le pays est divisé en neuf régions principales, dont les noms très fonctionnels ne sont pas sans rappeler la dernière réforme : région du centre, région de l’ouest, etc. Chaque région est a son tour découpée en neuf contrées, de 18 lieues de côté, elle–même répartie en neufs districts, subdivisés en neuf territoires. suivent ensuite les échelons des bancs, des cantons, des ténements, carreaux, pièces et mesures.

La division géométrique du territoire proposée par HESSELN, bien que très décriée à sa publication sera reprise par la suite par les réformateurs de tous horizons. En 1788, CONDORCET propose à son tour un modèle dans son Essai sur la constitution et les fonctions des assemblées provinciales, moins mathématique car basé sur le principe que chaque résident doit être au pire à une journée de transport d’un chef-lieu. Le projet de HESSELN est présenté, par lui-même et son successeur L. HENNEQUIN, à l’assemblée constituante en septembre 1789, alors qu’elle travaille sur la réforme administrative et le redécoupage du territoire.

L’idée d’une division purement mathématique et géométrique du territoire est finalement abandonnée, mais on retrouve à la promulgation du décret en janvier 1790 presque le même nombre de circonscriptions,  83 départements au final contre les 81 contrées prévues par HESSELN. Même s’il n’a pas été retenu, le travail de ce dernier a fortement influencé les débats.



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