Français (langue)

Dictionnaire raisonné des difficultés grammaticales et littéraires de la langue française

ouvrage autorisé par le Conseil de l'instruction publique

Auteur(s) : LAVEAUX Jean-Charles (THIBAULT Jean-Charles ), MARTY-LAVEAUX Charles

 Paris, librairie de L. HACHETTE et Cie, rur Pierre Sarrazin, n°14 (près de l'Ecole de médecine)
 troisième édition, revue d'après le nouveau Dictionnaire de l'Académie et les travaux philologiques les plus récents (la première date de1818)
  1847
 1 vol (VI-731 p.)
 In-octavo
 chagrin noir, dos lisse, titre en lettres dorées


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Professeur de français en Allemagne, Jean-Charles THIBAUT, qui prend bientôt le nom de plume de Jean-Charles LAVEAUX, se fait remarquer par FRÉDÉRIC II de Prusse qui l’invite à enseigner à l’université de Berlin. Jouissant désormais d’une bonne situation, il se consacre à l’écriture sous la forme de traductions, de pamphlets et d’ouvrages historiques. Après un passage par Stuttgart, il regagne la France en 1791, décidé à participer à l’effervescence révolutionnaire. Il se rapproche des jacobins et devient un temps rédacteur en chef du Journal de la Montagne. Emprisonné après Thermidor, il échappe à la guillotine et renonce à toute activité politique pour ne se consacrer qu’à l’écriture.

Sollicité par les éditeurs MOUTARDIER et LECLERC, il remanie et amende près de 20 000 articles du Dictionnaire de l’Académie française, version 1762. Publié en 1802, alors que la concession sur cet ouvrage est revendiquée par d’autres libraires, sa sortie déclenche une controverse et génère un procès en contrefaçon. Cet épisode, qui fera école sur le sujet de la propriété littéraire, fera naître chez LAVEAUX le désir de créer son propre dictionnaire de la langue française. Destitué de ses fonctions après les Cent-Jours pour avoir manifesté son hostilité aux Bourbons, il peut se consacrer à temps plein à son grand projet lexicographique.

LAVEAUX entreprend seul la rédaction de son dictionnaire. Perfectionniste, exigeant et critique envers certains de ses prédécesseurs, il commence par corriger les erreurs les plus courantes et les plus dommageables en termes d’orthographe et d’étymologie. Beaucoup de règles grammaticales ne sont pas encore clairement établies, malgré les nombreuses initiatives prises pour imposer un “bon usage” du français. L’auteur reconnaît lui-même le caractère relatif de ces “difficultés”, selon le vocable utilisé à l’époque pour désigner les points litigieux de la langue écrite : « Il est impossible de rassembler dans un ouvrage toutes les difficultés de la langue française, car chacun peut s’en faire à sa guise, selon qu’il est plus ou moins instruit. »

La première édition de son Dictionnaire raisonné des difficultés grammaticales et littéraires de la langue française est publié en 1818. Si LAVEAUX témoigne du respect au Dictionnaire de l’Académie française ou du moins à son ambition initiale, il considère que celui-ci n’est plus en phase avec son époque et se tient trop en retrait des évolutions de la langue orale. Pour lui, il devient même « un grand obstacle aux progrès de la langue ». Il entend embrasser le français dans son entier, qu’il soit issu de la langue littéraire ou du langage quotidien : « Une langue vivante, composée des usages actuels de la nation qui la parle, doit changer en bien ou en mal, suivant les changemens favorables ou défavorables que le temps apporte nécessairement à ces usages. »

Ce dictionnaire n’est pas un dictionnaire de définitions, LAVEAUX se limitant aux règles et à l’usage tout en proposant des exemples et des citations. Beaucoup d’articles sont de véritables petits traités, comme ceux consacrés à l’adjectif et à l’accord, dans lesquels il développe les points de vue de différents auteurs et livre sa propre analyse, très argumentée. Se voulant le plus précis possible quant à la langue “littéraire”, il expose les « règles du style dans chaque genre de littérature » et permet au lecteur, par de nombreux renvois, d’aller au bout de sa démonstration.

À partir de cette base lexicographique solide, et fort de son succès public, LAVEAUX peut enfin élaborer son Nouveau dictionnaire de la langue française (présent sur Dicopathe) dont la première version est éditée en 1820 et qui bénéficiera d’une grande audience pendant plus d’un demi-siècle. Ayant toujours porté un grand intérêt à la synonymie et à ses nuances, il complète son œuvre avec la parution en 1826 d’un Dictionnaire synonymique de la langue française.

Son dictionnaire des difficultés de la langue est réédité en 1822, dans une version « revue, corrigée, et considérablement augmentée ». LAVEAUX étant décédé en 1826, son petit-fils Charles-Joseph MARTY, qui prend le nom de MARTY-LAVEAUX, devient le dépositaire et le continuateur de son travail. Archiviste-paléographe, secrétaire de l’École des chartes et bibliothécaire de l’Institut, spécialiste de la littérature française, ce dernier réunit les qualités et l’érudition nécessaires pour entreprendre une nouvelle version de l’ouvrage de son grand-père. C’est ainsi que la troisième édition du Dictionnaire raisonné des difficultés de la langue française, la version ici présentée, est publiée en 1847.

Très respectueux du travail de son aïeul, il se limite à une révision faite de corrections ponctuelles basées sur les ouvrages postérieurs de LAVEAUX. Il supprime des citations trop longues ou hors propos, et pratique les additions qu’il juge indispensables compte tenu de l’évolution de la langue et des études grammaticales. MARTY-LAVEAUX intègre de nombreuses références à NODIER et à LEMAIRE. Les retranchements et une nouvelle typographie permettent de proposer un ouvrage plus compact, ramassé en un seul volume, les mots non admis par l’Académie étant indiqués par un astérisque.

La mention sur la page de titre « ouvrage autorisé par le Conseil de linstruction publique », au lieu de la mention « ouvrage autorisé par le Conseil royal de lUniversité » qui figurait sur l’édition originale, laisse supposer qu’il s’agit ici d’une réimpression opérée après la Révolution de 1848.



2 commentaires

  1. Marty se sert bien entendu des corrections apportées par les nombreux critiques ayant déploré les incorrections des différents ouvrages de son beau-père! La fille de Jean-Charles Laveaux souhaitait laisser à la postérité un ouvrage parfait!!!

  2. Bonsoir,
    Je reprends votre remarque finale sur la date d’impression en 47 ou 48, pour ajouter un détail.
    Je possède un exemplaire de cette dite troisième édition de 1847. Mais elle est approuvée non par le Conseil de l’instruction publique, mais par le Conseil de l’Université (pas d’adjectif royal). Qui plus est c’est un in-quarto.

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