Français (langue), Grammaire, orthographe

Dictionnaire portatif des régles de la langue françoise

contenant les principes nécessaires pour écrire & parler correctement le françois en Prose & en Vers; les régles de la grammaire, de l'orthographe, de la ponctuation & de la prononciation, & généralement tout ce qui concerne la logique, la rhétorique, la versification, &c. le tout appuyé sur les autorités des meilleurs auteurs

Auteur(s) : DEMANDRE A.

 à Paris chez J.P. COSTARD, libraire, rue S. Jean de Beauvais
 nouvelle édition (la première date de 1769)
  1770
 2 vol
 In-octavo
 veau marbré, dos à cinq nerfs avec caissons ornés de fleurons dorés


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Au cours de l’année 1769 sort, à Paris, un Dictionnaire de l’élocution signé d’un dénommé A. DEMANDRE. Nous ne disposons d’aucun renseignement sur ce grammairien, mais certains ont avancé qu’il s’agissait peut-être du nom de plume de Pierre-Antoine AMBÉSIEUX DE CALIGNON. Né en 1729 et mort en 1795, cet ecclésiastique a officié en tant qu’aumônier du roi à Genève, avant d’enseigner la rhétorique à Lyon, devenir chanoine de Crépy-en-Valois puis vicaire général d’Embrun.

Quel qu’en soit l’auteur, ce livre est réédité l’année suivante, mais sous un titre différent : Dictionnaire portatif des règles de la langue françoise. En introduction, DEMANDRE/AMBÉSIEUX précise l’objectif de son ouvrage : “Le but d’une bonne Grammaire n’est point de corriger la Langue, mais d’examiner ses loix en son état actuel, & de quelle manière il faut l’écrire & la parler.” Très pointilleux, il se montre sévère avec ses prédécesseurs, même si, à l’occasion, il leur accorde des mérites, reconnaissant qu’ils “ont fait des systèmes en proposant une infinité de changemens impraticables : ils ressemblent assez à un homme qui voudroit parler à quelqu’un une langue qu’il n’entend pas, sous prétexte qu’elle est plus parfaite que celle qu’il entend”.

L’auteur intègre dans son dictionnaire “tout ce qui a paru de solide sur l’élocution française”, soit le français “parlé“, en opposition avec une langue trop “littéraire” ou “abstraite“. Sous ce concept, il range la grammaire, l’orthographe, la rhétorique, la conjugaison, la syntaxe, la prononciation, les synonymes, mais aussi la prosodie et la versification. Au final, le livre est assez dense, certaines définitions – comme Accent, Verbe actif, Pronom et Adjectif – donnant lieu à de longs développements très complets accompagnés de citations et d’exemples parfois un peu ardus à suivre pour un grammairien non averti. Le livre, qui est un bon travail de synthèse, constitue une véritable mine d’informations pour les spécialistes et ceux qui veulent approfondir leur connaissance du sujet. L’ouvrage, corrigé et augmenté par l’abbé de FONTENAI, sera réédité en 1802, sous son titre original.

 

Extraits

Goût. Nous n’avons pu le définir qu’en partie, parce qu’il est un objet mixte, composé d’une qualité de l’esprit, & d’un sentiment du cœur, & que ce qui tient au sentiment ne peut se définir. Nous faisons voir en quoi consiste cette qualité de l’esprit, & comment on peut la perfectionner, de manière qu’elle saisisse du premier coup d’œil le point de beauté qui convient à chaque sujet. Ce qui nous a portés, (puisque la beauté est son objet) à examiner ce qu’on entend par beauté dans les ouvrages de littérature. Ce n’est qu’avec un goût exquis & fortifié par les principes de la rhétorique qu’on peut acquérir l’art de toucher & de persuader, & être vraiment éloquent.

– Tropes. La fécondité de l’esprit humain est si grande, qu’il trouve stériles les langues les plus fécondes ; il tourne les choses en tant de manières qu’il n’a point de termes pour toutes les différentes formes de ses pensées. Les mots ordinaires ne sont pas toujours justes, ils sont ou trop forts ou trop faibles ; ils ne rendent pas assez précisément l’idée qu’on veut donner ; c’est ce qui a obligé de recourir à certaines manières figurées de s’exprimer, c’est-à-dire à des mots qu’on transporte de la chose qu’ils signifient proprement à une autre qu’ils ne signifient qu’indirectement. Par exemple, le mot voile dans le sens propre ne signifie point vaisseau ; cependant voile se dit pour vaisseau : on dit une flotte de cent voiles, pour une flotte de cent vaisseaux. Lorsqu’en parlant des passions on dit que c’est un feu qui brûle, & dont la lumière nous éclaire, les mots de feu & de lumière ne font point dans leur signification propre & primitive ; il ne s’agit point ici du feu matériel, ni de la chaleur, ni de la lumière qu’il produit.



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