Beaux-arts, Histoire de l'art

Dictionnaire portatif des beaux-arts

ou Abrégé de ce qui concerne l'architecture, la sculpture, la peinture, la gravure, la poésie & la musique; avec la définition de ces Arts, l'explication des termes & des choses qui leur appartiennent : Ensemble, les noms, la date de la naissance & de la mort, les circonstances les plus remarquables de la vie & le genre particulier de talent des personnes qui se sont distinguées dans ces différens Arts parmi les Anciens et les Modernes; en France & dans les pays étrangers

Auteur(s) : LACOMBE Jacques

 à Paris, rue saint-jacques, chez Jean Th. HERISSANT, à S. Paul et à S. Hilaire , les frères ESTIENNE, à la Vertu
 nouvelle édition (la première date de 1752)
  1753
 1 vol (VI-752 p.)
 In-douze
 veau havane marbré, dos lisse avec des compartements ornés de dorures, pièce de titre de maroquin rouge
 gravure allégorique de tête de chapitre de J.P LE BAR d'après un dessin de DE SEVE, lettrines ornées, bandeaux décoratifs, cul-de-lampe


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Avocat de formation, Jacques LACOMBE change de vocation après le succès d’estime rencontré en 1749 par son ode Les progrès des sciences et des arts sous le règne de Louis XV, couronné par l’académie d’Angers. Dès lors il se consacre pleinement à l’écriture. Il se lance dans la littérature et le journalisme, mais la critique d’art demeure vraiment son sujet de prédilection. Il entreprend la rédaction d’un Dictionnaire portatif des beaux-arts qui est publié pour la première fois à Paris en 1752. Devant le succès critique et commercial rencontré, une version corrigée et augmentée, celle ici présentée, voit le jour dès l’année suivante.

Depuis la Renaissance, une classification de la création artistique, reprise ensuite par les académies, distingue des formes d’art dites “supérieures”, dans lesquelles le génie humain s’exprime au travers d’une inspiration d’ordre divin, de celles qui relèvent du simple artisanat. Avec les siècles, la “catégorie supérieure” s’élargit à de nouvelles disciplines et prend au XVIIe siècle le nom de “beaux-arts”. Dans les faits, la distinction entre le “génie” et le simple savoir-faire est bien difficile à déterminer, dans la mesure où toute forme d’art obéit à des règles, à des connaissances et à des contraintes purement techniques.

Dès la première édition de son dictionnaire, LACOMBE adopte une vision élargie de la notion de beaux-arts, comme le démontre sa définition de l’artiste : « Si l’on demande quelle différence il y a entre artiste & artisan, on peut répondre que le premier doit avoir plus d’étude, de génie, de goût, d’application, de talens & d’exercice pour produire des ouvrages qui lui fassent honneur ; que le second au contraire, professe un état moins estimé, & moins digne de l’être, puisqu’il ne faut en quelque sorte pour y réussir que de l’habitude. »

Ainsi les beaux-arts « sont distingués des arts simplement dits en ce que ceux-ci sont pour l’utilité, ceux-là pour l’agrément. Les beaux-arts sont enfans du génie ; ils ont la nature pour modèle, le goût pour maître, le plaisir pour but. » Suivant ces principes, LACOMBE ne se cantonne pas, comme cela était l’usage, à l’architecture, la peinture, la gravure et la sculpture. Il n’hésite pas à intégrer à son dictionnaire certaines disciplines des arts dits libéraux en traitant de la poésie, du théâtre et de la musique. Selon l’historienne de l’art RIVIALE, cette approche théorique du concept d’artiste adoptée par LACOMBE marquera un tournant sémantique du terme “beaux-arts”.

Dans son ouvrage l’auteur présente, outre le vocabulaire technique et les termes propres aux disciplines artistiques, de très nombreuses notices biographiques. Parmi elles on y retrouve aussi bien DU BELLAY, COUPERIN, PHIDIAS, COYSEVOX ou MOLIÈRE que PLAUTE, WATTEAU, GABRIEL, REMBRANDT ou SHAKESPEARE (orthographié SHAKEPEAR). La plupart de ses contemporains, comme LA TOUR, CHARDIN ou GOLDONI en sont absents, même si certains autres sont cités, comme RAMEAU ou BOUCHER.

Non content de rapporter de multiples anecdotes, LACOMBE n’hésite pas à donner son avis sur tel artiste ou telle réalisation. Par exemple, parlant de BELLINI (appelé ici BELLIN), il décrète que ce dernier « avoit un mauvais goût de dessin, ses attitudes sont forcées ». Quant à CHAMPAIGNE, il était « servile imitateur de ses modèles. Le goût ne lui montrât point ce qu’il failloit ajouter ou retrancher, pour éviter l’indolence du naturel ; ses figures n’ont point assez de mouvement ; au reste son dessin est correct ». Parlant du “théâtre anglois”, il écrit : « Tout ce que l’imagination peut inventer de plus horrible & de plus féroce, fait la matière des tragédies angloises. La scène est ordinairement ensanglantée, il arrive souvent que la pièce finit par le massacre de tous les acteurs. » Pour autant LACOMBE ne se complaît pas uniquement dans la critique, et il ne manque pas de faire l’éloge de nombreux artistes comme MIGNARD, PUGET ou VELASQUEZ.

Ce dictionnaire des beaux-arts sera de nouveau édité en 1759. Auparavant, il sera traduit en italien et publié à Venise. Grâce à ce succès, LACOMBE accèdera à la notoriété, puis il entreprendra une œuvre prolifique assez variée, d’où émergeront le Spectacle des beaux-arts, et une biographie de la reine CHRISTINE. Entre 1760 et 1778, il assurera la direction de plusieurs périodiques, dont celle du Mercure de France, mais il finira par faire faillite. Il passera ensuite au service de PANCKOUCKE qui le recrutera pour participer à l’Encyclopédie méthodique. C’est dans ce cadre que LACOMBE rédigera les volumes consacrés aux “arts et métiers mécaniques”, aux “chasses et pêches”, à l’“art aratoire et du jardinage”, aux “amusements des sciences”. Il rédigera également l’Encyclopediana, ou Dictionnaire encyclopédique des anas, et le Dictionnaire des jeux mathématiques et des jeux familiers.

À titre d’anecdotes, signalons que LACOMBE est souvent présenté comme étant le beau-père de GRÉTRY, et que par ailleurs son frère, dénommé LACOMBE de PREZEL, a connu, en parallèle de son activité d’avocat, une carrière littéraire prolifique qui le conduira à rédiger de nombreux dictionnaires et recueils.

Une courte “Épître aux beaux-arts” est placée en préambule, et l’ouvrage intègre, à la suite du dictionnaire, une iconologie abrégée retraçant les attributs traditionnels des figures de la mythologie gréco-romaine.



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