Arts, Symboles, Peinture, Arts graphiques, Poésie

Dictionnaire iconologique

ou Introduction à la connaissance des peintures, sculptures, médailles, estampes, &c. avec des descriptions tirées des poètes anciens & modernes

Auteur(s) : LACOMBE de PREZEL Honoré

 à Gotha, chez Jean-Paul MELVIUS & Jean-Chrétien DIETERICH
 édition originale
  1758
 1 vol (XVI-304p.)
 In-douze
 plein veau raciné, dos à cinq nerfs, caissons fleuronnés, pièce de titre bordeaux, encadrement à froid sur les plats, tranches rouges
 bandeaux décoratifs, lettrines ornées, culs-de-lampe


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Avocat comme son frère JacquesHonoré LACOMBE de PREZEL se tourne vers l’écriture à l’instar de son aîné. C’est ainsi qu’il va signer une série d’ouvrages sur des sujets divers – histoire, droit, économie, art et littérature, philosophie… – dont plusieurs dictionnaires thématiques ; le premier d’entre eux sera publié en 1756 à Paris. Il s’agit de l’ouvrage présenté ici sous le titre : Dictionnaire iconologique ou Introduction à la connaissance des peintures, sculptures, médailles, estampes, &c. avec des descriptions tirées des poètes anciens & modernes. Ce livre sera réédité, quasiment à l’identique, deux ans plus tard à Gotha en Allemagne.

À l’époque, l’art académique et officiel se réfère encore à un code d’allégories et de symboles empruntés à la mythologie gréco-latine et à la Bible. Ce procédé, qui fonctionne par allusions et par références, se caractérise par une surcharge picturale et un classicisme formel souvent pesant. Néanmoins ce système présente pour un artiste l’avantage de pouvoir assortir son tableau, son poème ou sa sculpture d’un discours sous-jacent susceptible de parler aux initiés. Avec son dictionnaire, LACOMBE de PREZEL se propose de guider le lecteur à travers les arcanes de ce langage symbolique et de lui livrer des clés pour le déchiffrer. Comme il l’écrit en préambule, “la peinture, ainsi que la poésie, vit de fictions, les peintres, à l’exemple des poètes, se sont étudiés à personnifier les vertus, les vices, les passions. La science qui enseigne à peindre ces êtres intellectuels par des images sensibles, se nomme iconologie. Ce sont des médailles, des sculptures antiques, des ouvrages des poètes grecs & latins, qu’elle emprunte les attributs particuliers à chaque divinité, & les symboles qui caractérisent les êtres allégoriques”.

LACOMBE de PREZEL a beaucoup puisé dans les auteurs anciens, comme OVIDE, HOMÈRE, VIRGILE, JUVÉNAL et PLUTARQUE mais il s’est également appuyé sur des sources modernes et archéologiques. L’auteur recourt également pour sa démonstration aux œuvres d’artistes du siècle précédent, comme RUBENS, MIGNARD, POUSSIN ainsi qu’à l’ouvrage posthume de Charles LE BRUN, Conférence sur l’expression générale et particulière des passions. Publié pour la première fois en 1696, ce livre a connu un grand succès tout au long du XVIIIe siècle comme guide de référence de l’iconologie classique.

Son auteur passe en revue les principales figures allégoriques et le sens qu’il convient de leur attribuer. C’est ainsi que l’amitié est représentée chez les anciens Grecs sous la forme d’une personne qui dégrafe le haut de la robe pour se poser sa main droite sur le cœur tout en tenant dans la main gauche un orme, symbole d’amour, sur lequel s’enroule une vigne chargée de grappes de raisin. Dans le même ordre d’idées, la tempérance est symbolisée par un éléphant, la fécondité par une corne d’abondance, la piété filiale par la cigogne, l’amour paternel par le pélican, l’orgueil par le paon, la poésie par une jeune nymphe couronnée de laurier et une lyre à la main, la mort par un cyprès ou un squelette à la faux, la fourberie par une personne masquée ou un renard, etc…

A côté de sentiments, de principes moraux, de pays, de saisons, auxquels est associée une apparence humaine ou divine, nous retrouvons également tout un panthéon de dieux et de demi-dieux gréco-romains. Décrits avec leurs attributs caractéristiques, ils incarnent eux-mêmes certains traits de caractère, des aptitudes morales, physiques, intellectuelles ou encore des parties du monde. Le premier d’entre eux, JUPITER, symbolise tout à la fois le pouvoir les Muses, les arts et les sciences, NEPTUNE les océans, CÉRÈS l’agriculture, HERCULE la force et le courage, la furie ALECTON la vengeance, etc…

Quelques années plus tard, LACOMBE de PREZEL publiera un ouvrage qui rencontrera un certain écho. Il s’agit du Dictionnaire du citoyen, dans lequel il développera ses conceptions de l’économie et du commerce. Il poursuivra ensuite, jusqu’à sa mort en 1790, une discrète carrière d’écrivain. Sa notoriété de lexicographe sera par la suite éclipsée par celle de son frère, qui sera un important contributeur de L’Encyclopédie méthodique de Panckoucke.

Extraits

*Avarice : l’avarice est désignée par une Femme pâle, maigre, décrépite, parce que l’avarice est le vice ordinaire des vieillards. Elle est couverte de haillons, & tient une bourse étroitement serrée, ou paraît occupée à compter de l’argent. Si on la voit ceinte d’une chaîne d’or, c’est pour marquer que l’avarice rend esclaves ceux qu’elle possède.

*Bellone : Déesse de la guerre, sœur ou compagne de Mars. C’était elle qui lui préparait son char & ses chevaux, lorsqu’il partait pour la guerre. Les Poètes nous la dépeignent au milieu des combats, courant de rang en rang, les cheveux épars, le feu dans les yeux & faisant retentir dans les airs son fouet ensanglanté. Quelquefois semblable à Pallas, elle se présente à nous armée de pied en cap, avec une lance ou une espèce de verge à la main. Dans le Salon de la guerre, à Versailles, on voit cette Déesse en fureur qui, tenant d’une main son épée & de l’autre son bouclier, est prête à s’élancer de son char traîné par des chevaux fougueux qui foulent à leurs pieds tout ce qui se rencontre sur leur passage. Près d’elle est la Discorde, qui, avec ses flambeaux, embrase des Temples & des Palais ; plus loin on aperçoit la Charité, qui s’enfuit avec un enfant qu’elle tient dans ses bras.

*Clio : L’une des neuf Muses, fille de Jupiter & de Mnémosyne ; c’est elle qui préside à l’histoire & à l’éloge des Grands Hommes. On la représente sous la figure d’une jeune fille couronnée de laurier, tenant une trompette de la main droite, & de l’autre un livre ouvert. Clio était aussi regardée comme l’inventrice de la guitare. Ses statues la représentent quelquefois tenant une guitare d’une main & de l’autre un plectre.



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