Français (langue), Ancien français (langue), linguistique

Dictionnaire historique de l’ancien langage françois

ou Glossaire de la langue françoise, depuis son origine jusqu'au siècle de Louis XIV contenant: Signification primitive et secondaire des vieux mots, vieux mots employés dans les chants des trouvères, acceptions métaphoriques ou figurées des vieux mots français, mots dont la signification est inconnue. Etymologie des vieux mots, orthographe des vieux mots, constructions irrégulières de tours de phrases de l'ancienne langue. Abréviations; études sur les équivoques qu'elles présentent dans les anciens auteurs. Ponctuation; difficultés qu'elle présente. Proverbes qui se trouvent dans nos poètes des XIIe, XIIIe ET XIVe siècles. Noms propres et noms de lieux corrompus et défigurés par les anciens auteurs. Mots empruntés aux langues étrangères. Usages anciens. Suivi des Curiositez françoises pour supplément aux dictionnaires, ou Recueil de plusieurs belles propriétez, avec une infinité de proverbes et quolibets pour l'application de toutes sortes de livres, par Antonin OUDIN

Auteur(s) : LA CURNE de SAINTE-PALAYE Jean-Baptiste de, MOUCHET Georges-Jean

 

FAVRE Léopold (éditeur scientifique), PAJOT Léon Louis (collaborateur), OUDIN Antoine

 Niort, L. FAVRE, éditeur du Glossarium de DU CANGE, rue saint Jean 6
 édition originale
  1875-1882
 5 vol , deux tomes regroupés par volumes
 In-quarto
 demi-cuir noir, plats en carton recouverts de papier marbré, dos lisse avec fils dorés, titre et tomaison en doré


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Issu d’une prestigieuse famille de juristes et de militaires, Jean-Sébastien de LA CURNE de SAINTE-PALAYE consacre toute sa vie à l’étude de l’histoire de France. Il travaille à partir des auteurs de l’Antiquité et du Moyen Âge, mais il se livre surtout à un examen critique et approfondi de nombreux manuscrits originaux. Il ramène de ses voyages en Italie plusieurs milliers de documents rares qui lui fourniront la matière première de ses recherches.

Ses écrits sur les origines de la chevalerie lui assurent rapidement une certaine réputation et lui valent l’accès dès 1748 à l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Après la parution des Mémoires sur l’ancienne chevalerie, il entre à l’Académie française en 1758. Historien renommé, en correspondance avec de nombreux savants en Europe, il est en outre membre de l’académie de la Crusca, ainsi que des académies de Nancy et de Dijon. Ayant appris le provençal, il se spécialise également dans l’histoire des troubadours et des trouvères médiévaux.

En se penchant sur les manuscrits anciens, LA CURNE de SAINTE-PALAYE en vient naturellement à se pencher sur l’ancien français ainsi que sur les parlers régionaux. Il constate fréquemment des déformations et des contre-sens dans les rééditions successives d’auteurs anciens et dans certains ouvrages savants contemporains. Pour déchiffrer les originaux, il peut s’appuyer sur la paléographie, la philologie et la linguistique. Ces sciences auxiliaires sont encore neuves et en plein développement grâce aux travaux de MABILLON et de DU CANGE, ce dernier constituant une source d’inspiration clairement revendiquée par l’auteur.

De là naît le projet de consacrer une somme à l’histoire de la langue française et d’élaborer un lexique usuel et complet. Dès 1756, il publie un Projet d’un glossaire françois, destiné à « représenter fidèlement notre ancienne langue », dans lequel il présente la problématique et la méthodologie qu’il entend suivre.

Déjà très occupé par ses autres “chantiers”, dont un considérable Dictionnaire des antiquités, il rassemble la documentation et s’attelle à rédiger le plan général, aidé en cela par les précieux conseils de son ami, le lexicographe BRÉQUIGNY. En 1770, ce dernier lui recommande, pour l’assister dans un travail de rédaction et de synthèse qui s’annonçait particulièrement long et ardu, de se faire seconder par Georges-Jean MOUCHET.

À partir de 1773, une gratification annuelle du prince de BEAUVEAU lui permet de se consacrer à plein temps à sa tâche. L’objectif de LA CURNE de SAINTE-PALAYE est ambitieux : d’une part réunir toutes les orthographes connues d’un mot au cours de l’histoire, d’autre part établir une analyse étymologique et sémantique poussée afin de déterminer tous les sens engendrés par un mot au cours des âges, aussi bien par extension que par analogie, métaphore, allusion ou métonymie.

Le travail avance très lentement… Ce n’est que juste avant la mort de LA CURNE de SAINTE-PALAYE que le premier volume du manuscrit est confié aux Presses du Louvre. Dès lors les contretemps se multiplient et, à la Révolution, seuls les deux tiers du premier tome, soit 740 pages, sont imprimés. Privé de traitement mais soutenu par l’aide financière de BRÉQUIGNY, MOUCHET poursuit son travail.

À la mort de MOUCHET en février 1807, l’impression n’a pas été reprise, le manuscrit du premier volume est perdu, et la plupart des tirages ont été détruits. L’ouvrage reste donc inachevé, et seul subsiste un imposant corpus de deux séries de 61 et 31 volumes (conservés à la Bibliothèque nationale) contenant les manuscrits, les matériaux, les citations, les notes et les recherches des deux auteurs. Ce glossaire d’ancien français demeure pendant une longue période un ouvrage “fantôme”, inachevé, mais néanmoins connu des spécialistes et des érudits qui viennent consulter cette version manuscrite “brute” pour y puiser des éléments.

Après la guerre de 1870, le projet de retravailler, synthétiser et imprimer cet ouvrage prend forme sous l’égide de l’érudit Léopold FAVRE. Celui-ci, publiciste basé à Niort, est à la fois imprimeur, philologue, historien et, comme précisé dans la page de titre, « membre de la Société d’histoire de France ». Pour mener sa tâche à bien, il s’adjoint les services de Léon PAJOT, « archiviste-paléographe ». En préambule FAVRE déclare : « Nous voulons, en l’imprimant, le mettre à la disposition de tous les érudits. »

Les deux premiers tomes reproduisent le premier et seul volume imprimé du dictionnaire qui s’achève après le mot “asseureté”. Les définitions sont brèves, parfois accompagnées d’une note historique ou d’un commentaire linguistique, et les articles sont émaillés de très nombreuses citations, essentiellement issues du Moyen Âge et de la Renaissance. On y retrouve tout un vocabulaire disparu mais utile pour comprendre les écrits en ancien français : talope (haie), trudaine (tromperie), affaneure (travail pénible), lacivieux (débauché), chiefroidure (injure), coutinant (beau), etc. Curieusement, les considérations d’ordre étymologique sont rares dans l’ouvrage.

Les additions et commentaires de FAVRE et de PAJOT sont mis entre crochets. Au début du tome 10 figure une biographie de LA CURNE de SAINTE-PALAYE. À la fin de ce même tome prennent place la liste des auteurs cités et les mémoires de LA CURNE de SAINTE-PALAYE réparties en deux textes : l’un sur l’ancien français, l’autre sur FROISSART.

L’éditeur a ajouté, à la suite du dictionnaire, le célèbre recueil de proverbes et d’expressions anciennes d’Antoine OUDIN (déjà présent sur Dicopathe) : les Curiositez françoises.

Frédéric GODEFROY commence à publier, entre 1891 et 1902, les neuf tomes de son Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes, du IXsiècle au XVe siècle qui, à son tour, va devenir l’ouvrage de référence pour l’ancien français.



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