Histoire, Humour, Citiations, Pamphlet, Religion, Société française sous la Restauration

Dictionnaire des gens du monde à l’usage de la cour et de la ville, par un jeune ermite

Auteur(s) : BAUDOIN Alexandre

 à Paris, chez DARNE, libraire, quai des orfèvres, n°6
 troisième édition, revue, corrigée et considérablement augmentée et diminuée
  1821
 1 vol (215 p.)
 In-douze
 veau fauve, dos lisse avec dorures, et caissons ornés, pièce de titre en maroquin rouge
 gravure allégorique en frontispice intitulée Petit cours de morale, d'après CHASSELAT


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Le nom de l’auteur, Alexandre BAUDOUIN, est longtemps demeuré inconnu, ce qui peut aisément se comprendre compte tenu de l’ironie mordante, de l’irrévérence envers le pouvoir, les institutions et la religion dont témoignent les articles de ce petit dictionnaire.

Celui-ci s’apparente plus à un pamphlet humoristique et satirique et n’est pas sans rappeler le Dictionnaire des idées reçues de FLAUBERT, les Maximes de CHAMFORT et le Dictionnaire du diable d’Ambrose BIERCE qui, sortis postérieurement, bénéficieront d’une renommée autrement plus grande. BAUDOUIN s’inspire également d’Étienne de JOUY qui connaît alors un vif succès grâce à ses chroniques caustiques réunies sous le titre L’ermite de la Chaussée-d’Antin. Par la suite JOUY, exploitant la même veine, publiera L’ermite de la Guiane, ébauchant ainsi un dictionnaire des gens du grand monde.

Fils et frère d’imprimeurs-libraires, BAUDOUIN puise largement dans cette œuvre comme dans celles d’autres auteurs. Paradoxalement, ces emprunts permettent de conserver la mémoire de certains écrivains tombés dans l’oubli, tel SALLENTIN de l’OISE. Le résultat, très éclectique, tient à la fois de la compilation, du pastiche et du plagiat, beaucoup de citations étant des emprunts plus ou moins avoués. Pour autant, il constitue un recueil de mots d’esprit non dénué de style et de piquant. BAUDOUIN y fait preuve d’un sens aigu du sarcasme et se permet de ridiculiser, de manière à peine voilée, la société de la Restauration qui semble vouloir continuer à vivre comme jadis, en faisant mine d’oublier les bouleversements de la Révolution et de l’Empire.

Le dictionnaire est précédé d’un petit opuscule pseudo-biographique : l’Auteur peint en miniature.

Quelques définitions :

  • Juge: homme payé pour dormir
  • Abondance: germe du dégoût. Thermomètre de l’amour des peuples pour leurs princes
  • Abbé: jamais la signification d’un mot ne s’est plus éloignée de son origine. Savez-vous bien qu’abbé signifie père, et cependant ceux qui portent ce nom sont condamnés au célibat. Il est vrai que, dans les temps où les mœurs étaient pures et la religion honorée, ces messieurs se souvenaient de temps en temps de l’étymologie de leur nom. Nous ne reverrons plus ces temps heureux où l’on aimait tant ces abbés à bonnes fortunes, ces galans abbés, et même ces polissons d’abbés, comme on les appelait dans la bonne compagnie. Ah ! Combien tout dégénère parmi nous !
  • Zéro: gens de rien à la suite d’un grand. On disait d’un académicien : Je ne m’étonne pas qu’il siège à l’Académie, il faut un zéro pour faire quarante
  • Gentilhomme: homme qui a des devoirs à remplir, des modèles à suivre, et qui se dispense presque toujours de l’un et de l’autre
  • Bêtise: maladie de l’esprit dont on ne guérit pas, et dont on ne souffre point

Bibliothèque : médecine de l’âme. Dépôt de vérités et d’erreurs, où le mauvais l’emporte malheureusement sur le bon. La pharmacie et l’égout du genre humain



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