culture générale

Dictionnaire général et curieux

contenant les principaux mots, et les plus usitez en la langue françoise, leurs définitions, divisions, & étymologies ; enrichies d'éloquens discours, soutenus de quelques histoires, de passages des Pères de l’Eglise, des autheurs & des poëtes les plus célèbres anciens & modernes ; avec des démonstrations catholiques sur tous les points qui sont conteftez entre ceux de l’Église Romaine & les gens de la religion prétendue réfomée ; ouvrage très utile et très nécessaire à toutes sortes de personnes, & particulièrement à ceux qui veulent composer, parler en public, & diriger les âmes qui trouveront dans ce volume une riche bibliothèque & une table très-fidèle des matières capables de satisfaire l’esprit des lecteurs, par la grande diversité des sujets dont il traite

Auteur(s) : ROCHEFORT César de

 à Lyon, chez Pierre GUILLIMIN, rue Belle-Cordière
 édition originale
  1685
 1 vol. (800 p.)
 In-folio
 veau, dos à six nerfs, caissons ornés de motifs floraux dorés
 portrait en frontispice de l'auteur par Mathieu OGIER, bandeaux décoratifs, culs-de-lampe


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Étudiant à Rome dans ses jeunes années, César de ROCHEFORT est amené à prendre part à des négociations diplomatiques pour le compte de la France. Pour services rendus, il est distingué par l’ordre de Saint-Michel. À son retour en France, il devient avocat du roi et plaide brillamment devant plusieurs parlements. À côté de sa fonction officielle, il œuvre également à la conversion des protestants en participant à des conférences publiques avec des ministres réformés et en rédigeant de longues controverses qui seront ensuite publiées à Lyon mais sous un nom d’emprunt.

De son propre aveu, son dictionnaire est le fruit de lectures et de réflexions personnelles consignées au fil des jours dans des notes éparses qu’il conservait dans une sorte de pense-bête. Il avoue ne s’être décidé à le publier que sur l’insistance d’amis avisés : « J’advoue ingénument que ce n’estoit point mon dessein, encore moins ma pensée, de conduire ce recueil aux yeux de tout le monde. Il a demeuré long-temps ensevely dans mon cabinet, où il n’estoit visé que lorsque j’estois obligé de parler en public, & de soutenir quelque belle cause dans le barreau. » Le Dictionnaire général et curieux, ici présenté, est ainsi en vente en 1685, bien que certains exemplaires portent la date de 1684.

De par son origine, ce dictionnaire nous paraît bien singulier et parfois déroutant à parcourir. Loin de proposer des définitions “académiques” calibrées et synthétiques, il est composé de longues digressions, parfois décousues, de notes de lecture, de longues citations en français et en latin, de maximes et de proverbes empruntés à des auteurs classiques ou forgés par ROCHEFORT, mais aussi d’analyses, d’anecdotes juridiques et historiques. À le parcourir nous pouvons constater que l’Antiquité gréco-romaine constitue pour l’auteur une source d’inspiration primordiale, tant il y puise de multiples exemples et citations.

Dans ce dictionnaire nous trouvons bien des termes de botanique, de zoologie ou de théologie, mais les termes juridiques y sont surreprésentés. Le but de l’auteur, il est vrai, n’était pas de passer en revue la langue française et sa grammaire. La moralité et les mœurs sont pour lui un sujet de prédilection. C’est ainsi qu’il se lance souvent dans un propos tortueux, émaillé de citations antiques, qui selon les cas s’apparente à véritable sermon ou à une démonstration philosophique plus ou moins étayée. Il ne manque jamais de s’attaquer de manière plus ou moins subtile au culte protestant qui, selon lui, ne serait rien d’autre qu’« un renversement de la religion » et « n’a jamais eu d’autre vysée ny autre but que le libertinage ».

Se faisant volontiers moraliste, ROCHEFORT n’est pas sans évoquer, en moins incisif, son contemporain Jean de LA BRUYÈRE. C’est ainsi qu’il nous délivre quelques maximes, dont nous devinons qu’il a déjà émaillé ses plaidoiries. Pour donner quelques exemples, dans l’article Affection, il écrit que, « à mesure que notre affection croît, il faut nécessairement que la discrétion & l’humilité l’accompagnent. Il n’est point besoin de solliciter une personne à nous donner part dans son affection, quand la raison et & la nature nous obligent de nous aimer. » Au chapitre Égalité, on peut lire que « l’égalité est odieuse, & le mélange de l’inférieur & du supérieur est louable. Dans l’armonie, le majeur & le mineur respondent à l’aigu, & cette diversité donne dans l’ouïe. » Dans l’article Amourpropre, il estime que celui-ci est « un grain de folie, de mesme que la modestie, & notre connoissance de notre peu de mérite est témoignage d’un jugement sain & solide ».

Le livre est dédié à Roger Joseph-Damas de MARILLAT, doyen de l’église de Lyon. Le dictionnaire est précédé de trois courts poèmes, un sonnet, un sixain et un quatrain, adressés à ROCHEFORT par des collègues. En fin d’ouvrage, une table des matières thématique est bienvenue pour aider le lecteur à se guider dans ce dictionnaire foisonnant.

Ex-libris au nom de CARTIER de LA FAUCHETIÈRE.



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