Médecine

Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales

Auteur(s) : DECHAMBRE Amédée, LEREBOULET Léon

 

HAHN François-Louis

 Paris, G. MASSON, libraire de l'Académie française, P. ASSELIN, libraire de la faculté de médecine, place de l'école de médecine
 édition originale
  1864-1889
 99 vol.
 In-quarto
 demi-chagrin rouge, dos à quatre nerfs, titre et tomaison en lettres dorées
 vignettes en noir et blanc dans le texte


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Fils d’un secrétaire de la sous-préfecture de Sens, qui mourra victime de son dévouement envers les malades du typhus,  Amédée DECHAMBRE bénéficie d’une bourse municipale qui lui permet de suivre une bonne scolarité. Monté à Paris, il est reçu bachelier ès sciences et, malgré des ressources financières limitées, il entame des études de médecine tout en exerçant comme officier de santé lors de l’épidémie de choléra de 1832. Admis à l’internat l’année suivante, en 1838 il devient chef de clinique à l’Institut orthopédique de Paris. En parallèle, il débute une carrière journalistique en écrivant dans la Gazette médicale de Paris, à laquelle il contribuera activement pendant plus d’une décennie. À la fondation du journal L’Esculape, il prend la responsabilité d’une rubrique avant de lancer l’Examinateur médical. Il se fait rapidement un nom grâce à ces publications, dans lesquelles il ne se prive pas de critiquer certains de ses collègues ; lesquels, en retour, ne manquent jamais de rappeler qu’il exerce la médecine sans avoir le titre de docteur.

En 1853, en collaboration avec l’éditeur Victor MASSON, il devient le directeur de la Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie. Sous l’impulsion de DECHAMBRE, qui revendique une ligne éditoriale basée sur la rigueur et les nouvelles avancées scientifiques, ce périodique devient un titre phare de la presse médicale française. Devenu une personnalité dans le monde de la presse et le milieu hospitalier, le médecin est finalement sollicité par MASSON, associé pour l’occasion à Paul ASSELIN, pour coordonner la rédaction d’une grande encyclopédie moderne de médecine.

Baptisé Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, ce nouvel ouvrage, consacré à la pratique, au diagnostic, à la chirurgie et à l’anatomie, est conçu comme un complément aux livres spécialisés déjà existants. Prioritairement destiné aux praticiens et aux étudiants, ce nouvel opus se concentre sur la “galaxie” des disciplines annexes et des sciences récentes qui ont contribué directement ou indirectement aux considérables progrès accomplis par la médecine en l’espace de moins d’un siècle ; en particulier dans le domaine de la chimie, la botanique, l’histoire naturelle, l’anatomie et la physiologie. Autre particularité, on trouve, réunies dans ce dictionnaire, les notices biographiques de toutes les personnalités qui ont contribué au développement des sciences médicales.

L’ambition affichée par les promoteurs du projet est immense, car il s’agit clairement d’une démarche exhaustive destinée à réaliser un ouvrage d’une grande ampleur comportant un très grand nombre de volumes. Pour l’assister dans cette tâche pharaonique, un second directeur de publication lui est adjoint, Jacques RAIGE-DELORME ; mais, après la parution des deux premiers volumes, ce dernier abandonne la partie, laissant DECHAMBRE diriger seul une entreprise qui constitue la consécration de sa vie professionnelle.

À la tête d’une vaste équipe de contributeurs venus d’horizons très variés – parmi lesquels on compte Jean-Martin CHARCOT, Édouard CHASSAIGNAC, Charles-Jacques BOUCHARD, Henri  SAINTE-CLAIRE DEVILLE, Charles-Adolphe WÜRTZ, Raphaël BLANCHARD et Clémence ROYER -, DECHAMBRE met lui-même la main à la pâte, rédigeant plusieurs articles dont celui consacré à la déontologie, qui sera très apprécié par la corporation médicale et souvent présenté aux étudiants comme un texte de référence. Très méticuleux et méthodique, il organise le travail à partir d’une masse considérable de fiches, indiquant pour chaque article le nombre de pages qui doivent lui être consacrées, le nom de son auteur “pressenti”, et même la date butoir à laquelle l’article devra être livré.

Grâce à l’énergie de DECHAMBRE et à une planification au cordeau, le travail avance lentement mais sûrement. Débutée en 1864, et malgré une interruption due à la guerre de 1870, la parution des tomes du Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales s’effectue avec une bonne régularité. Le succès est au rendez-vous, ce qui vaut à son auteur, en 1875, de devenir membre associé de l’Académie de médecine. En 1885, 78 tomes sont déjà publiés. Épuisé par la tâche, DECHAMBRE finit par faire appel à François-Louis HAHN , docteur en médecine mais surtout bibliothécaire de la faculté de médecine de Paris, pour lui servir de secrétaire de rédaction.

Frappé d’apoplexie en décembre 1885, DECHAMBRE meurt le 4 janvier 1886. Le travail étant déjà bien organisé et en cours d’achèvement, un nouveau directeur est nommé en la personne de Léon LEREBOULET, qui va bénéficier à son tour de l’aide efficace de HAHN. Ce professeur agrégé de l’école de médecine du Val-de-Grâce était également un rédacteur régulier de la “Gazette hebdomadaire de la médecine“. Les derniers volumes peuvent ainsi être publiés jusqu’en 1889. Cet ouvrage, apprécié pour le sérieux de ses articles, parfois agrémentés d’illustrations, son souci d’exhaustivité – on y trouve même des articles consacrés aux systèmes pénitentiaires, à divers animaux, au climat et à l’anthropologie – et son esprit d’ouverture aux nouveautés, restera longtemps un classique de la terminologie médicale.

L’exemplaire de la collection Dicopathe présenté ici comporte 99 volumes sous reliure rouge uniforme.

Quelques extraits

*Songe : Songe et rêve sont au fond un même état psychologique et physiologique. Dans l’un comme dans l’autre, les images, les idées, les sentiments, se succèdent et s’associent sans action directrice ; seulement on réserve de préférence le nom de songe pour le cas où cette association, tout incohérente qu’elle est, arrive à former une sorte de drame intérieur, qui a ses péripéties et peut avoir son dénouement, tandis que dans le rêve la pensée flotte au hasard, sans suite, au gré de mille impressions changeantes.

*Ail : Ce sont les bulbes d’ail que l’on emploie en médecine et dans l’art culinaire. Pilés et réduits en pulpe, on les a quelquefois appliqués comme rubéfiants. Ils entrent dans la composition du vinaigre antiseptique, dit des quatre voleurs ; en pilant les caïeux de l’ail avec de la graisse et de l’huile, on obtient un onguent nommé Moutarde du diable ou huile d’ail.

*Navigation : Nous trouvons à mesure qu’on s’éloigne de la terre, l’air marin, avec toutes ses qualités[…] On est plongé dans un véritable bain d’air pur chargé de molécules salines ; l’atmosphère intérieure du navire ne vient en rien en troubler la salubrité ; d’autre part, les oscillations du véhicule ballotté par la lame déterminent ces mouvements inconscients qui jouent un si grand rôle dans la production de la névrose appelée mal de mer. Telles sont les seules conditions nouvelles que rencontrent les personnes qui, par plaisir, ou dans le but de se rendre d’un point à un autre, ou enfin dans un but thérapeutique, embarquent pendant quelques heures. Ce sont les conditions dans lesquelles vivent, d’une manière plus ou moins permanente, les gens de mer qui se livrent à la petite pêche, au pilotage ou même au cabotage car, en admettant, dans ce dernier cas, la possibilité d’un certain méphitisme des logements des petits bâtiments du commerce, ce méphitisme n’agit pas assez longtemps et n’a pas assez d’intensité pour qu’il puisse se faire sentir d’une manière sensible. Les effets appréciables de cette courte navigation, chez les personnes qui n’ont pas l’habitude de la mer, en laissant de côté le mal de mer, témoignent tous d’une certaine excitation, d’un accroissement dans le jeu de toutes les fonctions organiques. C’est, en somme, l’exagération de l’action bienfaisante que l’on va chercher, chaque année, avec tant d’empressement, lors de la belle saison, sur les plages maritimes. Ces phénomènes constituent une médication tonique corroborante.

*Déontologie :  l’influence des médecins sur la société n’est pas subordonnée à la valeur de ces spéculations. Il lui reste son initiative auprès des pouvoirs publics, auxquels il lui appartient de faire connaître les desiderata de l’hygiène, qu’il est toujours le premier à apercevoir, et qu’il leur apprendra à satisfaire ; il lui reste son action individuelle dans le cercle de ses relations et dans tous les genres d’intérêt social où les institutions font appel à ses lumières. Le médecin privé peut et doit être le bras du médecin public. Celui-ci conseille les administrations, les pouvoirs de l’État, et leur fournit les éléments des lois ou des règlements sanitaires ; celui-là conseille les particuliers et les éclaire sur les applications des prescriptions légales et administratives. Combien de détails, d’ailleurs, échappent aux mesures officielles, combien d’éventualités auxquelles ne peuvent pourvoir les dispositions réglementaires les plus précises et les plus prévoyantes ! Contre les influences épidémiques, contre les causes d’insalubrité des habitations, contre certaines influences nocives des professions, etc., journellement le médecin est dans le cas de suppléer à l’insuffisance inévitable des mesures de prophylaxie, des règlements d’édilité ou de police médicale. Le médecin ici ne doit pas attendre qu’on provoque son avis.



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