Dictionnaire encyclopédique de l’épicerie et des industries annexes

Auteur(s) : SEIGNEURIE Albert

 

SEIGNEURIE Henri (Bertin Jean), BORSSAT Xavier de

 Paris, Administration du journal l'Epicier, Bourse de commerce
 troisième édition revue, corrigée, considérablement augmentée et enrichie de nombreuses gravures (la première édition date de 1898)
  1909
 1 vol (9808 p.)
 In-octavo
 demi-basane, cartonnage vert marbré, dos lisse, titre doré
 nombreuses gravures, cartes et photos en noir et blanc dans le texte


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Nous ne disposons que de peu d’informations personnelles sur Albert SEIGNEURIE sinon qu’il est né en 1852 et décédé en 1922. En qualité de directeur-administrateur du journal L’Épicier, hebdomadaire qui se revendique « défenseur des intérêts généraux de l’épicerie et des industries annexes », il doit pourtant bénéficier à l’époque d’une certaine audience et se poser ainsi en représentant d’une corporation de l’épicerie particulièrement importante en France. En 1904, son journal revendique d’ailleurs un tirage annuel de près de 800 000 exemplaires.

À la page 393 de ce livre, on trouve la photo d’Alfred SEIGNEURIE et de ses collaborateurs dans un article présentant en détail L’Épicier. À son époque, encore très éloignée de celle de la société de consommation et de la grande distribution, la quasi-totalité du pays est émaillée de commerces de détail spécialisés dans les produits alimentaires et les petites fournitures de la vie quotidienne. En rédigeant ce dictionnaire susceptible de pouvoir les aider au quotidien, Albert SEIGNEURIE cherche à porter assistance aux détaillants d’un commerce qui « embrasse la plus grande quantité d’articles et produit le mouvement d’affaires le plus considérable ».

L’ouvrage, complet et pratique, traite en premier lieu des denrées alimentaires. Destiné aux épiciers, il ambitionne de « compléter leurs connaissances professionnelles et leur fournir une foule d’indications utiles sur la provenance des marchandises vendues, les moyens de s’en pourvoir, de les préparer ou de les conserver ». SEIGNEURIE constate que nombre d’entre eux n’ont pas eu le temps de pousser leurs études, ayant souvent débuté comme apprentis ou étant rentrés très jeunes dans le commerce familial. C’est pourquoi ils ignorent souvent l’origine, la fabrication et même les caractéristiques élémentaires de beaucoup de produits, méconnaissance qu’il juge préjudiciable tant pour le commerçant que pour le client.

Il estime également que nombre de détaillants ignorent l’existence même de produits naturels ou industriels susceptibles de répondre à l’attente de la clientèle. Enfin il propose des notions de gestion, de fiscalité, de comptabilité et de droit, destinées à compléter une formation commerciale de “base” avec, par exemple, des articles sur le repos hebdomadaire, la vente de fonds, la prescription ou les voyages corporatifs.

Conçu et commercialisé avant tout comme un ouvrage professionnel, ce dictionnaire de l’épicerie représente une vraie mine d’informations et constitue un manuel de culture générale dans le domaine du commerce et de l’alimentation pris au sens large. Les articles présentent les produits en les assortissant d’un résumé historique et de renseignements pratiques sur leur fabrication ou leur culture, leurs modes de préparation et de conservation, sans oublier la règlementation qui s’y rapporte, en particulier pour les alcools.

Dans l’ouvrage figurent les descriptions de nombreux épices, légumes, fruits, arbustes, boissons et autres produits naturels méconnus, exotiques ou communs. On y retrouve ainsi à côté du chou, du genièvre, de l’absinthe, du poivron et de la groseille, l’oxalys du Pérou, l’anacarde, l’abdelavi, la noix de galle, l’arrow-boot, le faragier, la coca, le tamarin ou encore la badiane. Les procédés de fabrication et les appareils y sont bien détaillés (conserverie, fabrication du fromage et du chocolat, distillation de l’alcool, appareils frigorifiques et machines à glace). Tout ce qui est annexe à l’alimentation, comme par exemple la cave, les bouteilles et les paniers, est également pris en compte, de même que les produits de droguerie susceptibles d’être vendus dans une épicerie : savon, luciline, cire ou plumeaux.

Les marques de nombreux fabricants, commerçants ou industriels sont nommément citées, telles le chocolat MENIER, les conserves SAUPIQUET ou le champagne MERCIER. Les producteurs de ces denrées contribuent à compléter l’ouvrage en procurant à l’auteur des illustrations et des documentations techniques.

SEIGNEURIE dresse le portrait en creux d’un métier en pleine évolution depuis un siècle. Le comptoir quitte désormais le centre du magasin pour s’accoler à un mur. De même les marchandises désertent tiroirs, casiers et remises pour s’exposer ou s’empiler sur des étagères. Enfin de nouveaux produits s’imposent progressivement dans la consommation courante : conserves, biscuits, chocolats manufacturés, alcools, cafés (long chapitre sur les différents crus) et, nouveauté, les produits “de marque” pré-empaquetés. Quant aux pratiques commerciales, elles évoluent radicalement, s’inspirant désormais de celles des grands magasins comme le célèbre Bon marché.

Un chapitre est consacré à la gâche, pratique qui consiste à sacrifier le bénéfice de certains produits afin d’attirer le client et l’inciter à s’engager sur d’autres achats. Par ailleurs, dans l’article “épicier”, il déplore la mauvaise image de la profession, caricaturée dans la littérature et le théâtre comme constituant le repaire de petits-bourgeois âpres au gain. Ce dictionnaire connaîtra un certain succès dès sa première édition, et il sera réédité en 1924 après le décès de son initiateur, puis, en 1952, sous la direction de Robert PETIT.



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire