Histoire, Anecdotes, culture générale

Dictionnaire encyclopédique d’anecdotes modernes, anciennes, françaises et étrangères

Auteur(s) : GUÉRARD Édmond (Pseudonyme), FOURNEL François Victor

 Paris, librairie de Firmin Didot et Cie, imprimeurs de l'Institut, rue Jacob, 56
 troisième édition pour le premier tome, quatrième pour le second (la première date de 1872)
  1876-1879
 2 vol
 In-octavo
 demi-chagrin chocolat, dos à quatre nerfs, titre et tomaison en lettres dorées


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Depuis la fin du Moyen Âge, les recueils et les anthologies, qu’ils soient consacrés à un auteur, un sujet ou une période, n’ont cessé d’être publiés avant de connaître un âge d’or aux XVIIIe et XIXe siècles. L’objectif premier de ce genre littéraire est de permettre au public de s’instruire sans avoir à posséder une encombrante bibliothèque, mais il sert aussi à acquérir facilement un complément ou, du moins, un vernis de culture générale.

Le Dictionnaire encyclopédique d’anecdotes modernes, anciennes, françaises et étrangères, publié pour la première fois à Paris en 1872, ne se présente donc pas comme une publication totalement innovante, l’auteur reconnaissant loyalement : “Il serait difficile de dire que l’on comble une lacune.” Pour autant, il entend démarquer son ouvrage de la production antérieure en proposant à un public devenu plus exigeant “quelque chose de plus neuf et de plus complet”.

François Victor FOURNEL, qui signe ce livre du pseudonyme Edmond GUÉRARD, possède déjà une bibliographie fournie. Journaliste et écrivain, c’est en véritable érudit qu’il a beaucoup écrit sur ses deux domaines de prédilection : le théâtre et l’histoire de Paris. En 1859, il a déjà publié un recueil d’anecdotes centrées sur le monde du théâtre : Curiosités théâtrales anciennes et modernes, françaises et étrangères.

Pour FOURNEL, le goût pour l’anecdote et la “petite histoire” est indissociable de l’esprit humain, toujours animé par une insatiable curiosité : “On aime à voir le dessous des cartes et le revers des médailles, à rencontrer les grands hommes en robe de chambre, et à pénétrer dans les coulisses de l’histoire. Il y a, en chaque fils comme en chaque fille d’Ève, un fond de curiosité, pour ne pas dire de malignité naturelle, qui trouve à se satisfaire dans ces révélations intimes, ces confidences familières, ces bons mots et ces bons contes.”

L’auteur ambitionne que son livre devienne un outil pédagogique irremplaçable qui donnerait une image plus tangible d’un personnage, d’une époque ou d’un événement ; car “l’anecdote n’est pas seulement, suivant une expression devenue classique, la monnaie de l’histoire ; elle en est souvent aussi la réalité vivante et courante, en contraste avec la légende, banale, avec les mensonges solennels, les conventions pompeuses, les traditions consacrées par une sorte de formalisme superstitieux”.

FOURNEL ne montre guère d’indulgence pour ses prédécesseurs, dont il juge la production médiocre et, qui plus est, mal écrite : “Il faut avoir parcouru et fouillé, ainsi que j’ai dû le faire, tous ces recueils spéciaux, pour savoir combien ils renferment de banalités flasques et ennuyeuses, de traits émoussés et sans pointe, de mots incolores et éventés, et surtout dans quelle rédaction molle et pâle, qui trouve moyen d’alourdir l’esprit même, sont noyés le plus grand nombre de leurs récits.”

L’auteur revendique la véracité historique de la plupart des anecdotes qu’il relate, prenant soin d’indiquer les sources dont elles sont issues. Il élargit son champ de recherche au monde entier et à toutes les époques, au prix, selon lui, d’un très important travail de recherche de sa part et de celle de son équipe. À le lire, nous pouvons constater que l’Antiquité classique et la France du XVIIe au XIXe siècle sont largement surreprésentées. Il puise volontiers chez des auteurs tels que la marquise de SÉVIGNÉ, CHAMFORT, TALLEMANT des REAUX, SÉGUR, GRIMM, PANCKOUCKE, SAINT-SIMON, ainsi que dans la presse et dans la véritable encyclopédie d’anecdotes que constitue LImprovisateur français.

Les anecdotes sont de longueur variable, allant d’une phrase d’une seule ligne à un texte de deux pages. Loin d’être toutes drolatiques ou comiques, beaucoup d’entre elles ont été retenues pour leur valeur morale, ou parce qu’elles sont révélatrices de la personnalité d’un individu ou d’une époque. Pour son livre, FOURNEL adopte un classement alphabétique en rattachant chaque épisode à un thème qu’il a arbitrairement choisi. Placé à la fin du second tome, un index reprend les auteurs cités et les entrées qui leur sont attribuées.

Le Dictionnaire encyclopédique d’anecdotes modernes, anciennes, françaises et étrangères rencontrera un beau succès, puisqu’il ne connaîtra pas moins de quatre rééditions entre 1782 et 1879. FOURNEL poursuivra sa prolifique carrière d’historien et de compilateur jusqu’à son décès, en 1894.

Quelques anecdotes

*Lorsque Louis XIV eut été opéré de la fistule, cette maladie devint à la mode. Plusieurs de ceux qui la cachaient avec soin avant ce temps n’ont plus eu honte de la rendre publique ; il y a même des courtisans qui ont choisi Versailles pour se soumettre à cette opération, parce que le roi s’informait de toutes les circonstances de cette maladie. Ceux qui avaient quelque petit suintement ou de simples hémorroïdes ne différaient pas à présenter leur derrière au chirurgien pour y faire des incisions. J’en ai vu plus de trente qui voulaient qu’on leur fît l’opération, et dont la folie était si grande, qu’ils paraissaient fâchés lorsqu’on les assurait qu’il n’y avait point nécessité de la faire (d’après les mémoires de DIONIS).

*À une chasse où le roi d’Espagne (PHILIPPE V) et la reine, sa première femme, étaient à cheval. Ils se mirent à galoper ; la reine tomba, le pied pris dans son étrier qui l’entraînait. Don ALONZO DEL ARCO eut l’adresse et la légèreté de se jeter à bas de son cheval et de courir assez vite pour dégager le pied de la reine. Aussitôt après, il remonta à cheval et s’enfuit à toutes jambes jusqu’au premier couvent qu’il put trouver. C’est qu’en Espagne, toucher au pied de la reine est un crime digne de mort (SAINT-SIMON).

*La réputation de BOËRHAAVE était si étendue, qu’un mandarin lui ayant écrit de la Chine avec cette seule adresse : « À l’illustre Boërhaave, médecin en Europe », la lettre lui parvint (Dict. historique.)

*L’abbé PELLEGRIN avait fait un opéra intitulé Loth, dont voici le premier vers : “L’amour a vaincu LOTH.” Comme ce poète était très pauvre & manquait de culottes, quelqu’un lui dit : “Vous devriez en emprunter une à l’amour” (PANCKOUCKE).



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