Botanique, histoire naturelle

Dictionnaire élémentaire de botanique

ou Exposition par ordre alphabétique des préceptes de la botanique et de tous les termes, tant françois que latins, consacrés à l'étude de cette science

Auteur(s) : BULLIARD Jean Baptiste François Pierre

 à Paris, chez DESRAY, libraire, rue Haute-Feuille, n°76
 nouvelle édition revue et corrigée avec le plus grand soin d'après les indications de l'auteur et autres célèbres botanistes (la première édition date de 1783)
  1797
 1 vol (XII-242 p.)
 In-folio
 basane havane, dos lisse décoré de motifs dorés, pièce de titre de maroquin rouge
 10 planches hors texte en couleur, les figures dont cet ouvrage est enrichi ont été dessinées par M. BULLIARD, et gravées et imprimées à l'initation du pinceau, dans le même genre que les plantes qui composent l'Herbier de France


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Témoignant dès sa jeunesse d’une prédilection pour les sciences naturelles, Pierre BULLIARD abandonne rapidement les études de médecine qu’il était venu suivre à Paris, pour se consacrer à sa grande passion : la botanique… Il apprend le dessin et la gravure auprès de François-Nicolas MARTINET, qui se trouve être le principal auteur des illustrations de l’Histoire naturelle des oiseaux de BUFFON. Une fois acquises, ces techniques lui serviront à illustrer ses propres publications. À partir de 1776, il publie une encyclopédie en six volumes, Flora parisiensis, consacrée à la flore parisienne. Cet ouvrage n’est en fait que la refonte du Botanicon parisiense de Sébastien VAILLANT, adaptée à la classification de LINNÉ.

Mais c’est la parution de son Herbier de France, dont la diffusion par cahiers débute en 1780, qui achèvera de lui donner une certaine célébrité. À son lancement, il était prévu que cet ouvrage comporterait cinq parties : plantes vénéneuses, plantes médicinales, champignons, plantes grasses, plantes frumentacées et fourrages. Abondamment illustrée par ses soins, cette publication bénéficie d’une nouvelle technique, mise au point par Johannes TEYLER, qui évite d’avoir à faire des retouches au pinceau, ce qui a pour effet de faire baisser le coût de fabrication du livre sans nuire à la qualité du dessin en couleurs. En outre, la vente par livraisons permet à l’auteur d’étaler les frais d’impression dans le temps, et de mettre le livre en vente à un prix modique.

Disciple de ROUSSEAU, BULLIARD ambitionne d’être un vulgarisateur qui mettrait la connaissance de la botanique à la portée du plus grand nombre. Il ne réalise pas de découvertes, il ne poursuit aucune recherche mais, partant de ce qui est déjà connu, il réalise un grand travail de synthèse et ouvre de nouvelles pistes de réflexion. Dans l’introduction à son Herbier, c’est en ces termes qu’il résume sa philosophie : “Tout le monde s’occupe des moyens d’étendre l’empire de la Botanique ; moi, c’est ce dont je m’occupe le moins : je n’envisage cette science que du côté de son utilité ; mon objet est de mettre sur la voie des découvertes importantes qu’il reste à faire dans cette partie de l’Histoire naturelle, plusieurs classes de citoyens utiles qui n’ont pas plus de temps qu’il leur faut pour s’acquitter convenablement des devoirs de leur état. Je n’emploie pour cela ni le choix des mots, ni le tour des phrases ; mon crayon me suffit pour remplir la tâche que je me suis fixée.”

Dès la parution de son ouvrage, il ressent le besoin de le compléter par un dictionnaire général sur la botanique, destiné aux lecteurs qui ne bénéficient pas au départ d’un grand bagage scientifique. C’est ainsi que paraît en 1783 le Dictionnaire élémentaire de botanique, ou Exposition par ordre alphabétique des préceptes de la botanique et de tous les termes, tant françois que latins, consacrés à l’étude de cette science, dont il est bien précisé sur la page de titre qu’il a été composé comme une introduction à l’Herbier de France.

Pédagogue avant tout, BULLIARD multiplie les exemples et les études de cas à l’appui de ses démonstrations. Dans ses descriptions, il se réfère en permanence à des illustrations qu’il a voulu les plus exactes possible. En revanche, les planches précédées de leurs notices explicatives se trouvent reléguées en fin d’ouvrage, à un emplacement qui ne facilite pas leur consultation. Si l’objectif premier de l’auteur consiste à “familiariser avec le langage de la Botanique et rendre plus facile l’étude des principes de cette science”, il entend également baliser la démarche de ceux qui voudraient aller plus loin dans l’étude de la botanique, en traçant “un plan méthodique à celui qui désire la cultiver”.

Dans ce but, à l’article Principes, il explique qu’“on pourra voir de quelle manière il faut s’y prendre pour s’engager avec succès dans la carrière de la Botanique, soit que l’on se trouve à même de profiter des secours d’un jardin botanique, d’un herbier naturel ou artificiel, ou soit qu’absolument éloigné du commerce des lettres, on n’ait aucune de ces ressources à sa disposition”. Dans le même ordre d’idées, il défend la théorie “qu’une méthode est d’une nécessité indispensable, que c’est un fil qui nous guide, nous ramène au but lorsque nous nous égarons”, mais il ne peut s’empêcher en même temps de fustiger “l’abus que l’on ne fait que trop souvent des méthodes, et combien, en changeant tous les jours la surface de la Botanique, elles s’opposent à ce qu’on puisse diriger cette science vers l’utilité publique”. Il est vrai qu’à l’époque, la botanique, à l’instar d’autres sciences, est dans la phase de bouillonnement intellectuel qui précède inévitablement l’unification du corpus et de la méthodologie, caractérisée par la multiplication des classifications, des théories et des méthodes.

Le latin constituant le véritable “espéranto” des botanistes, chaque nom de plante écrit en français est accompagné de son équivalent latin. BULLIARD enrichit son livre d’un petit Dictionnaire des termes latins utilisés en botanique, qui est une traduction du Termini Botanici de LINNÉ, dans lequel chaque mot est assorti d’un renvoi à sa définition dans le corps du dictionnaire principal.

Après le décès de BULLIARD, survenu en 1793, ce dictionnaire, qui a rencontré le succès, connaîtra en 1797 une réédition qui est celle présentée ici. Il sera ensuite repris, corrigé et refondu par Louis-Claude RICHARD, qui le republiera en 1800, puis en 1802 dans une nouvelle version augmentée.

Pour l’anecdote, souvenons-nous qu’au XIXe siècle,  Augustin Pyrame de CANDOLLE donnera le nom de Bulliarda à un genre de la famille des crassulacées, et que l’on retrouve encore en botanique le terme de Bulliard dans la désignation de plusieurs espèces.



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