Sciences naturelles, histoire naturelle, Zoologie, Botanique, Minéralogie, anatomie

Dictionnaire des sciences naturelles

dans lequel on traite méthodiquement des différens êtres de la nature, considérés soit en eux-mêmes, d’après l'état actuel de nos connoissances, soit relativement à l’utilité qu’en peuvent retirer la médecine, l’agriculture, le commerce et les arts. Suivi d’une biographie des plus célèbres naturalistes. Ouvrage destiné aux médecins, aux agriculteurs, aux commerçans, aux artistes, aux manufacturiers, et à tous ceux qui ont intérêt à connoître les productions de la nature, leur caractères génériques et spécifiques, leur lieu natal, leurs propriétés et leurs usages

Auteur(s) : CUVIER Frédéric

 

CUVIER Georges, LACROIX Sylvestre-François, FOURCROY Antoine-François, CHEVREUL Michel-Eugène, LACEPEDE Bernard-Germain de, BRONGNIART Alexandre, GEOFFROY SAINTE-HILAIRE Etienne, JUSSIEU Antoine Laurent de, LAMARCK Jean-Baptiste de, GERARDIN Sébastien, DUMONT de SAINTE-CROIX Charles, BRISSEAU de MIRBEL Charles-François, DEFRANCE, DAUDIN, DUMERIL André marie Constant, CLOQUET, AUBERT du PETIT-THOUARS, POIRET Jean-Louis Marie, LOISELEUR-DESLONGCHAMPS, MASSEY, JAUMES, TUSSAC François Richard de, LEMAN, DUCHESNE, DESPORTES, TESSIER, DUCROTAY de BLAINVILLE Henri-Marie, CASSINI Henri de, PETIT-RADEL, BEAUVOIS, COQUEBERT de MONBRET, TURPIN, DUVERNOY Georges-Louis, DESMARETS Anselme Gaëtan, BROCHANT de VILLIERS, FLOURENS, VALENCIENNES, LESSON, LEACH, et al.

 Strasbourg, F.G. LEVRAULT, éditeur ; Paris, LE NORMANT, rue de Seine, N°8
 édition originale
  1816-1830
 71 vol
 In-octavo
 demi-basane blonde racinée, dos lisse orné de quadruples filets dorés, jeu de petits filets sunusoïdaux formant filets, larges fleurons dorés, pièces de tête de maroquin chair, pièces de maroquin émeraude, titre et tomaison doré, tranches mouchetées
 1191 planches en noir et blanc et en couleur, dessinées et gravées sous la direction de TURPIN, dessins de TURPIN et PRETRE, gravure de MASSARD, LEGRAND, VICTOR, COUTANT et al.


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Les XVIIIe et XIXe siècles sont des siècles majeurs pour l’étude de la nature, en ayant permis un développement exponentiel des connaissances scientifiques. “L’histoire naturelle”, ainsi dénommée en référence à PLINE l’Ancien, accède peu à peu au statut d’une vraie science dotée de règles, de principes méthodologiques et de classifications. Dans le même temps l’histoire naturelle voit s’étendre son champ de connaissance grâce à de nouveaux moyens techniques et à une meilleure connaissance du monde résultant des explorations.

Centrée à l’origine sur l’observation et la description, l’histoire naturelle se subdivise peu à peu en une série de grands domaines scientifiques qui prennent l’appellation globale de “sciences naturelles”, terme qui finira par s’imposer au cours du XIXe siècle. Ce nouveau domaine recouvre la botanique, la zoologie, la minéralogie, l’anatomie, la biologie et l’astronomie. Grâce à ces sciences désormais structurées, l’objectif des chercheurs se veut plus ambitieux : décrypter, à l’aide d’expérimentations et de démonstrations, l’ensemble des lois naturelles qui régissent le vivant et son environnement. Dans le même temps apparaissent des disciplines spécialisées dérivant de ces branches principales, qui contribuent à améliorer et à compléter le corpus scientifique ; c’est notamment le cas de l’ornithologie, la mycologie, la géologie, la physiologie et l’histologie.

Soucieux de rendre compte de cette réalité nouvelle, le dictionnaire présenté ici propose dans son introduction une définition extensive des sciences naturelles : « Ensemble de toutes les connoissances acquises et comparées sur les productions et le phénomènes de la nature ». Au cours du XVIIIe siècle, les publications de personnalités comme LINNÉ, RÉAUMUR et BUFFON génèrent un grand engouement du public en contribuant à populariser les découvertes et les théories scientifiques sur la nature et le vivant. L’idée d’un dictionnaire d’histoire naturelle restera en germe jusqu’en 1764, date à laquelle VALMONT de BOMARE publie son Dictionnaire raisonné universel d’histoire naturelle. Grand succès de librairie, réédité, copié et traduit en plusieurs langues, cet ouvrage devient le modèle du genre. Mais ce dictionnaire devient rapidement obsolète en raison des découvertes scientifiques successives. C’est alors que libraire DETERVILLE prend l’initiative de réunir une équipe de savants très qualifiés pour élaborer un nouveau dictionnaire, complété, corrigé et surtout actualisé. Les vingt-quatre volumes du Nouveau dictionnaire d’histoire naturelle sont publiés entre 1803 et 1804 et rencontrent d’emblée un vif succès.

Alors qu’achève de paraître ce qu’on appellera bientôt “le Déterville”, un projet concurrent prend forme à l’initiative des libraires LEVRAULT, établis à Strasbourg et Paris. Il aboutira au Dictionnaire des sciences naturelles ici présenté. Au début du premier tome figure une note précisant que « les cinq premiers volumes de cet ouvrage furent publiés dans l’intervalle de 1804 à 1806 », sous forme de souscriptions et de livraisons. Sans qu’on en connaisse les raisons, la rédaction s’interrompt pour ne reprendre que plusieurs années plus tard, à l’initiative de la librairie LEVRAULT de Strasbourg, associée, pour l’occasion, au libraire parisien LE NORMANT. Les premiers volumes sont actualisés à l’aide de suppléments : « C’est par des supplémens que ces cinq premiers volumes ont été ramenés au niveau des connoissances actuelles, et ces supplémens se trouvent placés à la fin de chacun des volumes auxquels ils se rapportent. »

La publication reprenant à un rythme soutenu, ce sont au final 72 volumes, qui sont publiés entre 1816 et 1830, soit : 60 volumes de texte, 11 de planches et 1 de tables (absent de notre exemplaire). En 1845, un supplément, contenant également une biographie des plus célèbres naturalistes, viendra compléter l’ensemble.

D’emblée le projet se veut très ambitieux, voire même encyclopédique. Il s’agit en effet de composer un ensemble « dans lequel toute l’histoire naturelle sera présentée d’une manière abrégée mais complète », compte tenu que « sans un tel ouvrage, il est impossible d’espérer que les vérités, les méthodes et les principes nouveaux, se propagent avec la rapidité désirable ». Il ne s’agit donc rien de moins que de dresser un panorama le plus complet possible des sciences naturelles.

Pour mener à bien cette colossale entreprise on mobilise l’élite des naturalistes et savants français, « plusieurs professeurs du Jardin du Roi, et des principales écoles de Paris ». Frédéric CUVIER, signataire du prospectus, assure la direction de la publication, mais l’œuvre reste avant tout une réalisation collective. La rédaction est partagée par équipes en fonction des spécialités. Ainsi JUSSIEU et BRISSEAU de MIRBEL supervisent la partie consacrée à la botanique, à laquelle collaborent aussi MASSEY, LOISELEUR DESLONGCHAMPS, CASSINI, TUSSAC, AUBERT du PETIT-THOUARS et POIRET.

La zoologie générale, « la partie la plus étendue, et peut-être la plus difficile, comme la plus brillante de l’histoire naturelle », est confiée à Georges CUVIER, le frère de Frédéric, pendant que GEOFFROY SAINT-HILAIRE se consacre aux mammifères, DUMONT aux oiseaux, BLAINVILLE, LAMARCK et DUVERNOY aux vers et aux mollusques, DUMÉRIL aux insectes, DAUDIN, LACÉPÈDE et CLOQUET aux reptiles et aux poissons. Certains autres collaborateurs méritent d’être cités pour l’importance de leurs contributions : le physicien LACROIX, les chimistes CHEVREUL et FOURCROY et le minéralogiste BRONGNIART. Notons enfin que HUMBOLDT et RAMOND, rendus célèbres par leurs expéditions scientifiques, rédigeront quelques articles sur le tard.

Tous les auteurs revendiquent une stricte rigueur scientifique et entendent faire le ménage dans une discipline qui a été encombrée « par des auteurs moins difficiles, et par conséquents plus féconds » auxquels ils reprochent d’avoir diffusé nombre d’erreurs et de contresens. Ils stigmatisent ces compilateurs et publicistes qui, « retirés dans leurs cabinets, seulement avec des livres, renonçant à l’observation, ont cru enrichir le système de la nature, en remplissant ce vaste catalogue de phrases recueillies de toutes parts, sans comparaison, sans examen des autorités dont elles provenoient, et en les accompagnant d’une foule de citations discordantes et souvent contradictoires ».

Tout ce qui est contenu dans l’ouvrage doit avoir été clairement établi par le biais de l’analyse et de l’observation. Cependant cette rigueur n’exclut pas de présenter des hypothèses, à condition qu’elles soient développées par des sources “éclairées” et clairement identifiées. Les rédacteurs ont aussi en commun un souci de clarté et de pédagogie destiné à éviter de créer « un catalogue sec et décharné » ou d’accoucher d’un « recueil de faits plus ou moins bizarres ne remplissant pas même le but stérile d’égayer l’oisiveté de quelques lecteurs ». Les descriptions détaillées prennent en compte les classifications récemment établies, comme celles de LINNÉ, de JUSSIEU et d’ADANSON.

Dès l’origine, les concepteurs du Dictionnaire des sciences naturelles défendent l’idée d’un ouvrage pratique, tourné vers le grand public, mais également destiné à servir au développement agricole, industriel et économique du pays : « Ce dictionnaire deviendra peu à peu l’un des manuels élémentaires de l’agriculteur, de l’économe, et même de l’homme d’État. »

Ce dictionnaire, riche en descriptions, est largement complété par des volumes de planches. La direction du dessin et de la gravure est confiée à TURPIN, qui s’est adjoint les services du peintre PRÊTRE et de graveurs renommés tels que MASSARD et COUTANT.

Notons, pour conclure, que cet ouvrage, malgré son exhaustivité et la renommée de ses rédacteurs, ne va mettre un point final à la production sur le sujet. En effet il sera suivi par le Dictionnaire classique d’histoire naturelle, dirigé par BORY SAINT-VINCENT, publié entre 1821 et 1832, et par le Dictionnaire pittoresque d’histoire naturelle de GUÉRIN-MÉNEVILLE, publié à partir de 1833, lequel fera l’objet d’une réédition, en 1844, sous le titre de Nouveau dictionnaire classique d’histoire naturelle .



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