Rimes, Français (langue)

Dictionnaire des rimes françaises

disposé dans un ordre nouveau, d'après la distinction des rimes en suffisantes, riches et abondantes. Précédé d'un Nouveau traité de versification, composé d'après les meilleurs ouvrages de ce genre

Auteur(s) : LANDAIS Napoléon, BARRÉ Louis

 Paris, DIDIER et Cie, libraires-éditeurs, 33, quai des Augustins
 
  1861
 1 vol. (LII-304 p.)
 In-douze
 chagrin rouge, dos à quatre nerfs, caissons décorés d'étoiles dorées, titre et auteur en lettres dorées
 frontispice allégorique


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Napoléon LANDAIS, fils de ferblantier, débute sa carrière d’écrivain par des romans qu’il publie sous le pseudonyme d’Eugène de MASSY, mais c’est avec la parution en 1834 du Dictionnaire général des dictionnaires français qu’il se fait un nom comme grammairien et lexicographe. Ce dictionnaire rencontrera à son époque un incontestable succès, comme le prouvent les douze éditions successives qui s’échelonneront jusqu’en 1853. L’ouvrage, fruit d’un important travail de compilation, est pourtant critiqué à sa sortie pour son caractère un peu hétéroclite et la qualité inégale des définitions. Malgré ces réserves, ce livre assoit durablement la réputation de linguiste de LANDAIS qui multiplie par la suite les publications sur la grammaire et l’éducation.

En collaboration avec Louis BARRÉ, un écrivain très prolifique qui a déjà participé à l’élaboration de plusieurs dictionnaires, dont le Complément du Grand Dictionnaire des dictionnaires français de Napoléon Landais, il entreprend la rédaction d’un Dictionnaire des rimes. Celui-ci est publié pour la première fois en 1853, aux éditions Didier, mais à titre posthume, LANDAIS étant décédé en août de l’année précédente. L’ouvrage rencontrera son public et connaîtra plusieurs éditions, dont celle ici présentée, datée de 1861.

Publier un dictionnaire de rimes n’est pas une nouveauté. Le XVIIe siècle a déjà vu paraître le Grand dictionnaire des rimes françoises selon l’ordre alphabétique d’Odet de LA NOUE et le Nouveau dictionnaire des rimes longtemps attribué à César RICHELET. Quelques années seulement avant sortie du livre de LANDAIS et BARRÉ avait paru le Petit dictionnaire des rimes d’Édouard SOMMER, qui renouvelait le genre. Désormais l’approche et la méthodologie de ce type d’ouvrage ont quelque peu changé. Il ne s’agit plus uniquement de fournir un outil aux poètes confirmés et aux écrivains, mais de permettre aux lecteurs de comprendre les mécanismes de l’art poétique pour leur permettre d’apprécier au mieux les œuvres existantes et se lancer à leur tour dans la poésie. C’est dans cette perspective pédagogique et linguistique que l’ouvrage débute par un Nouveau traité de versification d’une cinquantaine de pages, qui présente les différents types de vers et de rimes en disséquant le rôle des diphtongues, des enjambements, des hémistiches, des césures, de l’hiatus et de l’élision.

Dans ce dictionnaire, le classement suit un ordre alphabétique tout en regroupant les syllabes qui rendent un son identique même si la finale est muette, comme c’est par exemple le cas du groupe Ment, Mand, Mant. La phonétique prime donc, mais, comme nous nous trouvons dans un domaine littéraire écrit, l’orthographe conserve son importance. C’est ainsi que le “groupe” Oiffe voisine avec Oif, Eure avec Eurre, Eurs et Eurts. Pour clarifier le propos, les nuances de prononciation sont clairement indiquées. Par exemple, la terminaison Is, comme dans Brebis et Rubis, est à distinguer du Is d’Anaïs et d’Artémis. De même, pour le Et d’Alphabet et de Sorbet, qui se différencie du Et d’Aneth et de Seth.

Contenant aussi bien des noms communs que des prénoms et des noms propres, les rubriques sont plus ou moins fournies selon la fréquence de la syllabe. Si Eume n’a que deux termes retenus (Empyreume et Neume), Eur, Eux et Euse occupent quelques pages avec plusieurs dizaines de mots. Ponctuellement, les auteurs joignent un petit commentaire ou une explication complémentaire, en tout petits caractères.

Méprisant les rimes pauvres qui ne sont même pas évoquées, LANDAIS et son comparse ne se limitent au rimes dites suffisantes, et ils élargissent le contenu de leur dictionnaire aux rimes riches : « Des rimes pleines et sonores ont paru plus nécessaires, plus exigibles à mesure que la versification est devenue un métier plus facile. » D’où au final un classement plus fin et plus détaillé que celui adopté par les ouvrages concurrents : « Nous avons subdivisé chaque rime suffisante, commençant par la voyelle, et tant soit peu abondante en mots, en autant des séries qu’il y a de lettres d’appui pouvant précéder la voyelle sonore. »

A contrario, les auteurs pointent le principal danger qui guette le poète en herbe : la tentation de la rime qu’ils qualifient de « surabondante ». Ils explicitent ainsi ce terme : « C’est-à-dire terminer l’un des deux vers par le composé du mot simple qui finit l’autre, ou bien de faire rimer ensemble deux composés du même radical, comme si l’on mariait par exemple dire et redire, philanthropie et misanthropie, etc. ; ce sont là des alliances pour ainsi dire incestueuses que le goût a proscrites. » Afin d’être cohérents dans leur démarche, ils tiennent à indiquer non seulement les terminaisons à rechercher, mais aussi celles dont il faut éviter le rapprochement.

Le Dictionnaire des rimes poursuivra sa carrière avec une édition recensée en 1872, mais d’autres ouvrages vont bientôt prendre la relève comme le Grand dictionnaire des rimes françaises de Ferdinand MORANDINI d’ECCATAGE, daté de 1886, et le Dictionnaire complet, méthodique et pratique des rimes françaises, publié en 1905, de Philippe MARTINON.

En fin d’ouvrage est inséré un petit catalogue d’une vingtaine de pages des parutions des éditions Didier, parmi lesquelles nous retrouvons plusieurs livres de LANDAIS.



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