Gravure (art), Histoire de l'art

Dictionnaire des graveurs anciens et modernes

depuis l'origine de la gravure

Auteur(s) : BASAN Pierre-François

 à Paris, chez l'auteur, rue et hôtel Serpente, CUCHET, libraire, même maison, PRAULT, imprimeur du Roi, quai des Augustins, à l’Immortalité
 seconde édition, mise par ordre alphabétique, considérablement augmentée & ornée de cinquante estampes par différens artistes célèbres, ou sans aucune, au gré de l'amateur (la première édition date de 1767)
  1789
 2 vol : tome 1 Abacco-Luynes (348 p.), tome 2 Maas-Wocker (306 p.)
 In-octavo
 
 deux estampes en frontispice (tome 1 dessinée par COCHIN et gravée par LANGLOIS le jeune ; tome 2 par Pierre DELIN), vignettes allégoriques au début de chaque tome du dictionnaire cinquante gravures hors-texte


Plus d'informations sur cet ouvrage :

C’est auprès du cousin de sa mère, le graveur Étienne FESSARD, que Pierre-François BASAN apprend les techniques de la gravure et du dessin. Il poursuit sa formation chez un autre graveur réputé, Jean DAULLÉ et, à partir de 1747, intègre l’atelier de Michel ODIEUVRE, peintre, graveur, mais aussi marchand d’estampes. Entre 1750 et 1754, il exécute des gravures de reproduction pour  la Galerie du comte de Brühl, ainsi que pour la Galerie royale de Dresde, tout en contribuant à l’illustration de l’Histoire naturelle de BUFFON.

Mais BASAN, conscient des limites de son talent, estime qu’il n’a pas de génie particulier dans l’art de la gravure et qu’il n’est pas suffisamment doué pour réussir une belle carrière artistique. Encouragé par Jean MARIETTE, il décide alors de se lancer dans le commerce de gravures et, de manière plus marginale, dans la vente de peintures. Il écrira plus tard : “La vivacité de mon caractère et mon peu de patience me firent préférer à l’art du graveur la profession de marchand.” Pour se constituer un stock digne d’intérêt, il commence par parcourir la France, la Flandre, la Hollande et l’Italie. Puis, en 1754, il lance son activité, non seulement comme commerçant, mais également et surtout comme éditeur. Il publie des recueils de gravures d’artistes contemporains, des catalogues ou des œuvres classiques qu’il fait illustrer, comme l’édition, restée fameuse, des Métamorphoses d’OVIDE, qui paraît entre 1767 et 1771. Enfin, à partir de 1761, il publie l’Œuvre de BASAN, somme en six tomes qui rassemble plusieurs centaines de gravures d’artistes divers.

Le commerce de BASAN devient vite florissant, favorisé par la vogue de la gravure, en pleine expansion depuis l’invention de l’imprimerie. Au XVIIIe siècle, les estampes et les gravures connaissent un véritable âge d’or qui se prolongera au siècle suivant. La quantité et la qualité des illustrations des livres deviennent des arguments commerciaux déterminants, tandis que les gravures, utilisées comme des tableaux, viennent orner les habitations et constituent des pièces de collection très appréciées dans les cabinets de curiosités. Longtemps considérée en France comme un art mineur, plus proche de l’artisanat que de la création artistique pure, la gravure finit par acquérir définitivement ses lettres de noblesse. Grâce à une production de plus en plus “industrialisée” et meilleur marché, la diffusion des estampes se développe dans toute l’Europe.

Désormais, BASAN ne grave plus que de manière très occasionnelle, et seulement sur des pièces préparées par des collaborateurs. Mais il est devenu un véritable expert en gravures et, à ce titre, il est constamment sollicité pour des ventes ou la constitution de collections. Bien en cour, sa renommée devient même européenne et lui permet de constituer un carnet d’adresses particulièrement bien fourni, qui en fait un personnage central du marché de l’art parisien. Fort de son expertise et désireux de faire mieux connaître les artistes graveurs passés et contemporains, il publie en 1767 un Dictionnaire des graveurs anciens et modernes. Cette première édition, vite épuisée, s’avère être un réel succès, mais il faudra attendre 1789 pour assister à la sortie d’une seconde édition révisée, augmentée et enrichie d’illustrations. Entretemps, notre homme a encore étendu ses activités et s’est associé avec son gendre Étienne-Léon POIGNANT.

BASAN ne prétend pas faire un cours d’histoire de l’art et il renonce d’emblée à être complet car, selon lui, “cet art s’est si fort multiplié chez toutes les nations de l’Europe [il pense en particulier à l’Angleterre, devenue un grand pays de production], qu’il est à craindre que, malgré la correspondance que j’y entretiens, il ne me soit cependant échappé beaucoup d’objets ; la matière est si immense & le travail si étendu que je méritois le titre de présomptueux si j’avois l’amour-propre de croire que rien ne m’avait échappé”. Son ouvrage ne se présente donc pas comme un catalogue général qui recenserait avec soin tous les graveurs et toutes leurs œuvres ; il se limite à présenter les fiches biographiques des graveurs qui ont réalisé ce qu’il appelle les “meilleures pièces”. Se refusant à faire un inventaire exhaustif, il renvoie ses lecteurs au dictionnaire biographique en deux tomes publié, entre 1785 et 1786, par le Britannique Joseph STRUTT, le Biographical Dictionary of Engravers.

Les notices ne s’étendent pas sur la vie personnelle des artistes présentés ; elles se limitent, au mieux, à des informations sur leurs périodes d’activité, leurs maîtres, leurs styles, leurs techniques (eau-forte, bois, burin, pointe sèche, etc.), voire leurs thèmes de prédilection et leurs influences. Certains grands noms méritent un exposé plus développé, comme Jacques CALLOT, Lucas CRANACH, Gérard EDELINCK, Augustin CARRACHE ou REMBRANDT. Ce dernier est un des artistes favoris de BASAN, qui possède 78 cuivres originaux du maître hollandais. Dans chaque fiche, la présentation de l’artiste est suivie par une liste plus ou moins fournie de ses œuvres, dont certaines sont des reproductions de tableaux ou de dessins (d’où l’omniprésence du terme “d’après”). Les graveurs contemporains, français et étrangers, occupent la majorité des entrées du dictionnaire, BASAN ne perdant jamais de vue son intérêt à promouvoir des artistes, qu’il fait travailler ou dont il commercialise les estampes. Pour la seconde édition, celle présentée ici, l’auteur a puisé dans sa collection personnelle pour insérer dans son ouvrage une cinquantaine de reproductions de gravures de personnages célèbres.

Retiré des affaires l’année même de la publication de cette seconde édition, BASAN décède en 1797. Sa collection privée est dispersée l’année suivante, et en 1802 le catalogue de vente de son fonds de marchand dénombrera plus de 1800 pièces. Ses deux fils poursuivront l’entreprise familiale jusqu’en 1809, année où ce dictionnaire sera une dernière fois réédité dans une version remaniée par Henry-Louis BASAN, et augmentée d’une notice de Pierre-Philippe CHOFFARD.

Le livre s’ouvre par une dédicace adressée au comte DURAZZO, ambassadeur impérial auprès de la République de Venise.



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