Lexicographie, Français (langue)

Dictionnaire des écoles

suivi d'un Traité de grammaire française, de réforme de l'orthographe, de grammaire de la réforme orthographique et du Dictionnaire de la réforme

Auteur(s) : LA CHATRE Maurice, HENRICY Casimir

 Paris, en vente à la société du Panthéon de la librairie, rue de La Reynie 26, à la libriarie des Cinq ceentimes illustrés, rue Montmartre 123
 édition originale
  1858
 1 vol (814 p.)
 In-octavo
 demi cuir, dos lisse
 gravures au début de chaque lettre représentant une ville (Alger, Barcelonne, Constantinople, Dublin, etc.)


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Maurice LA CHÂTRE, de son vrai nom DE LA CHÂTRE, est le fils de Pierre Denis DE LA CHÂTRE. Proche des milieux saint-simoniens et fouriéristes, ami personnel de PROUDHON, il fera état toute sa vie, à travers son activité d’éditeur, d’écrivain et de lexicographe, de fortes convictions socialistes, anticléricales et libertaires. En 1852, il installe un phalanstère dans son château d’Arbanats. En 1872, il est également le premier en France à éditer le Capital de Karl MARX.

Ayant souvent des démêlés avec la justice, il est même contraint de s’exiler à plusieurs reprises. C’est ainsi que Les mystères du peuple, d’Eugène SUE , dont il est l’éditeur, sont saisis et détruits en 1857 pour immoralité et outrage aux mœurs et à la religion. À partir de 1852, LA CHÂTRE se consacre à l’élaboration et à la publication d’une série de dictionnaires. Il s’attaque initialement à un Dictionnaire universel, originellement intitulé Dictionnaire du peuple, puis, à partir de 1856, à un Dictionnaire français illustré, tout en entamant la prévente du Dictionnaire des écoles, ici présenté, qui est commercialisé en 1858.

Du fait de ses nombreux problèmes judiciaires, LA CHÂTRE voit son activité d’édition quasi suspendue entre 1858 et 1864. L’exemplaire conservé à la BnF comporte une indication de la date 1868 sur la couverture, ce qui laisse supposer qu’il n’a effectivement paru qu’à cette date, produit par la maison d’édition “Les docks de la librairie” qu’il fonde au retour de son exil espagnol. La page de titre indique un prix pour le Dictionnaire des écoles, un autre pour « les appendices et le Dictionnaire de la réforme » et un troisième pour les deux réunis. Beaucoup d’interrogations demeurent sur cet ouvrage qui reste rare sur le marché du livre ancien. Elles portent aussi bien sur sa genèse que sur sa portée réelle ou sur sa diffusion.

Une des curiosités de ce dictionnaire réside dans la dédicace, datée de 1856, adressée par l’auteur à sa fille Amélie alors âgée de 6 ans. Il s’agit d’une série de préceptes et d’arguments pour une éducation libre, fondée sur la fraternité et l’égalité et guidée par une « religion naturelle ». On y lit ainsi : « Souviens-toi que nulle parmi les ouvrières, tes sœurs, ne t’est inférieure, que nulle parmi ces femmes, que les préjugés sociaux placent au plus haut rang n’est au-dessus de toi. Tu es l’égale de toutes et toutes sont tes égales » ou encore « Mieux vaut pour une femme renoncer au mariage que de prendre un maître dans l’homme qu’elle a choisi. »

PROUDHON, peu convaincu par l’autoritarisme moralisateur de LA CHÂTRE, laissera des commentaires critiques sur ce préambule : « Je ne puis laisser passer sans protestations les leçons du père quand il y va du salut de la fille, et je crois en mon âme et conscience que la nourriture spirituelle que vous donnez à cette chère enfant est malsaine. » Si les articles ne comportent que peu d’exemples et pas de citations, l’auteur fait figurer entre parenthèses pour chaque mot la prononciation phonétique dont il pose les principes de transcription en préambule du dictionnaire. Les quelques 37 000 mots de la nomenclature comprennent aussi bien des noms propres que des noms communs. Les notices sont le plus souvent très brèves voire liminaires, du style « Barcelone (barselone) : ville d’Espagne. »

L’ouvrage apparaît comme une ébauche inachevée qui n’était destinée à prendre toute son ampleur qu’ultérieurement associée à une partie consacrée à la réforme de l’orthographe. Cette dernière, annoncée mais absente ici, n’a jamais vu le jour ou du moins a disparu sans laisser de trace. Elle devait initialement être rédigée par Casimir HENRICY, membre de la Tribune des linguistes, militant socialiste et défenseur d’un réforme radicale de l’orthographe qu’il considérait comme un préambule nécessaire au changement de la société.



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire