Histoire de l'art

Dictionnaire des artistes

ou Notice historique et raisonnée des architectes, peintres, graveurs, sculpteurs, musiciens, acteurs & danseurs ; imprimeurs, horlogers & méchaniciens

Auteur(s) : FONTENAY Louis-Abel BONAFOUS de

 à Paris, chez VINCENT, imprimeur-libraire, rue des Mathurins, hôtel de Clugny
 édition originale
  1786
 2 vol : tome 1. A-K (XII-772 p.), tome 2. L-Z (795 p.)
 In-octavo
 cuir fauve, dos à cinq nerfs, caissons ornés de motifs floraux dorés
 bandeaux décoratifs, culs-de-lampe


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Plus connu sous le nom de plume de l’abbé de FONTENAY, parfois écrit FONTENAI, Louis-Abel de BONAFOUS entre dans l’ordre des jésuites. À la dissolution de la compagnie, il décide de se consacrer à l’écriture et entame sa nouvelle carrière par des recueils et des compilations. En 1774, il est l’auteur des Antilogies et fragmens philosophiques, un ensemble de quatre tomes de textes consacrés à la religion, aux sciences et aux arts. Deux ans plus tard, sans doute suite à une commande du même éditeur, il signe le livre ici présenté, le Dictionnaire des artistes.

Dans cet ouvrage de vulgarisation, l’auteur n’entend pas s’étendre sur la théorie et la philosophie de l’art. Au-delà du simple désir de satisfaire la curiosité de ses lecteurs, il veut présenter un panorama apte à fournir aux apprentis artistes des modèles à égaler ou à surpasser. C’est ainsi qu’il définit l’objet de son dictionnaire : « Les règles du vrai, du beau, y sont tracées, non par le moyen de ces discussions métaphysiques, ou de ces analyses froides, sèches & peut-être rebutantes, mais à l’aide de mille exemples lumineux, frappants, & beaucoup plus instructifs que les préceptes. » Le Dictionnaire des artistes constitue une petite encyclopédie de poche, dans laquelle nous retrouvons des notices biographiques, un résumé de l’histoire de certaines disciplines comme la danse et l’architecture, la présentation de différentes académies françaises et étrangères, etc. L’auteur remonte aux temps bibliques — le roi DAVID bénéficie d’une fiche comme poète et musicien — sans dédaigner les personnages mythologiques comme DÉDALE.

La démarche de FONTENAY ne présente rien de novateur en un siècle qui voit se multiplier les dictionnaires thématiques destinés à un très large public. De plus l’ouvrage, dépourvu d’illustrations, s’avère n’être qu’une compilation élaborée à partir d’un grand nombre de sources énumérées dans la préface. Cependant l’originalité de ce dictionnaire tient au parti-pris de l’auteur sur la notion même d’artiste qui, pour lui, ne se cantonne pas aux beaux-arts. C’est ainsi qu’il justifie son choix : « C’auroit été une justice de notre part si, nous bornant à parler… de tous ceux qui ont cultivé les arts agréables, nous avions laissé les méchaniciens dans l’oubli. On a le droit de s’étonner du silence qu’on a gardé à leur égard dans presque tous les ouvrages consacrés où il est question d’artistes. Cependant les méchaniciens ne méritent-ils pas autant d’éloges que ceux qui ont eu pour objet les arts d’imitation ? Sans parler des services réels qu’ils rendent à la société, combien de chefs-d’œuvre n’ont-ils pas exécutés, combien d’ouvrages singuliers, prodigieux même, qui méritent toute la reconnoissance & l’admiration éternelle des hommes ? »

À côté des peintres, architectes, sculpteurs et graveurs, il n’hésite pas à faire figurer dans son ouvrage des artisans et des scientifiques qui se sont particulièrement illustrés dans l’exercice de leur métier. C’est ainsi qu’il met à l’honneur des imprimeurs et des typographes comme Guillaume LE BÉ, la dynastie ESTIENNE et Jean CAMUSAT, des horlogers tels Julien LE ROY et Henry SULLY, des ingénieurs comme Amédée FRÉZIER et même des mathématiciens comme Athanase KIRCHER et ARCHIMÈDE.

Si FONTENAY n’oublie pas les musiciens et même les danseurs, c’est le monde du théâtre et de l’opéra qui retient particulièrement son attention. Il s’attarde, parfois longuement, sur un grand nombre d’acteurs célèbres en leur temps, tels que Christine DESMARES, Adrienne LECOUVREUR, ou encore Michel BARON. L’auteur a pu puiser une abondante matière dans les Anecdotes dramatiques de Joseph de LA PORTE et Jean-Marie-Bernard CLÉMENT, parues l’année précédente.

Après la parution de son Dictionnaire des artistes, FONTENAY continuera à rédiger des compilations d’ouvrages historiques et géographiques. En 1786, il sera l’auteur de Galerie du Palais-Royal gravée d’après les tableaux des différentes écoles qui la composent, avec un abrégé de la vie des peintres et une description historique de chaque tableau, catalogue commenté de la collection d’art des ducs d’ORLÉANS. En parallèle à sa carrière d’écrivain, il réussira également à se faire une place dans le journalisme. En 1779, il succèdera à Anne-Gabriel MEUSNIER de QUERLON à la tête de la rédaction de l’hebdomadaire Les affiches de province. Sous sa direction, ce journal deviendra le Journal général de France. Bien que favorable aux idées nouvelles, la publication marquera son opposition à la Révolution et ne cachera pas son mépris pour les assemblées. À la chute de la monarchie, le 10 août 1792, il abandonnera toute activité journalistique et éditoriale et restera émigré plusieurs années durant. Rentré en France après le 18 brumaire, il reprendra l’écriture, jusqu’à son décès en 1806.

Ex-libris au nom de Jules HENISSART, avec un blason accompagné d’une devise : « Le droict chemin ».



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