Chimie, Sciences et techniques

Dictionnaire de chimie pure et appliquée

comprenant la chimie organique et inorganique, la chimie appliquée à l'industrie, à l'agriculture et aux arts de la chimie analytique, la chimie physique et la minéralogie

Auteur(s) : WURTZ Adolphe Charles, FRIEDEL Charles

 

BOUIS Jules, CAVENTOU Eugène, CLERMONT Jules de, DEBRAY Henri, DEHÉRAIN Pierre-Paul, DELAFONTAINE Marc, DEMARCAY Eugène, ÉTARD Alexandre, GAUTIER Armand, GIRARD Charles, DELAIRE, GRIMAUX Édouard, HANRIOT Maurice, HAUTEFEUILLE Paul, HENNINGER Arthur, KOPP André, KOPP Émile, LALANDE F. de, LAUTH Charles, LE BEL Joseph-Achille, LE BLANC Félix, NAQUET Alfred, SALET Georges, SCHUTZENBERGER Paul, TCHERNIAG J., docteur THIERCELIN, TROOST Louis Joseph, VOGT G., WASSERMANN M., WILL Edmond, SALET, CLEVE Per Teodor, FAUCONNIER Ad., OESCHSNER de CONINCK William, ADAM P., ARNAUD A., BÉHAL Auguste, BECHI, BIGOT A., BOURGEOIS L., CLOEZ, COMBES, GALL Henry, GRINER G., GUYE Philippe, HALLER Albin, HUGOUNENQ louis, LAMBLING Eugène, LINDET Léon, MAQUENNE L., MEUNIER, MIQUEL Pierre, MOISSAN Henri, NOELTING Emilio, REVERDIN Frédéric, TICHARD, DÉPIERRE, ROUX, SAINT-PIERRE O., VINCENT C.

 Paris, librairie HACHETTE et Cie, 79, boulevard saint-Germain
 édition originale
  1874-1908
 14 vol (près de 12000 p.)
 In-quarto
 basane noire, dos à conq nerfs, filets dorés, titres et tomaisons en lettres dorées
 environ 1400 vignettes et planches dans le texte et hors-texte


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Issue de l’alchimie, qui était largement répandue pendant le Moyen-Âge, la chimie va s’en détacher progressivement à partir de la Renaissance pour acquérir le statut d’une science à part entière. Elle franchit un cap au cours du XVIIIe siècle avec l’abandon de la théorie phlogistique dénoncée par Antoine LAVOISIER, auteur en 1787 d’une méthode de nomenclature chimique. Cet ouvrage proposait une classification méthodique des éléments qui, associée à son Traité de chimie élémentaire daté de 1789, ouvrait véritablement la voie à la chimie moderne. Désormais il existera une distinction entre corps simples et corps composés, lesquels après analyse peuvent être eux-mêmes décomposés en corps simples.

A l’inverse, en combinant les corps simples, les chimistes découvrent la possibilité de synthétiser des corps composés. Dès lors, la chimie connaît un essor sans précédent lié à l’avènement de la Révolution industrielle. De grands savants, tels que GAY-LUSSAC, DALTON, BERZELIUS, BALARD, DAVY et DUMAS, portés par la découverte de nouvelles lois parviennent à synthétiser de nouveaux éléments. Parmi les dictionnaires de chimie déjà en vogue au XVIIIe siècle, il est possible de citer ceux de l’allemand Martin Heinrich KLAPROTH, de l’anglais William NICHOLSON et, pour la France, le dictionnaire de Pierre-Joseph MACQUER . Le rythme des progrès et des découvertes réalisés nécessitent une mise à jour permanente des connaissances et la diffusion des avancées les plus récentes. Dans les faits, la chimie se trouve être souvent intégrée à d’autres sciences, comme la physique, la médecine ou les sciences naturelles mais elle peut aussi être étudiée comme un domaine de recherche et d’activité, telles la chimie industrielle ou la chimie médicale ou comme une branche spécifique, telles la chimie organique, minérale ou analytique.

Premier éditeur européen, la librairie Hachette ambitionne de publier un grand dictionnaire de chimie. La direction de l’ouvrage est confiée à une des sommités scientifiques françaises de l’époque, Charles Adolphe WURTZ. Après avoir abandonné ses études de théologie pour la médecine, celui-ci se consacre avec assiduité à l’étude de la chimie et passe en 1843 une thèse de doctorat consacrée à la chimie organique. Étudiant sous la direction de Justus VON LIEBIG, il s’établit à Paris où il devient l’assistant de Jean-Baptiste DUMAS. Quelques années plus tard, WURTZ dispense avec brio des cours de chimie organique et obtient en 1853 un poste d’enseignant permanent à la faculté de médecine. Il effectue un certain nombre de découvertes scientifiques qui lui assureront une grande notoriété comme la synthèse de l’éthylène-glycol, la théorie de l’aldolisation et bien sûr la réaction de Wurtz.

Doyen de la faculté de médecine en 1866 et membre de l’Académie de sciences l’année suivante, c’est au titre d’autorité scientifique reconnue que lui est confiée l’élaboration du dictionnaire de chimie. L’éditeur lui donne les moyens de recruter de grands scientifiques venant du monde de la chimie, de la pharmacologie, de l’ingénierie industrielle, de la médecine, de l’agronomie et du monde universitaire. C’est ainsi que des signatures célèbres participent à l’aventure : Charles FRIEDEL, Pierre-Paul DEHÉRAIN, Paul HAUTEFEUILLE, Alexandre ÉTARD, Charles LAUTHMarc DELAFONTAINE, Joseph-Achille LE BEL, Paul SCHUTZENBERGEREugène DEMARCAY et Édouard GRIMAUX.

Initialement vendu par fascicules, les cinq volumes du Dictionnaire de chimie pure et appliquée sont publiés entre 1869 et 1874. La matière étant abondante et les développements industriels rapides, il est décidé de mettre un supplément en chantier. Un premier tome de supplément est publié en 1880 et, bien que WURTZ soit décédé en 1884, le second tome sorti en 1886 porte son nom. Dès lors le “Wurtz“, devenu le dictionnaire de référence sur le sujet, un deuxième supplément en sept volumes cette fois est publié entre 1892 et 1908. C’est FRIEDEL, ami personnel de WURTZ et son collaborateur pour les éditions précédentes, qui prend la tête d’une équipe largement renouvelée avec notamment la présence d’Auguste BÉHAL, Albin HALLER, et Henri MOISSAN.

Comme indiqué dans le sous-titre, l’objectif recherché consiste à réaliser une synthèse la plus complète possible de la chimie pure et de la chimie appliquée, de la théorie et des applications pratiques. Au delà de la grande distinction entre l’organique et l’inorganique, autrement dénommé le minéral, il s’agit de décrire en détail les applications de la chimie dans les domaines industriels, agricoles et pharmaceutiques. D’où de longs développements sur la métallurgie, les minerais et les alliages comme le zinc et l’acier, accompagnés de descriptions détaillées des techniques, des méthodes et des expériences.

Bien plus qu’un vocabulaire de chimie, nous sommes ici en présence d’une véritable petite encyclopédie qui traite son sujet en profondeur. Dans l’introduction il est écrit que, plus qu’un dictionnaire, cet ouvrage “est un recueil de monographies plus ou moins étendues, ayant trait aux divers objets dont s’occupe la chimie, et faites par des auteurs spéciaux et compétents”. Pour exemple, le chapitre consacré à l’argent n’occupe pas moins de18 pages pour décrire les dérivés, alliages, oxydes, sulfures, sels de ce métal et détailler les différents techniques de traitement du minerai, d’amalgamation et de métallurgie.

Bien que ce dictionnaire s’adresse à un large lectorat, il se révèle difficile d’accès sans un bagage élémentaire en chimie. Malgré les renvois, les tableaux et les illustrations, les explications sont pointues, techniques et émaillées d’un très grand nombre de formules et d’équations. Avis aux amateurs !

Ce dictionnaire fera date par le fait que WURTZ y défend la théorie de l’atomicité, encore relativement récente et non encore universellement adoptée. Il rédige de sa main trois articles : Atomicité, Théorie atomique, Poids atomique prenant le risque de rendre son ouvrage en partie obsolète si cette théorie était infirmée par la suite.

Le Dictionnaire de chimie pure et appliquée est précédé d’un long discours préliminaire de 86 pages qui débute par une Histoire des doctrines chimiques depuis LAVOISIER et récapitule les grandes étapes de l’avènement de la chimie moderne.



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire