Astronomie

Dictionnaire d’astronomie à l’usage des gens du monde

d'après W. et J. HERSCHEL, LAPLACE, ARAGO, HUMBOLDT, LEVERRIER, FRANCOEUR, SCHUMACHER, STRUVE, NURNBERGER, MITCHELL, et autres auteurs les plus modernes ; précédé d'un Abrégé historique de la science et de nouvelles conjectures sur les formations planétaires

Auteur(s) : GUYNEMER A.-M.-A.

 Paris, chez Firmin-Didot frères, fils et Cie, éditeurs, imprimeurs de l'Institut de France, rue Jacob, 56
 deuxième édition, revue avec soin et considérablement augmentée
  1857
 1 vol (XXXIX-558 p.-VIII)
 In-octavo
 demi-cuir, dos lisse avec filets dorés, pièce de titre de maroquin rouge
 avec figures et planisphères


Plus d'informations sur cet ouvrage :

L’astronomie est une activité humaine très ancienne qui a été pratiquée sur tous les continents. Entre le XVIe et la fin du XVIIe siècle, elle devient une véritable science moderne, grâce au perfectionnement d’instruments d’observation, de calcul et de mesure, mais surtout aux travaux de Nicolas COPERNIC, GALILÉE, Tycho BRAHE, Johannes KEPLER et Isaac NEWTON. Pendant le Siècle des lumières, les découvertes fondamentales se font moins nombreuses, car l’époque est désormais à la synthèse et à la vulgarisation d’une science appréciée des savants et des philosophes. C’est à cette époque que se constitue un véritable réseau international d’observatoires, qui permet de compléter la cartographie du ciel.

À la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe, apparaît une nouvelle génération d’astronomes qui réalise des avancées significatives ; nous citerons en particulier William HERSCHEL, Pierre-Simon de LAPLACE, John MICHELL, François ARAGO, Alexander von HUMBOLDT et Urbain LE VERRIER. En parallèle, des initiatives se multiplient pour vulgariser cette science auprès d’un large public, sous la forme de cours gratuits et de publications. C’est ainsi que le Traité philosophique d’astronomie populaire d’Auguste COMTE est publié en 1844, suivi entre 1854 et 1857 par l’Astronomie populaire d’ARAGO. À côté de ces deux ouvrages de référence, un autre ouvrage, publié en 1852, tente de s’imposer sur le marché : le Dictionnaire d’astronomie à l’usage des gens du monde. Il aura suffisamment de succès pour qu’une seconde édition, enrichie et plus illustrée – celle présentée ici -, soit publiée en 1857.

Ce livre est signé par un certain A.-M.-A. GUYNEMER, dont nous ne savons quasiment rien. Seul indice, son Dictionnaire du bon républicain, daté de 1849, nous permet de savoir que nous avons affaire à un farouche républicain et anticlérical militant. Dans notre ouvrage, il se fait le promoteur d’une astronomie moderne qu’il place au cœur du progrès scientifique : “Comment, en effet, ne pas s’intéresser à des connaissances si généralement utiles dans leurs applications journalières à la vie civile ? Pourrait-on, sans elles, régler le cours du temps, l’heure du travail, du repos et des affaires ; connaître par avance l’étendue des éclipses et la hauteur des marées ; se guider vers les contrées lointaines dont les productions alimentent le commerce et l’industrie, en répandant dans toutes les classes de la société l’aisance et le bien-être ?”

Dans le même ordre d’idées, il juge également que l’enseignement et la vulgarisation des principes de l’astronomie, désignée par lui comme la “reine des sciences“, sont indispensables pour mettre fin aux conceptions superstitieuses de l’organisation de l’univers et des phénomènes naturels, toujours très vivaces dans la population :”Orgueil de l’esprit humain, la véritable astronomie n’a-t-elle pas délivré les peuples des terreurs occasionnées jadis par l’apparition des météores ou des comètes, que l’ignorance considérait comme des signes de la colère divine ? N’a-t-elle pas dissipé les rêves et les erreurs de l’astrologie judiciaire ? Ne combat-elle pas incessamment les préjugés comme les fausses prédictions, qui trouvent encore trop de créance, même parmi les classes que plus d’étude et d’instruction devrait en préserver ?”

GUYNEMER juge indispensable de faire précéder le dictionnaire d’un long rappel historique des progrès de l’astronomie depuis la haute Antiquité, et d’une brève présentation des différents systèmes planétaires identifiés. Dans ses définitions, bien que guidé par un esprit de vulgarisation, il entend être complet, au risque d’abuser parfois d’un vocabulaire technique et de longues explications. Au final, son lectorat potentiel se compose de lecteurs dotés d’un bon niveau d’études plutôt que d’un public populaire.

L’auteur s’attarde sur les termes spécifiques à l’astronomie, sur la plupart des différents astres et constellations connus, mais il consacre aussi de brèves notices aux grands astronomes. Il prend également grand soin d’expliquer l’origine “céleste” des phénomènes météorologiques et des marées. Notons que, si l’existence de Neptune a été démontrée en 1846, ce n’est pas encore le cas de la planète Pluton, absente du dictionnaire. Il en est de même pour les éruptions solaires, dont la première ne sera observée qu’en 1859. Outre les cartes du ciel et des planisphères de la Lune, le livre propose la reproduction d’étonnants dessins réalisés par lord ROSSE d’après ses observations.

Après cette publication, GUYNEMER sera encore l’auteur d’un Dictionnaire des incrédules en 1869, ouvrage très clairement anticlérical présent sur Dicopathe. En 1880, Camille FLAMMARION, s’inspirant du travail d’ARAGO, publie une Astronomie populaire qui rencontrera un très grand succès, devenant le grand ouvrage de référence sur le sujet.

Quelques extraits d’articles

– Aérolithes : On cite des aérolithes fort extraordinaires par leur grosseur. Le sixième volume des Transactions philosophiques rapporte qu’un de ces corps, dont le volume fut estimé à plus de soixante millions de quintaux métriques, est passé à 36 kilomètres de la Terre, avec une vitesse de 28 kilomètres par seconde : le choc d’une telle masse aurait eu certainement de graves conséquences pour notre planète.

– Lune : S’il pouvait y exister des habitants, ils verraient la Terre treize fois plus grande que nous ne voyons la Lune, et leur clair de terre y serait treize fois plus intense que pour nous la pleine lune ; alors ils ne pourraient apercevoir les étoiles qu’en se transportant dans l’hémisphère qui nous est opposé.

– Transparence : Chacun a pu remarquer aussi que l’apparition des montagnes éloignées, qui ne sont pas ordinairement visibles, est le présage d’une pluie prochaine ; cette pureté apparente de l’atmosphère indique qu’en réalité elle est chargée de globules aqueux, dont les réfractions multipliées font l’effet d’un verre de lunette. Ainsi, lorsque de Lyon on voit distinctement le mont Blanc ou la chaîne des Basses-Alpes, on est presque assuré de la pluie pour le lendemain.



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire