Architecture, Hydraulique

Dictionnaire d’architecture civile et hydraulique

et des arts qui en dépendent ; comme la maçonnerie, la charpenterie, la menuiserie, la serrurerie, le jardinage etc., la construction des ponts & chaussées, des écluses, & de tous les ouvrages hydrauliques. Ouvrage servant de suite au Cours d'architecture du même auteur.

Auteur(s) : AVILER Augustin Charles d'

 à Paris, chez Charles-Antoine JOMBERT, imprimeur-libraire du Roi pour l'artillerie & pour le génie, rue dauphine, à l'image Notre-Dame
 nouvelle édition corrigée, & considérablement augmentée (la première date de 1691)
  1755
 1 vol (XIV-366 p.)
 In-quarto
 veau fauve marbré, dos à cinq nerfs, caissons ornés de motifs dorés
 bandeaux décoratifs, culs -de-lampe


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Augustin-Charles d’AVILER, ancien élève de BLONDEL, futur auteur d’un célèbre Cours d’architecture, voit très jeune ses talents reconnus. Âgé de vingt ans, il est envoyé à l’Académie de Rome pour parfaire son art, mais son bateau est arraisonné par des Barbaresques et il connaît seize mois d’esclavage. Libéré, il rejoint l’Italie où il passe cinq années avant de retourner en France pour travailler sous les ordres de MANSARD. Soucieux de recouvrer son indépendance, il se rend dans le Languedoc où l’intendant lui confie plusieurs chantiers prestigieux, dont le réaménagement du palais archiépiscopal de Toulouse et l’arc de triomphe du Peyrou à Montpellier. En 1693, il accède au rang d’architecte “officiel” de la province de Languedoc.

Il se fait connaître pour ses travaux théoriques et pour une traduction remarquée de l’œuvre de SCAMOZZI. En 1691 il publie son Cours d’architecture dans lequel il reprend la théorie des cinq ordres de l’architecture antique développée par l’italien VIGNOLE. Parachevant la première partie constituée d’un manuel de l’architecte, le second tome de ce livre intitulé Explication des termes d’architecture est un véritable petit dictionnaire recensant les termes professionnels spécifiques utilisés dans le bâtiment.

Plus complet que celui de FÉLIBIEN, l’ouvrage d’AVILER constitue le premier vrai lexique consacré de manière méthodique et exclusive à l’exercice du métier d’architecte. Depuis la création de l’Académie d’architecture en 1671 et la reconnaissance d’un métier spécialisé, l’ensemble de la profession travaille à l’établissement d’une langue commune qui rassemblerait et unifierait « les termes des ouvriers et les termes des auteurs ». Le dictionnaire, genre alors en pleine expansion au XVIIe siècle, semble le meilleur moyen d’atteindre cet objectif. Comme le résume le discours préliminaire : « Après l’examen le plus sévère des meilleurs moyens de développer les connoissances humaines, celle qui procède par ordre alphabétique a été estimée la meilleure. » Encyclopédique mais rédigé de manière claire et accessible au plus grand nombre, le livre d’AVILER répond ainsi à cette demande et devient rapidement un classique, réédité pendant plusieurs décennies. Bien que retravaillé par LE BLOND, qui y apporte des corrections, le texte publié restera celui d’origine.

En 1755, le libraire parisien JOMBERT réédite isolément la partie dictionnaire, sous le nouveau titre de Dictionnaire d’architecture civile et hydraulique, après en avoir fait remanier partiellement le contenu ; il s’agit de l’ouvrage ici présenté. Quelques coupes ont été réalisées dans le texte, en particulier dans les références à VITRUVE et dans les articles concernant la peinture, la sculpture et les mathématiques sans rapport direct avec l’architecture. Les définitions y ont été mises à jour pour prendre en compte l’évolution des sciences et des techniques. Répondant aux demandes de l’École royale des ponts-et-chaussées, créée en 1747, cette nouvelle version intègre le vocabulaire des ingénieurs, notamment celui qui se réfère à l’“architecture hydraulique”.

Le jardinage, ou plutôt l’art de concevoir et bâtir les jardins, sujet négligé par AVILER, y est désormais largement développé. Le discours préliminaire justifie ce choix : « Tout est sacrifié, dans les ponts-et-chaussées, à la meilleure manière d’empêcher les dommages sourds causés par les eaux, & de vaincre les efforts violens de leur subtilité & de l’impétuosité de leur course. Dans l’architecture civile, à la solidité, on joint le commode & l’agréable. Ceci demande assurément un goût, une finesse de sentiment que ne comporte pas la construction d’une écluse ou celle d’un aqueduc. Voilà le point qui distingue l’architecture hydraulique de l’architecture civile, & qui réunit celle-ci avec la décoration des jardins. Un jardin tient à un édifice & en fait partie. »

Dans ce dictionnaire, la théorie et la pratique sont étroitement associées, équilibrant ainsi les deux fonctions de l’architecte : celle de savant et de maître d’œuvre. Les articles portent sur la construction en elle-même, essentiellement la menuiserie, la maçonnerie, la décoration, mais aussi sur l’“art de passer sur les eaux” ou l’“art d’arrêter les eaux”. Il est intéressant d’observer l’avènement progressif d’un confort plus sophistiqué, comme en témoignent la multiplication de pièces spécialisées ou l’apparition de toilettes “modernes”. (voir l’exemple ci-dessous). Ce dictionnaire ne se limite pas aux maisons d’habitation, mais s’intéresse également aux palais, aux parcs urbains, aux bâtiments officiels et industriels.

Très peu de temps après cette parution, en cette même année 1755, JOMBERT publie un Dictionnaire portatif de l’ingénieur, censément rédigé par le célèbre BÉLIDOR mais se révélant en réalité n’être qu’une simple compilation du livre d’AVILER. Revu et augmenté, cet ouvrage sera réédité en 1768.

Exemple de définition

AISANCE, s. f. Lieu commun ou de commodité, ordinairement au rez de chaussée, ou auprès d’une garde-robe, ou au haut d’un escalier. Dans les maisons ordinaires elle se pratique dans les angles de l’escalier. Mais dans les Hôtels & les Maisons de distinction, elles sont dans les petits escaliers & jamais dans les grands. Dans les Maisons religieuses & les Communautés, les Aisances sont partagées en plusieurs petits cabinets de suite, avec une culière de pierre percée pour la décharge des urines. Elles doivent être carrelées, pavées de pierre, ou revêtues de plomb, & en pente du côté du siège, avec un petit ruisseau pour l’écoulement des eaux dans la chaussée percée au bas de la devanture. Il y a, pour plus de propreté, une auge ou culière de pierre ou de plomb à hauteur du siège, pour y pouvoir uriner sans salir la lunette.

Dans les bâtimens modernes les aisances sont dans les garde-robes où elles tiennent lieu de chaises percées. Elles sont très-propres. Leur forme est une banquette, dont le lambris se lève & cache la lunette. La chausse d’aisance est fort large, & descend jusques à l’eau pour empêcher la mauvaise odeur. On y pratique de larges ventouses. Le boisseau, qui tient à la lunette, est en forme d’entonnoir renversé, & soutenu par un cercle de cuivre à feuillure, dans lequel s’ajuste une soupape de cuivre, qui s’ouvre & se ferme en levant & fermant le lambris de dessus ; ce qui empêche la communication de la mauvaise odeur. On pratique dans quelque coin de ces lieux, ou dans les entresols d’au-dessus, un petit réservoir d’eau d’où l’on amène une conduite, sous laquelle l’on en branche une, qui vient s’ajuster au-dessus de la soupape ; & au moyen du robinet, on lave les urines qui pourroient s’être attachées au boisseau & à la soupape. Il y a encore une autre conduite, qui vient s’ajuster aussi dans le boisseau. A son extrémité est un robinet ployant, qui se tire au moyen d’un registre, vers le milieu du boisseau : ce qui sert à se laver ou à l’eau chaude, ou à l’eau froide suivant son choix. Les robinets s’appellent flageolets. A Paris, aux Hôtels de Тalamon, de Villars, de Villeroi, les aisances sont de marbre & de pierre de liais, revêtue de menuiserie ou de marqueterie, ornée de bronze.



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