Amour

Dictionnaire d’amour

Auteur(s) : GIRARD de PROPRIAC Catherine-Joseph-Ferdinand

 J.H. CHAUMEROT, libraire, palais du Tribunat, galeries de bois, n°188
 seconde édition (la première date de 1807 )
  1808
 1 vol (278 p.)
 In-douze
 veau, dos lisse avec motifs et filets dorés
 gravure colorée en frontispice représentant Vénus et Cupidon


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Né à Dijon vers 1759 dans une famille d’origine noble, Catherine-Joseph-Ferdinand GIRARD de PROPIAC est connu comme littérateur, c’est-à-dire un auteur touche-à-tout. Également compositeur, il connaît un certain succès dans l’Opéra-Comique. En 1791, il émigre pour rejoindre l’Armée des princes. Après la dispersion de cette dernière, il passe plusieurs années en Allemagne, avant de revenir en France où, grâce à l’appui de Nicolas FROCHOT, il obtient une place d’archiviste à la préfecture de la Seine. Dès lors, il va, parallèlement à son activité professionnelle, multiplier les publications, dont des traductions ou des compilations sur les sujets les plus divers. Parmi une production quelque peu éclectique, qui lui permet de mettre à profit sa grande érudition littéraire, nous retrouvons un Dictionnaire d’amour, publié à Paris en 1807 chez l’éditeur J.H. CHAUMEROT installé au Palais-Royal. Il s’agit de l’ouvrage présenté ici. Une seconde édition, prétendument « revue et considérablement augmentée », mais en réalité identique à la première mis à part le frontispice, sera publiée l’année suivante.

Volontiers lyrique, c’est en ces termes que l’auteur justifie sa démarche dans un court avant-propos : “Tous les arts, toutes les sciences ont leur dictionnaire ; pourquoi l’amour n’aurait-il pas le sien ? N’a-t-il pas un choix de mots qui lui appartiennent essentiellement ?” Malgré cette assertion, il est pourtant loin d’être le premier à consacrer un dictionnaire sur le sujet déjà traité par Jean-François DREUX du RADIER en 1741, ou encore par Pierre Sylvain MARÉCHAL  en 1788.

GIRARD de PROPIAC propose des définitions élégantes et poétiques, s’apparentant parfois à des mots d’esprit ou des maximes. Multipliant les citations, il insère dans les articles de longs extraits de ses auteurs favoris – CATULLE, LA ROCHEFOUCAULT, LA BRUYÈRE, etc. – et même parfois des compositions de son cru. Si l’ouvrage est très classique dans la forme, son style nous semble aujourd’hui emphatique voire très ampoulé. Les références et les allégories mythologiques donnent à l’ouvrage une teneur très “littéraire”, et le lyrisme dont il use en pleine vogue du romantisme nous semble aujourd’hui quelque peu “daté”.

Joueur invétéré, GIRARD de PROPIAC se démènera toute sa vie dans des difficultés financières, qui ne sont sans doute pas étrangères au côté pléthorique de sa production – souvent des commandes de libraires – d’une qualité très variable. Il mourra à Paris d’apoplexie en octobre 1823.

Quelques extraits

– Avare. Ah ! quel que soit le Dieu qui donna la beauté à une femme avare, il cacha la volupté sous une foule de maux : de là sont nés les pleurs et les querelles, de là tout ce qui déshonore l’amour. Mais toi qui exclus les amans qui n’ont pas assez d’or, puissent les vents et les flammes dévorer les richesses accumulées par ton avarice ! que toute la jeunesse vienne voir cet incendie, et s’en réjouisse ! que personne n’apporte une goutte d’eau pour l’éteindre ! qu’au jour des Parques, il ne soit pas un seul homme qui pleure ta mort, et qui honore des plus légers hommages tes tristes cendres ! Mais on versera des larmes sur le bûcher de la femme fidèle, qui ne fut point cupide, eût-elle vécu cent années ! et son amant glacé par l’âge, respectera encore ses anciennes amours ; il jonchera tous les ans de fleurs le tombeau qu’il lui aura élevé, et dira en le quittant : Mânes paisibles ! reposez ici doucement : Divinités tutélaires ! faites que la terre pèse légèrement sur ses os.

– Espoir : Si l’Amour vit d’espoir, il périt avec lui.

– Opinion : Reine de l’Univers, elle domine tous les âges, tous les sexes, toutes les conditions ; fascine tous les sens, toutes les facultés de l’âme ; afflige, console, réjouit, épouvante, égorge à son gré les faibles mortels. Son pouvoir suprême est toujours arbitraire : sans cesse elle élève, change, rétablit. Jamais elle n’est vaincue que par elle-même, et ses propres défaites sont pour elle autant de triomphes : la prévention, l’entêtement, le caprice, le mensonge, la frivolité sont les ministres de ses volontés.

– Blesser : Le désir de plaire naît chez les femmes avant l’amour ; il en est bien peu qui n’aient mérité le reproche suivant : 

“Eh quoi ! dans un âge si tendre
On ne peut déjà vous entendre,

Ni voir vos beaux yeux sans mourir !
Ah ! vous êtes pour nous et trop jeune et trop belle.
Attendez, petite cruelle,

Attendez pour blesser que vous puissiez guérir. “



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