Agriculture, agronomie

Dictionnaire d’agriculture pratique

contenant la grande et la petite agriculture, l'économie rurale, la médecine vétérinaire, etc. Précédé d'une introduction sur la manière d'enseigner et d'étudier l'agriculture

Auteur(s) : NEUFCHATEAU François de

 Paris, AUCHER-ELOY et Cie, libraires-éditeurs, rue Saint-André-des-arcs [sic], n°65
 édition originale
  1827
 2 vol : tome 1. A-H (CXI-594 p.), tome 2. L-Z (782 p.)
 In-octavo
 plein cuir fauve, dos lisse avec filets et motifs floraux dorés
 avec figures en taille-douce, planches hors-texte


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Fils d’un modeste régent (directeur) d’école primaire, devenu par la suite fermier d’un grenier à sel, Nicolas FRANÇOIS fait ses études au collège jésuite de Neufchâteau dans les Vosges. Très jeune, il témoigne d’une réelle précocité intellectuelle et de grandes dispositions littéraires. Dès l’âge de douze ans, il compose des vers qui lui valent des éloges, et à quatorze ans il publie un recueil de poèmes, qui sera réédité l’année suivante dans une version augmentée de plus de la moitié. Le bailli local prend sous son aile le jeune poète, et plusieurs académies provinciales l’admettent en leur sein. VOLTAIRE, qui a entendu parler du jeune prodige, tient à le rencontrer pour se l’attacher comme élève et secrétaire, mais son protecteur refuse, le destinant à une carrière dans l’administration et la magistrature.

Après avoir obtenu l’autorisation d’accoler le nom de NEUFCHÂTEAU à son patronyme, c’est à contrecœur que Nicolas FRANÇOIS devient avocat sans pour autant renoncer à la carrière littéraire. En 1776, il achète une charge de lieutenant général civil et criminel, puis devient en 1781 subdélégué de l’intendance de Lorraine. Le ministre de la Marine le nomme ensuite procureur général à Saint-Domingue, où il exerce cinq années durant son ministère au Cap-Français. Sur le chemin du retour, il survit au naufrage de son vaisseau, mais perd son manuscrit d’une traduction de L’ARIOSTE, sur lequel il travaillait depuis des années. Après sept jours passés sur des récifs, il est recueilli et ramené à son point de départ.  Sa santé physique étant désormais très affectée par cette épreuve, il obtient une rente et rentre en France en 1788, où il se retire dans son domaine de Vicherey.

Suite à la convocation des États généraux, NEUFCHÂTEAU est sollicité pour rédiger les cahiers de doléances du bailliage de Toul, avant de se voir élu député suppléant. Convié à un banquet organisé par ses électeurs, il est arrêté sur le fondement d’une rumeur malveillante, qui prétend que cette assemblée est une réunion de brigands qui projettent de ravager les champs alentour afin de déclencher une famine. Ses accusateurs confondus, il finit par être libéré. En 1790, il est nommé administrateur et juge de paix du nouveau département des Vosges, avant d’être, l’année suivante, élu député à l’Assemblée législative, où il devient secrétaire de la commission de législation. Remarqué du fait de son hostilité au Pape et au clergé, il est à deux reprises désigné président de l’Assemblée nationale.

Réélu dans son département, renonçant à la députation ainsi qu’au poste de ministre de la Justice, il se retire dans son domaine où il semble ne vouloir se consacrer qu’à l’écriture. Durant cette période, il rédige plusieurs manifestes dédiés à l’agriculture et aux moyens d’améliorer la productivité des récoltes et le stockage des grains.

Sur l’invitation de ses amis, en août 1793, il fait jouer à Paris, au Théâtre de la Nation, une pièce de son cru : Paméla ou la vertu récompensée. Celle-ci connaît un franc succès, mais certains spectateurs croient y déceler des attaques contre les Jacobins et le Comité de salut public. Alors que la neuvième séance va débuter, la pièce se trouve brutalement interdite. L’auteur, sommé de faire des corrections, s’exécute, mais des incidents éclatant lors de la représentation suivante, FRANCOIS de NEUFCHÂTEAU et ses acteurs sont arrêtés et incarcérés.

Libéré après Thermidor, notre homme entame une nouvelle carrière administrative. Le 16 juillet 1797, il devient ministre de l’Intérieur, avant d’être élu, le 14 septembre suivant, membre du Directoire exécutif, en remplacement de Lazare CARNOT. Entre juin 1798 et juin 1799, il redevient ministre de l’Intérieur, poste où il fait preuve d’une grande énergie. Très actif, il généralise l’utilisation des statistiques, encourage la renaissance des académies d’agriculture, fonde en 1798 la Société d’agriculture du département de la Seine, et imagine de créer des pépinières départementales. Par ailleurs, sensible à la question de l’instruction publique, il publie une méthode de lecture destinée aux enfants. Membre de l’Institut depuis 1796, il est élu à l’Académie française en 1803.

Sénateur sous le Consulat, puis comte en 1808, il adopte désormais comme nom de plume celui de « comte François de NEUFCHÂTEAU ». À partir de 1807, il consacre une grande partie de son temps à son sujet de prédilection, l’agriculture, dont il se fait le promoteur d’une modernisation à grande échelle. En 1808, il devient président de la Société nationale d’agriculture, charge qu’il occupera jusqu’à son décès en 1828. Depuis 1814, il se tient en retrait de la vie politique, multipliant les initiatives pour améliorer les techniques et les rendements des cultures.

C’est cet homme à la vie bien remplie, autorité incontestée en matière d’agronomie, qui est sollicité pour participer à l’élaboration d’un Dictionnaire d’agriculture pratique, le livre présenté ici, publié à Paris en 1827. Ce “guide manuel de l’habitant des campagnes” ambitionne de réaliser une synthèse équilibrée entre les pratiques ancestrales des paysans et la science agronomique moderne. Au siècle précédent, cette dernière “est entrée dans la carrière rationnelle des expériences et des essais méthodiques”. Les auteurs prétendent rejeter “les préceptes inapplicables hors des localités où expérimenta leur auteur”, ainsi que “ceux qui ont été entrepris sur une vaste échelle”, auxquels on peut reprocher “leur prix élevé et le nombre trop considérable des volumes dont ils se composent” et qui semblent souvent “n’avoir été calculés que pour de grandes exploitations”.

Agents d’une modernité pragmatique plus que théorique, les rédacteurs de l’ouvrage se targuent d’avoir consulté, en plus des mémoires des autres sociétés savantes, “les travaux particuliers de tous les agronomes nationaux et étrangers”. Ils font ici appel à tous les domaines techniques et scientifiques qui ont contribué à l’amélioration de l’agriculture : physique, chimie, botanique, mécanique, hydraulique, zoologie, etc. Comme les anciens traités destinés aux “gens de la campagne”, il dispense également des informations pratiques sur la chasse, la pêche, l’arpentage, l’horticulture, l’art vétérinaire ou la médecine d’urgence.

Le dictionnaire résulte d’une action collective dans laquelle se retrouvent beaucoup de grandes signatures, dont celles de Louis-Marie AUBERT  du PETIT-THOUARS, de Pierre-Antoine POITEAU et de Jean-Antoine CHAPTAL. Mais la personnalité mise en avant de manière ostensible est bien FRANCOIS de NEUFCHÂTEAU, dont le nom apparaît en grand sur la page de titre, comme un gage de crédibilité scientifique et le témoignage d’une réputation bien établie.

Pour autant, sa principale contribution à l’ouvrage semble ne s’être limitée qu’à un Mémoire sur la manière d’enseigner et d’étudier l’agriculture et sur les diverses propositions qui ont été faites pour établir en France une grande école d’économie rurale. Ce texte, long de plus d’une centaine de pages, déjà lu en 1801 à la Société d’agriculture de la Seine, sert d’introduction au dictionnaire. L’auteur, qui évite “constamment l’emploi de ces expressions scientifiques si rarement intelligibles pour l’homme qui n’a eu ni l’occasion ni le loisir de varier ses études”, y évoque la nécessité de créer un véritable enseignement agricole en France, revenant ainsi sur le projet initié par l’abbé ROZIER d’établir une École nationale d’agriculture à Chambord qui, malgré son soutien actif, ne verra jamais le jour.

Bien que rapidement rendu obsolète par les avancées techniques et scientifiques postérieures, ce dictionnaire pratique connaîtra une nouvelle édition en 1836.

À l’intérieur du livre, une étiquette indique qu’il fut distribué comme prix de première classe en juillet 1842 au collège de Hautmont dans le département du Nord.



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