Hérésies et schismes, Histoire du Christianisme, Religion

Dictionnaire chronologique, historique, critique, sur l’origine de l’idolâtrie

des sectes des samaritains, des juifs, des hérésies, des schismes, des anti-papes, & de tous les principaux hérétiques & fanatiques qui ont causé quelque trouble dans l'Église

Auteur(s) : PINCHINAT Barthélémy

 

PUECH Barthélémy

 ‎À Paris, chez PRALARD, cloître Saint-Julien-le-Pauvre, à l'Occasion ; chez DIDOT, quay des Augustins, près le pont Saint Michel, à la Bible d'or ; chez QUILLAU, imprimeur-juré-libraire de l'université, rue Galande, près la place Maubert, à l'Annonciation
 édition originale
  1736
 1 vol. (526 p.)
 In-quarto
 veau brun, dos à cinq nerfs, pièce de titre de maroquin rouge, caissons ornés de motifs dorés
 lettrines ornées, bandeaux décoratifs, culs-de-lampe


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Barthélémy PINCHINAT, religieux cordelier de l’ordre de saint François, est un docteur en théologie réputé, comme en témoigne son titre de lecteur jubilé. Il finira sa carrière comme provincial des monastères de Lyon et décèdera dans cette ville en 1736 alors qu’il était sur le point de publier son œuvre majeure, un Dictionnaire historique et critique des religions païennes, du culte judaïque, des hérésies et des schismes qui ont causé quelques troubles dans l’Église. Quasiment achevé, le texte est repris par le frère Barthélémy PUECH et, quelques mois après le décès de son auteur, le Dictionnaire chronologique, historique, critique, sur l’origine de l’idolâtrie, les sectes des samaritains, des juifs, des hérésies, des schismes, des anti-papes, & de tous les principaux hérétiques & fanatiques sera publié à la fin de l’année 1736. Il s’agit de l’ouvrage ici présenté.

Le XVIIIe siècle est marqué par un certain recul de la pratique religieuse et une relative “déchristianisation” des mœurs, mais, pour autant, les ordres religieux restent les défenseurs acharnés de la foi catholique. Ceux-ci attaquent en particulier les Réformés et les Jansénistes. Ces derniers sont prioritairement visés par l’étude de l’histoire des hérésies et des schismes, thème central de toute une littérature catholique “militante”. Le dictionnaire de PINCHINAT s’inscrit donc dans cette longue lignée qu’il ne manque pas d’évoquer dans son préambule. Il y rend hommage, entre autres, à Jacques GAULTIER, à Alonso de CASTRO, à Barthélémy DURAND et, assez curieusement, à Pierre BAYLE, même s’il prend soin de préciser à son propos qu’« il faut prendre garde à ne pas adopter aveuglément ce qu’il dit, surtout dans l’article des Protestans dont il avoit embrassé la religion ».

Condensant un vaste travail documentaire, l’auteur ambitionne de réaliser une synthèse destinée à être un outil de travail destiné à défendre la foi catholique romaine : « Mon but n’a été que de faciliter les théologiens dans la recherche des matières opposées à la vraie religion. » Peu porté au dialogue interreligieux, PINCHINAT ne fait guère de distinction entre les chrétiens “déviants” et les fidèles des autres religions, qualifiés d’idolâtres, même s’ils sont monothéistes et abrahamiques, ce qui explique que nous retrouvions dans son dictionnaire la présence des juifs, des samaritains et des musulmans. Il entend traiter ici de tous ceux « qui ont erré sur la religion ». Il assène dès la préface « que d’un idolâtre à un hérétique il n’y a souvent que la différence du nom ; que l’esprit d’égarement qui a porté les payens à feindre la pluralité des dieux au gré de leur passion a conduit les hérésiarques à forger des mystères, & des espèces de divinités ».

Il décrit les innombrables hérésies qui ont agité la chrétienté depuis ses origines, des plus connues comme celles des vaudois et des ariens aux plus confidentielles et étranges, telles celles des ascites, des condormans et des tascodrugites. Le chapitre Hérésie énumère une liste des cent principales hérésies. Comme on pouvait le prévoir, il s’attaque en priorité à LUTHER, à JANSÉNIUS et à CALVIN, à propos duquel il déclare : « CALVIN parût enfin, & servit au Démon comme du dernier Ministre par lequel il devoit faire son dernier effort pour tâcher de renverser l’édifice. » Ces “têtes d’affiche” ont droit à de longs développements argumentés par la réfutation systématique de chacune de leurs propositions “impies”. Rangés parmi les idolâtres ou les athées, nous trouvons également des philosophes comme ARISTOTE, SPINOZA, PLATON ou PYTHAGORE.

Fidèle à l’esprit de la scholastique médiévale, PINCHINAT appuie ses démonstrations par des citations in extenso qui rendent le contenu parfois un peu érudit. Par exemple le chapitre consacré aux archontiques donne lieu à une digression d’une page intitulée Remarque au sujet des églises et des temples de la primitive église, tandis que le long chapitre consacré à Pasquier QUESNEL, un théologien janséniste, reprend de larges extraits de bulles papales et des retranscriptions intégrales de lettres.

Les études sur les hérésies continueront à se multiplier au cours du siècle et au-delà, servant d’angles d’attaque pour les philosophes et les libres-penseurs dans leur dénonciation de la religion en général et du christianisme en particulier. En 1762, l’abbé François PLUQUET traite à son tour le sujet dans son Dictionnaire des hérésies, des erreurs et des schismes. Sa démarche se distingue de celle de PINCHINAT par le fait qu’il essaie de concilier une vision critique, “scientifique” et philosophique avec la défense de la foi et de l’Église.

Le Dictionnaire chronologique, historique et critique sur l’origine de l’idolâtrie est précédé par un épître au révérend père Jean BERMEJO, ministre général des franciscains, successeur de Juan SOTO da Valladolid à qui devait être initialement dédié le livre.



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