Français (langue), Lexicographie

Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française [Le Grand Robert]

Les mots et les associations d'idées. Ouvrage couronné par l'Académie française.

Auteur(s) : ROBERT Paul Charles Jules, REY Alain, REY DEBOVE Josette

 Paris XIe, Société du nouveau Littré / Le Robert, 107, avenue Parmentier
 nouvelle édition (la première date de 1953-1964)
  1978
 7 vol
 In-quarto
 cuir synthétique foncé, dos lisse, titre et tomaison en lettres dorées sur le plat supérieur et le dos


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Né en Algérie, Paul ROBERT poursuit des études au lycée Bugeaud d’Alger. Dans la lignée de son oncle Paul Robert, maire d’Orléansville et président du conseil général d’Alger qui trouvera la mort en duel et de son père, lui aussi titulaire de mandats électifs, il entame des études de droit, au terme desquelles il soutient une thèse d’économie consacrée au commerce des agrumes dans le monde. Au cours de la rédaction de sa thèse, il est amené à consulter en permanence des dictionnaires, mais regrette qu’ils ne correspondent que rarement à ses attentes : “Les dictionnaires, toujours placés à portée de ma main,…m’étaient, trop souvent, d’un piètre recours. Ils m’aidaient bien à lever quelques hésitations sur l’emploi correct d’un mot ou d’une locution, mais quant à fournir le terme précis qui échappait à ma mémoire ou à ma connaissance, il ne fallait guère y compter, quelle que fût ma patience à le découvrir”.

Dégagé des études, il réfléchit à la rédaction du dictionnaire, dont il nourrit le projet depuis ses années d’étudiant. L’ouvrage projeté procéderait par analogie en rassemblant les mots selon les notions et les idées. L’idée n’est pas tout à fait nouvelle, comme en témoigne le livre de Dictionnaire analogique de la langue française de Prudence BOISSIERE déjà publié en 1862, mais ROBERT entend réaliser une œuvre beaucoup plus complète et ambitieuse.  Son modèle de référence reste le Littré, publié il y a près d’un siècle, dont il se propose de réaliser une version actualisée. Ce dictionnaire prendrait en compte l’évolution de la langue et du vocabulaire et s’appuierait sur de nouvelles citations récoltées dans les œuvres littéraires couvrant une période allant du XVIe siècle à l’époque contemporaine.

Il résume son objectif ainsi: “La source principale des associations d’idées réside dans la définition des mots. Partant de cette idée élémentaire, je m’aperçois qu’il suffirait de dépouiller les dictionnaires de a à z et de procéder à des transferts de mots ou d’expressions d’article en article”. Dès l’année 1946, ROBERT reprend les rubriques des lettres A et B d’un très grand nombre de dictionnaires et commence à opérer des regroupements et des associations. Par exemple, Académie, Aréopage, Assistance, et Auditoire, sont réunis dans l’article Assemblée, Balnéaire est placé dans l’article Bain, et Agape dans l’article Banquet.

ROBERT s’investit totalement dans l’entreprise, y compris du point de vue financier et  comprend rapidement qu’il doit s’entourer d’une équipe de collaborateurs pour pouvoir le mener à bien. C’est ainsi qu’une dizaine de personnes l’assisteront bénévolement pendant plusieurs années. Après un rigoureux travail de collecte (pour le seul mot Amour, il dispose de 2.000 citations !), il entame en 1948 la rédaction des articles. ROBERT table alors sur deux volumes de 1 200 pages, nécessitant, selon son estimation, douze années de travail.

Pour amorcer le financement de l’entreprise, il fait publier une plaquette présentant les premiers articles de la lettre A, qu’il adresse à des écrivains, des journalistes et des académiciens. En 1950 il rédige un fascicule de 70 pages, intitulé Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, les mots et les associations d’idées. La même année, ROBERT reçoit le prix Saintour, décerné par l’Académie française alors que son dictionnaire est toujours inachevé.

Etant parvenu à réunir les capitaux nécessaires à la réalisation de son projet, il fonde, en 1951, la Société du nouveau Littré (S.N.L.), dont il établit le siège à Casablanca, pendant que l’activité éditoriale demeure centrée sur Alger et Paris. En plus de son ami Georges CHETCUTI, il s’entoure de précieux collaborateurs, dont Alain REY, Josette DEBOVE, Henri COTTEZ et Robert LE BIDOIS. A la parution du premier tome en 1953, on compte plus de 10.000 souscripteurs, essentiellement originaires d’Afrique du Nord. Le projet prenant de l’ampleur c’est désormais la publication de cinq tomes qui est prévue à terme. En 1959, REY devient secrétaire général de la rédaction.

En juin 1964, ROBERT met un point final à la très longue période de rédaction avec l’article Zymotique, le dernier de son dictionnaire. L’année suivante la version reliée du Dictionnaire analogique de la langue française est publiée. Il rencontre un bon accueil, à la fois critique et public, et se voit couronné par l’Académie française. En 1967, une version en un seul volume voit le jour et rencontre un grand succès éditorial de sorte qu’il faut désormais parler de “Grand Robert” et de “Petit Robert“. En 1970, un supplément rédigé sous la maîtrise de REY et DEBOVE-REY vient compléter le “Grand Robert” qui compte dès lors sept volumes. En 1974, la maison d’édition S.N.L-Le Robert, publie son “Petit Robert des noms propres”. Quelques années plus tard elle se lance dans les dictionnaires de langue en association avec la maison d’édition britannique Collins.

La version du « Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française » ici présentée est datée de 1978 et regroupe six tomes et un supplément. Les articles, très fouillés, recensent de manière exhaustive les différents sens et usages d’un mot. Par exemple l’ouvrage n’oublie jamais de préciser si une définition est liée à un sens philosophique, artistique, militaire, historique, scientifique ou mythologique. De même, une grande attention est portée aux sens dérivés, figurés, particuliers mais aussi à ceux qui relèvent du familier, du péjoratif ou du vocabulaire technique et professionnel. Le mot est suivi d’une brève référence historique rappelant la première référence connue du terme, complétée par des indications étymologiques. Les renvois analogiques sont nombreux, alors que les antonymes sont  indiqués en fin d’article.

L’aventure de ce dictionnaire alphabétique et analogique se poursuivra après la mort de son fondateur en 1980. Sous la houlette d’Alain REY une seconde édition “entièrement revue et considérablement enrichie” de ce qu’on appelle désormais le Grand Robert, sera publiée en 1985. Cette version en neuf volumes est souvent considérée comme la forme la plus achevée de la description du français moderne et contemporain. Une nouvelle édition, en six volumes, riche de près de 80.000 entrées verra le jour en 2001, faisant de cet ouvrage la plus vaste nomenclature des dictionnaires francophones.

Selon le mot de Michel TOURNIER, le Robert est “un grenier à mots avec pour chaque mot son mode d’emploi”. Ce “nouveau Littré” s’ouvrira également à l’ensemble du monde de la francophonie, en y intégrant des variantes québécoises, belges suisses et africaines. La maison d’édition continuera à se consacrer à la langue française en multipliant les dictionnaires thématiques et de usuels, comme le Dictionnaire historique de la langue française ou le Dictionnaire des citations françaises.



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