Latin (langue), Français (langue), Lexicographie

Dictionarium latinogallicum

multo locupletius, thesauro nostro recens excuso ita ex aduerso respondens, ut extra pauca quaedam aut obsoleta, aut minus usitata vocabula, in hoc eadem sint omnia, eodem ordine, sermone patrio explicata: adiectis authorum appellationibus quas in superiore Latinogallico praetermiseramus

Auteur(s) : ESTIENNE Robert

 à Paris, chez Robert ESTIENNE, imprimeur du roi (lutetiae, ex officina Roberti Stephani typographi regii)
 nouvelle édition (la première date de 1538)
  1546
 1 vol (1376 p.)
 In-folio
 veau brun, dos à nerfs orné et doré
 marque de l'imprimeur sur la page de titre, lettres ornées


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Issu d’une famille d’imprimeurs qui deviendra illustre, Robert ESTIENNE (ou Robertus STEPHANUS), le premier du nom dans cette dynastie, est une figure importante de la Renaissance française. Ami personnel de Guillaume BUDÉ et de nombreux humanistes, il publie un grand nombre d’auteurs latins et grecs et attache un soin tout particulier à la qualité de ses ouvrages, en particulier à la typographie. Son travail lui attire même la faveur royale, et il devient par la suite imprimeur du roi pour les langues latine, hébraïque et grecque.

Philologue averti et latiniste de renom, il entame dès 1528 la rédaction d’un Thesaurus linguae latinæ qui deviendra par la suite le Dictionarium seu latinæ linguæ thesaurus. Assisté dans sa tâche par plusieurs collaborateurs, il entend établir un lexique latin en partant du contenu du dictionnaire plurilingue de CALEPIN. Il y renonce et préfère élaborer sa propre base lexicale. Il travaille beaucoup sur les citations et emploie un système alphabétique avec groupement par termes dérivés ; par exemple les mots Conditor et Conditio se retrouvent sous Condo. À partir de ce corpus, réédité et considérablement amendé au cours des ans, il entreprend l’élaboration d’un dictionnaire latin-français, communément dénommé le Latinogallicum, destiné à ceux qui sont « en leur commencement et bachelage de littérature ».

En parallèle, il rédige un autre dictionnaire, cette fois-ci français-latin, dénommé le Dictionaire francois-latin (présent sur Dicopathe). Sorti en 1539, soit un an seulement après le Dictionarium latinogallicum qui lui sert de base, il constituera l’un des premiers dictionnaires à entrées rédigé en français. Au cours des années suivantes, ESTIENNE continue à remanier, corriger et augmenter ses trois dictionnaires par un jeu de vases communicants, sans qu’ils ne soient pour autant que de simples copies conformes “inversées”.

Ainsi une nouvelle version de son dictionnaire monolingue, sortie en 1543, engendre à son tour la nouvelle version, considérablement augmentée, du Dictionarium latinogallicum de 1 546, présentée ici. Par rapport à la première édition, elle est passée de 757 à 1 356 pages. L’édition de 1546 sert elle-même de corpus à une nouvelle édition du Dictionnaire français-latin publiée en 1549. Dans le souci d’en faciliter la lecture, Robert ESTIENNE vulgarise dans ses dictionnaires l’association de caractères romains et italiques, contribuant ainsi au succès du modèle développé par Claude GARAMOND (ou GARAMONT), qui supplantera bientôt la typographie traditionnelle en caractères gothiques.

Ce considérable travail de lexicographie est à mettre en parallèle avec l’autre grande œuvre de Robert ESTIENNE : une nouvelle traduction en latin de la Bible à partir de la Vulgate et de manuscrits médiévaux. La première version est publiée en 1527, et Robert ESTIENNE n’aura de cesse de la remanier. Il ajoute en particulier des sommaires en tête des chapitres, tout en redécoupant les versets et en rétablissant les noms d’origine. Cette relecture lui attire la suspicion des autorités religieuses et de la Sorbonne, d’autant que ses sympathies envers la Réforme sont bien connues de tous. Ayant perdu la protection du roi après la mort de FRANCOIS Ier, Robert ESTIENNE se réfugie à Genève en 1550, où il adopte officiellement le calvinisme. Les quatre éditions du Dictionnaire françois-latin seront reprises par Jean NICOT pour son Thrésor de la langue française (présent dans Dicopathe). Si ce dernier ouvrage est généralement considéré comme le véritable point de départ de la lexicographie du français moderne, il doit beaucoup au travail de Robert ESTIENNE dont le rôle est souvent minimisé.

Une belle gravure sert de marque d’imprimeur sur la page de titre. Elle représente un olivier dont les branches basses sont élaguées et les branches hautes greffées. C’est la marque d’éditeur utilisée par Robert ESTIENNE depuis 1526. La devise latine reprend une citation de saint PAUL : « Noli altum sapere, sed time » : « Ne t’abandonne pas à l’orgueil, mais crains », ou « Gardetoi de connaître le Très-Haut, mais crains-le ».



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