Antiquité gréco-romaine, Histoire de l antiquité

Dictionarium antiquitatum romanarum et graecarum

in usum serenissimi Delphini et serenissimorum principum Burgundiae, Andium, Biturigum, collegit, digessit, et sermone Gallico reddidit jussu regis christianissimi

Auteur(s) : DANET Pierre

 Lutetiae parisiorum, apud viduam Claudii THIBOUST, et Petrum ESCLASSAN, juratum bibliopolam, ac typographum acadamemiae parisiensis, e regione auditorii regii (Paris, chez la veuve de Claude THIBOUST, et chez Pierre ESCLASSAN, libraire juré, imprimeur de l'Académie de Paris)
 édition originale
  1698
 1 vol (786 p.)
 In-quarto
 veau fauve écaille, dos à cinq nerfs, caisssons ornés de motifs floraux dorés, armoiries imprimées à froid sur les plats, tranches mouchetées
 frontispice allégorique par Louis COSSIN, lettrines ornées, bandeaux ornés d'armoiries du Dauphin et du Roi de France


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Ecclésiastique de son état, Pierre DANET enseigne au collège des Grassins pendant plusieurs années. Latiniste renommé, il est sollicité par le duc de MONTAUSIER, gouverneur du Grand Dauphin depuis 1668, pour participer à la rédaction d’une série d’ouvrages destinés à l’éducation de celui qui doit devenir le prochain roi de France. Lettré et grand amateur des auteurs classiques de l’Antiquité, il patronne une collection baptisée Ad usum Delphini (À l’usage du Dauphin), placée sous la supervision de BOSSUET et de Pierre-Daniel HUET, précepteurs du Dauphin. Conçus pour son usage, les volumes ont aussi pour vocation d’être ensuite publiés et largement diffusés, en particulier dans les écoles.

Il est à noter que la collection Ad usum Delphini est restée célèbre par le fait que beaucoup de termes, jugés scabreux ou indécents, ont été systématiquement remplacés, générant des traductions édulcorées, souvent bien éloignées de leur sens initial. Elle se compose principalement de recueils, de traductions de textes antiques grecs et latins, mais aussi d’ouvrages de lexicographie.

Avec la parution en 1673 de son dictionnaire latin-français, le Dictionarium latinum et gallicum, refondu par ses soins en 1680, DANET sort de son relatif anonymat pour devenir la figure centrale de la collection Ad usum Delphini, pour laquelle il signe encore un Radices seu Dictionarium linguae latinae en 1677, suivi en 1683 d’un Dictionnaire françois et latin, puis en 1691 d’un Magnum dictionarium latinum et gallicum. Ces ouvrages connaissent un beau succès et seront régulièrement réédités jusqu’aux premières décennies du XVIIIe siècle.

À côté de ces dictionnaires de langues, DANET projette d’en réaliser un autre, cette fois consacré à la civilisation gréco-romaine, qu’il juge nécessaire pour pouvoir bien aborder les auteurs anciens. Ce livre, au sujet duquel il précise d’emblée que c’est le dernier qu’il rédigera pour la collection, est publié en 1698 par l’intermédiaire des libraires THIBOUST et ECLASSAN. Le Dauphin est déjà âgé de 37 ans et père d’un fils de 15 ans, ce qui explique que l’auteur n’hésite pas à faire preuve d’érudition et à se laisser aller à des réflexions personnelles et à de longs développements.

Les entrées de ce dictionnaire sont toutes en latin, même lorsque les articles traitent de la civilisation grecque, reprise et assimilée par la culture latine au point d’en être devenue indissociable. DANET ne s’attarde pas sur les étymologies, qu’il a déjà traitées en détail dans son Radices seu Dictionarium, mais se concentre sur les définitions, en s’appuyant à la fois sur les auteurs antiques et sur des sources plus récentes. L’auteur se livre à un grand travail de synthèse, traitant tour à tour de la religion, de la vie quotidienne, de l’organisation de la justice, de la mythologie, des villes et des fleuves, des réalisations architecturales et artistiques majeures, ainsi que de personnages renommés.

Passant assez vite sur les biographies, il multiplie les longues démonstrations savantes, assorties de nombreuses digressions et répétitions, comme par exemple dans les articles Pontifex, Calendarium, Litera, ou Sestertius. DANET illustre son propos d’exemples tirés d’auteurs latins, dont les citations, latines et grecques, ne sont pas toujours traduites mais à chaque fois commentées.

En reconnaissance de la valeur de son travail, DANET se verra, quelques années plus tard, gratifié des revenus de l’abbaye de Saint-Nicolas de Verdun. Un jour de 1709, en revenant de Lyon, sa voiture se renversera dans un bourbier et il y périra étouffé. La collection Ad usum Delphini se prolongera bien après la mort du Grand Dauphin, avec de nouvelles parutions en 1720 et 1730, pour comporter finalement 39 titres répartis en 62 volumes.

Présentant l’ex-libris de la bibliothèque des LUYNES, aux armes du château de Dampierre, cet exemplaire a appartenu à Charles-Philippe d’ALBERT de LUYNES,

Exemple d’article : Abire

“Ce verbe, outre les significations que j’en ay données dans le Dictionnaire Latin & François, en a encore d’autres qui font du Droit Romain, comme Abire ab emtione, Se dédire d’un marché, le rompre, ne le vouloir plus tenir. Dans Cicéron on trouve Res abiit à Sempronio (Sempronius a manqué cette affaire, elle luy est échappée). Terme d’imprécation, comme on le peut voir par ces expressions des Poètes Comiques : Abl in malam rem, Abi in crucent ou in maximum magnum malum (Va-t’en à la male-heure : Va te faire pendre ; Va-t’en au diable). On se servoit encore du verbe Abire en manière d’une formule, en donnant la liberté à un esclave, comme Abito quo voles, quo lubet, nihil te moror ; ou Liber esto aque abito qui volet, ou Tu vero abras neque re quisinam moratur (Je te fais libre, va où tu voudras, maintenant personne ne te retient, tu peux aller où tu voudras).”

 



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