Mathématiques

Dictionaire mathématique, ou Idée générale des mathématiques

dans lequel l'on trouve outre les termes de cette science plusieurs termes des arts & des autres sciences avec des raisonnemens qui conduisent peu à peu l'esprit à une connoissance universelle des mathématiques

Auteur(s) : OZANAM Jacques

 à Amsterdam, aux dépens des HUGUETAN
 édition originale
  1691
 1 vol (672 p.)
 In-quarto
 veau brun, dos à cinq nerfs, caissons ornés de motifs floraux dorés
 frontispice représentant une allégorie de la science mathématique, 22 planches hors-texte, lettrines ornées, bandeaux décoratifs, culs-de-lampe


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Se soumettant à la volonté d’un père qui le destinait à la carrière ecclésiastique, Jacques OZANAM accepte de suivre des études de théologie. Pourtant depuis l’enfance il se montre passionné par les mathématiques, au point de rédiger, à l’âge de quinze ans, un traité sur le sujet. À la mort de son géniteur, il abandonne sa formation religieuse et cléricale pour devenir professeur de mathématiques à Lyon. Généreux et désintéressé, il a l’occasion de prêter gracieusement de l’argent à deux étudiants étrangers qui souhaitent se rendre à Paris. Arrivés à bon port, ces derniers font l’éloge de leur bienfaiteur à Henri d’AGUESSEAU, père du chancelier, qui invite le mathématicien à venir se fixer dans la capitale. Il s’y établit, se marie et, tout en prodiguant des cours privés, multiplie les publications, qui seront remarquées par ses pairs.

En 1691, il publie son Dictionnaire mathématique, l’ouvrage présenté ici, s’étonnant au passage “qu’en un siècle aussi éclairé que celuy-ci, où les arts et les sciences semblent avoir recue leur dernière perfection, on n’ait point encore tenté de donner un dictionnaire qui expliquât exactement tous les termes des mathématiques, dont l’usage est devenu si commun“. Curieusement, l’ouvrage est édité à Amsterdam par la famille HUGUETAN, des libraires imprimeurs protestants exilés suite à la révocation de l’Édit de Nantes.

Au XVIIe siècle en Occident, les mathématiques accompagnent le développement des sciences pratiques, comme la physique, la cosmographie et les techniques. Elles sont surtout utilisées pour fixer des règles et des méthodes capables d’expliquer le fonctionnement scientifique du monde. S’affranchissant de l’héritage antique, les savants mettent au point des outils théoriques, comme l’arithmétique et l’algèbre. Mais, à côté de ce que OZANAM désigne comme la mathématique simple, ce sont surtout les applications aux autres domaines de connaissance – cette branche que l’on appellerait aujourd’hui « mathématiques appliquées », et que l’auteur dénomme ici « mathématiques mixtes » – qui retiennent l’attention du mathématicien. Comme il le dit lui-même : “Où sont les arts & les sciences qui n’ayent besoin d’emprunter le secours des mathématiques, ou pour agir, ou pour s’expliquer de mille choses qui en dépendent, soit pour leurs opérations, soit pour leur intelligence ?”

L’auteur est donc amené à aborder d’autres sciences que les mathématiques, soit l’astronomie, la navigation, la géographie, la mécanique, la cartographie, l’optique, l’art de la fortification militaire, la musique et l’architecture. Dans son Dictionnaire, au final très éclectique, nous trouvons même la description des principaux matériaux utilisés dans la construction de bâtiments, des termes de vocabulaire militaire, un plan de navire, une rose des vents et un long lexique de termes de marine, “parce qu’à présent la France n’est pas moins redoutable sur la mer que sur terre“. L’ouvrage est donc loin de se résumer à un dictionnaire consacré aux mathématiques pures et réservé aux seuls scientifiques. Il constitue plutôt une véritable petite encyclopédie de poche, qui adopte les mathématiques comme fil conducteur : “Ce livre pourroit être en même temps, non seulement un dictionnaire, mais encore un rudiment des mathématiques.”

Préférant traiter matière par matière, OZANAM prend ici le parti de se conformer à un plan thématique et non alphabétique. Dans le livre, les termes principaux sont imprimés en majuscules, alors que les termes dérivés qui s’y rattachent sont en minuscules et en italique. Par exemple, dans la partie Cosmographie, nous trouvons le chapitre Air suivi des sous-chapitres Région supérieure de l’air, Moyenne région de l’air, et Basse région de l’air. Dans des définitions, courtes et synthétiques, OZANAM ne s’aventure pas dans les démonstrations trop pointues, soucieux de rester pédagogue à l’aide d’un langage clair et précis.

Au cours des siècles suivants, les mathématiques poursuivront leur essor et finiront par s’imposer comme une science à part entière. Elles constitueront désormais un thème de prédilection dans les nouvelles grandes encyclopédies généralistes, dont la publication rendra ce dictionnaire rapidement obsolète. Il conservera néanmoins le grand mérite d’avoir été un des premiers du genre réalisés en France.

Jusqu’à sa mort, qui surviendra en 1717, OZANAM continuera à produire de nombreux écrits, tantôt très spécialisés, tantôt très grand public, dont le curieux Récréations mathématiques et physiques, qui contiennent plusieurs problèmes d’arithmétique, de géométrie, de musique, d’optique, de gnomonique, de cosmographie, de mécanique, de pyrotechnie & de physique. Ce véritable petit manuel de vulgarisation scientifique rencontrera un succès durable.

À la fin du livre se trouve un index de plus de 80 pages, permettant de définir tous les termes présents dans le dictionnaire.



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