Pharmacie, Pharmacologie

Dictionnaire universel des drogues simples

contenant leurs noms, origines, choix, principes, vertus, étimologies & ce qu'il y a de particulier chez les animaux, dans les végétaux & les minéraux. Ouvrage nécessaire à ceux qui ont la Pharmacopée du même auteur

Auteur(s) : LÉMERY Nicolas

 à Paris, chez D'HOURY seul imprimeur-libraire de mgr le duc d'ORLEANS rue de la Vielle bouclerie, au Saint-Esprit & au Soleil d'or
 nouvelle édition (la première date de 1698)
  1760
 1 vol (XXIII-884 p.)
 In-octavo
 cuir fauve marbré, dos à cinq nerfs, caissons ornés de fleurons dorés, titre doré
 "nombreuses figures en taille-douce", 25 planches dépliantes avec chacune 16 vignettes légendées, bandeaux décoratifs, culs-de-lampe, lettrines ornées


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Scientifique de formation, Nicolas LEMERY travaille plusieurs années auprès de Christophe GLASER, apothicaire ordinaire et chimiste de LOUIS XIV, avant d’enseigner à Montpellier. De retour à Paris, il achète une charge d’apothicaire, ouvre une officine, mais surtout un laboratoire dans une cave de la rue Galande. C’est dans cet endroit qu’il va acquérir une grande célébrité.

Alimentant sa pédagogie par une pratique qui lui avait valu un grand succès à la faculté de Montpellier, il propose, avec un sens certain du spectaculaire, des démonstrations et des expériences de chimie à un auditoire toujours fourni où apparaissent aussi bien des grands noms de la noblesse que des étudiants, des bourgeois ou des coquettes. Passée à la postérité sous le nom de volcan de LEMERY, sa plus célèbre démonstration le conduit à simuler une éruption volcanique miniature à partir de limaille de fer et de soufre.

S’il n’est pas à l’origine de découvertes majeures, LEMERY marque l’histoire de la chimie par une volonté manifeste de la couper définitivement de l’alchimie imprégnée de superstitions et dont les formules tarabiscotées et ésotériques sont proches de la magie. Influencé par la pensée cartésienne, il entend faire de la chimie une science accessible au plus grand nombre et fondée sur l’expérimentation. Il déclare sans ambiguïté : « Je tache de me rendre intelligible. Mon dessein est de faciliter les moyens pour travailler en chimie et la dépouiller autant que je pourrai de ce qui la rend mystérieuse et cachée. »

Guidé par cette philosophie, il publie en 1675 un Cours de chymie qui se révélera être un énorme succès éditorial, régulièrement réédité et traduit dans toute l’Europe. De religion protestante, LEMERY connaît des années difficiles entre 1683 et 1686, année où il abjure avec sa famille, s’assurant ainsi la bienveillance royale et l’admission en 1699 à l’Académie des sciences.

La chimie reste la grande affaire de LEMERY, mais la pharmacologie demeure sa formation initiale, d’autant que ces deux domaines sont, à bien des égards, complémentaires. En 1699, il publie une Pharmacopée universelle « contenant toutes les compositions de pharmacie qui sont en usage dans la médecine ». Mais très vite il apparaît que cet ouvrage est incomplet, ne présentant pas les composants et les ingrédients des remèdes et traitements décrits. Le Dictionnaire universel des drogues simples, ici présenté, sort l’année suivante. Il rencontre également le succès et, sous le titre de dictionnaire, sera constamment réédité au cours du siècle, avec des augmentations et des corrections, en particulier par JUSSIEU l’aîné et le fils de l’auteur, Louis LEMERY. Les “drogues” du titre sont à comprendre comme toutes les matières minérales, animales, végétales, naturelles ou transformées mécaniquement ou chimiquement entrant dans la composition des remèdes pharmaceutiques.

Cet ouvrage se veut un guide pratique, car sans bases solides les apothicaires « sont sujets à tomber dans des erreurs grossières & des méprises très préjudiciables aux malades ». Il s’agit donc de décrire les ingrédients avec précision pour pouvoir, au-delà de leur aspect général, les reconnaître selon la texture, la couleur, le poids, l’odeur et le goût. Les falsifications et les erreurs étant nombreuses, les définitions se doivent d’être précises mais simples pour être facilement compréhensibles. En fin d’ouvrage, des planches représentent 400 des espèces citées, végétales ou animales. Les “drogues” sont classées par ordre alphabétique selon leur nom latin suivi par leur nom commun en français et une description qui prend en compte, selon les cas, le mode de culture, de récolte ou d’extraction. Une petite note étymologique clôture chaque définition.

La liste des produits est importante. On y trouve aussi bien le bouillon blanc (ou verbascum) qui « arrête les cours de ventre, adoucit les hémorroïdes », que les oursins « propres pour nettoyer les vieux ulcères », le vert-de-gris (aerugo) qui « déterge puissamment, il consume les chairs baveuses », ou encore la corne de narval (mot nordique traduit en “licorne de mer”) « cordiale, sudorifique, propre pour résister au venin ». Les drogues “exotiques” sont également bien présentes, tel l’opium qui « excite le sommeil » et sert à composer le laudanum, le cannabis dont « la semence est estimée propre à ralentir les ardeurs de Vénus » ou encore le bangue indien (bangh en version originale), haschisch qui se consomme mélangé à des épices ou à des liquides. Signalons également l’asphalte solidifié, originaire de la mer Morte, dénommé ici bitume de Judée.

L’ouvrage débute par un éloge de LEMERY retraçant sa vie et sa carrière. À la fin du livre figurent les tables alphabétiques des noms latins et des noms français.



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire