Mythologie, Antiquité gréco-romaine

Dictionnaire abrégé de la fable

pour l'intelligence des poëtes, des tableaux & des statues, dont les sujets sont tirés de l'histoire poétique

Auteur(s) : CHOMPRE Pierre

 à Rouen chez Pierre MACHUEL & Jean RACINE, rue Ganterie, hôtel Saint-Wandrille
 onzième édition (la première date de 1727)
  1782
 1 vol (VIII-423 p.)
 In-douze
 cuit fauve, dos à nerfs, caissons ornés de fleurons dorés


Plus d'informations sur cet ouvrage :

À la parution de ce dictionnaire, en 1727, Pierre CHOMPRÉ est maître de pension à Paris. Les pensions sont alors des institutions privées qui prodiguent un enseignement depuis ce qu’on appellerait aujourd’hui le secondaire jusqu’au supérieur. Elles accueillent, selon les cas, des pensionnaires, des demi-pensionnaires et des externes.

Au contact de ses élèves, CHOMPRÉ fait le constat qu’ils rencontrent bien des difficultés à appréhender les ouvrages de l’Antiquité et du Moyen Âge. Les écoliers sont en effet rebutés par les grands classiques à cause de leur style daté, de tournures obsolètes et de descriptions foisonnantes désormais inintelligibles sans recourir à des sources extérieures. C’est donc mû par une ambition purement pédagogique qu’il entreprend de compiler et de synthétiser des éléments de la culture classique, pour la rendre claire, accessible, voire divertissante à étudier.

Il choisit de s’attaquer à la fable, c’est-à-dire à ce qui correspond à la mythologie gréco-romaine au sens large : « les contes que la paganisme a fait des dieux, des demi-dieux & des héros que les poètes ont chanté ». Afin que le lecteur soit en mesure de comprendre rapidement l’essentiel d’une fable mythologique « telle que l’on doit la sçavoir pour lire les poëtes avec plaisir et avec utilité », il entend dresser un inventaire clair, dépouillé, et surtout dénué des « critiques fatigantes, de dissertations infructueuses » & de réflexions morales » rajoutées par des auteurs postérieurs qui « semblent avoir travaillé plutôt pour embrouiller les passages des poètes que pour les éclaircir ». Dans son travail de rédaction il peut s’appuyer sur les travaux critiques du Jésuite Pierre GAUTRUCHE et de l’abbé Antoine BANIER, même s’il avoue ne pas toujours partager toutes leurs analyses.

Au XVIIIe siècle, les récits mythologiques, bien que considérés comme des œuvres de pure fiction, constituent des références indispensables pour acquérir une culture classique complète. C’est dans ce but que CHOMPRÉ rédige ce Dictionnaire abrégé des fables qui sort pour la première fois en 1727. Paradoxalement, s’il révère les poètes et écrivains antiques qui se sont approprié la matière fantastique et mythologique pour rédiger leurs œuvres, l’auteur ne nourrit que peu d’estime pour la fable elle-même. Dès les premières lignes de la préface de l’édition présentée ici, il livre un jugement sans appel : « La mythologie est un tissu d’imaginations bizarres, un amas confus de faits sans chronologie, sans ordre, souvent même répétés sous différens noms ; enfin, un assemblage de contes misérables, destitués de toute vrai-semblance, & dignes de mépris. Cependant, comme la connoissance de ces chimères poëtiques & payennes est nécessaire pour entendre les Auteurs de l’Antiquité, nous avons composé ce petit Ouvrage de ce qu’il y a de plus essentiel à sçavoir sur cette matière. » Sa défiance à l’encontre de la fable est telle qu’il entend éviter à ses lecteurs un travail de recherche ingrat et même néfaste pour l’âme et l’esprit. Il s’agit selon lui d’« épargner aux jeunes gens d’aller puiser dans des sources empoisonnées, où, après une étude pénible & même dégoûtante, il n’y a rien à gagner pour la raison, & où il y a beaucoup à perdre pour le cœur ».

Le succès du dictionnaire est immédiat, et il sera régulièrement réimprimé jusqu’à la première moitié du XIXe siècle. L’ouvrage est aussi traduit dans différentes langues : la collection de Dicopathe comprend ainsi une version en espagnol de 1783, intitulée Diccionario abreviado de la fabula, dont les photos sont présentées ici à la suite de celles de cette édition. Dans les éditions suivantes, le contenu sera amendé pour le rendre plus complet, en particulier en ce qui concerne la “géographie poëtique” (sic) et les innombrables surnoms des divinités. Un souci particulier est apporté à ce que l’auteur appelle l’iconologie, c’est-à-dire l’explication de la représentation artistique et symbolique de ces personnages mythologiques. C’est ainsi que l’article Croissant renvoie à celui sur Diane, ou l’article Aigle à celui sur Jupiter. Selon les notices, souvent brèves et synthétiques, des personnages importants comme HERCULE n’ont parfois droit qu’à quelques pages. Près de trente ans plus tard, CHOMPRÉ publiera un nouveau dictionnaire abrégé sur ce même modèle, cette fois consacré à la Bible.

Pour conclure, évoquons la famille de Pierre CHOMPRÉ. Son frère Étienne-Marie, lui aussi maître de pension et écrivain, complètera l’œuvre de son aîné après son décès en 1760. Il publiera à son tour un essai sur les fables : Apologues ou réflexions morales sur les attributs de la fable. Quant à son fils Nicolas-Maurice, il mènera une carrière scientifique et une brillante carrière diplomatique.



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