Bibliographie, Bibliophilie

Trésor de livres rares et précieux

ou, Nouveau dictionnaire bibliographique ; contenant plus de cent mille articles de livres rares, curieux et recherchés, d'ouvrages de luxe, etc. avec les signes connus pour distinguer les éditions originales des contrefaçons qui en ont été faites, des notes sur la rareté et le mérite des livres cités et les prix que ces livres ont atteints dans les ventes les plus fameuses, et qu'ils conservent encore dans les magasins des bouquinistes les plus renommés de l'Europe

Auteur(s) : GRAESSE Johann Georg Theodor

 Dresde, Rudolf KÜNTZE, libraire éditeur ; Genève, librairie H. Giorg ; Londres, DULEAU & comp., libraires, 57, Soho square ; Paris, C. REINWARLD, libr.-comiss., 15 rue ds Saints-pères
 réimpression à l'identique datant de 1993 de l'édition originale
  1859-1869
 8 vol
 In-octavo
 reliure imitation cuir, dos lisse avec filets et écritures dorées


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Johann Theodor GRAESSE, dont le nom peut également être orthographié GRÄSSE, est le fils d’un enseignant pédagogue prussien installé en Saxe et renommé pour ses manuels d’apprentissage du latin. Notre homme suit de brillantes études à l’école princière de Grimma, puis à Leipzig où il obtient son doctorat en 1834. Il se passionne tout à la fois pour la philologie, la littérature, la philosophie, l’histoire et l’archéologie. Après avoir professé à l’université de Halle, il s’installe en 1837 à Dresde, où il enseigne le français. C’est là qu’il entreprend la composition d’une encyclopédie sur l’histoire de la littérature, le Lehrbuch einer allgemeinen Literätgeschichte aller bekannten Völker der Welt (Le Manuel d’histoire littéraire de tous les peuples du monde), qui ne sera achevée qu’en 1860. Malgré son intense labeur, il trouvera le temps et l’énergie de signer une traduction remarquée de la Gesta romanorum.

Ses talents et ses compétences attirent l’attention du roi de Saxe, qui décide d’en faire son bibliothécaire. Par la suite, il assure également la responsabilité de la collection du musée de la Porcelaine, mais GRAESSE se consacre toujours prioritairement à l’écriture, rédigeant, entre autres, un ouvrage intitulé Bibliotheca magica et Sagenschatz des Königreichs Sachse (Trésor de légendes du royaume de Saxe). Il s’engage également dans un autre projet d’envergure, un grand dictionnaire bibliographique capable de surpasser ceux jusqu’alors édités. À l’époque, la référence incontournable sur le sujet est sans conteste Le Manuel du libraire et de l’amateur de livres, de Jacques-Charles BRUNET ; lequel, publié pour la première fois en 1810, est rapidement devenu un classique de la bibliophilie. Par la suite, d’autres rédacteurs partiront de cet ouvrage, soit pour le compléter ou l’améliorer, soit pour en proposer des versions en d’autres langues que le français. Ce sera le cas de Friedrich-Adolf EBERT, qui publiera un Allgemeines bibliographisches Lexikon, ou de William LOWNDES, auteur d’un ouvrage intitulé The bibliographer’s manual of English literature.

C’est en 1859 que GRAESSE sort à Leipzig – en français – le premier volume du Trésor de livres rares et précieux, ouvrage que nous vous présentons ici. Véritable encyclopédie des livres rares revendiquant plus de 100 000 références bibliographiques, l’ouvrage reçoit un accueil favorable, même si certaines critiques mettent l’accent sur quelques erreurs et coquilles. Mais, alors qu’il est en train de travailler d’arrache-pied à en finaliser la seconde partie, BRUNET publie, entre 1860 et 1865, une nouvelle version, remaniée et augmentée du tiers, de son Manuel du libraire, dont les six volumes vont immédiatement constituer la “bible” de tous les bibliophiles. Impressionné par cette concurrence prestigieuse, GRAESSE persiste malgré tout dans son projet, bénéficiant du soutien sans faille de son éditeur Rudolf KÜNTZE ; de sorte qu’en avril 1869 il pourra mettre un point final au huitième et dernier volume de son livre.

Dans son avant-propos, il écrira : “Maintenant, où le Trésor est achevé, on peut bien faire une comparaison impartiale entre le Manuel de M. Brunet et mon ouvrage, et l’on avouera, j’espère, que ces deux livres peuvent exister paisiblement l’un à côté de l’autre, en se suppléant et se complétant l’un l’autre. J’ai reconnu avec plaisir le grand mérite de mon célèbre rival (voir le Supplément, art. Brunet) et j’avoue que, si j’avais prévu, en concevant le plan de mon Trésor, que M. Brunet méditait et préparait une nouvelle édition du Manuel, probablement aurais-je renoncé à mon entreprise ; mais, dès que le premier volume du Trésor eut paru, il ne dépendait plus de moi de l’abandonner, et j’ai la satisfaction que le public littéraire a reconnu unanimement que de ma part rien n’a été omis pour rendre mon dictionnaire bibliographique aussi complet que possible.”

Très dense, réservé à un public doté de réelles notions de bibliographie, ce catalogue impressionne par la masse d’informations rassemblées, fruit d’un considérable travail d’érudition. L’auteur y passe en revue d’innombrables ouvrages rédigés à des époques et dans des langues très diverses. Dans un recueil qui offre une sélection basée sur la rareté et l’intérêt des ouvrages cités, GRAESSE présente une notice détaillée sur chaque ouvrage, prenant la peine d’en citer les différentes éditions et d’en décrire toutes les caractéristiques. Destiné au premier chef à des bibliophiles, des bibliothécaires, des collectionneurs et des libraires, le Trésor apporte aussi des indications sur la valeur marchande des livres présentés : “Enfin, je ne manque pas de remarquer que j’ai cru rendre un service à Messieurs les bibliophiles et amateurs en ajoutant à la liste des prix de vente aussi ceux qui se trouvent dans les catalogues des plus renommés bouquinistes de l’Europe, tels que MM. Longman, Quaritch, Bohn, Tross, Aubry, Techener, Heussner, Nyhoff, Müller, Weigel, Butsch, Asher, Stargardt, Calvary, Maske, etc, vu que les prix de vente varient beaucoup, tandis que ceux des bouquinistes, quoique fondés sur ces derniers, maintiennent ordinairement une espèce de stabilité systématique.”

En conclusion, si le Brunet restera “la” référence bibliographique de l’époque, le Trésor en deviendra le complément incontournable. GRAESSE décèdera en avril 1885.

Exemples de notices

– Le Caquet des bonnes chambrières déclairant aulcunes finesses dont elles usent vers leurs maistres et maistresses. Imprimé par le commandement de leur secrétaire, maistre Pierre Babillet, Item une pronostication sur les mariez et femmes veufues, avec la manière pour cognoistre de quel boys se chauffe l’Amour. (En vers.) Paris pour Jean de Lastré. pet. in-8°. (8 ff.) – Pièce satirique du XVIe siècle en vers, réimpr. plusieurs fois (V. Vraie médecine) p. ex. : Rouen, Nicolas Lescuyer s. d. in-12. ib., Nic. Costé s. d. in-12. Lyon en la maison de feu Barnabé Chaussurd s. d. in-8°. Goth. (37 fr. Nodier.) et dans les Poésies Gothiques-franc. de Silvestre. Paris 1831. in-8o. (18 pp.) et dans An. de Montaiglon, Anc. Poésies françaises Vol. V. p. 72-84.

– Antonius Arena ad suos copagnones studiantes… et de nouo per ipsum correctas, & iolyter augmentas : cum guerra Romana etc. (A Poictiers cheux Jacques Bouchet.) (À la fin 🙂 Pictavis mil cinq cens quante (sic) six 1546. in-8°. 42 ff. non chiffr Le texte en lettr. goth., le titre en lettr. rondes. 40 fr. Libri. À la fin de ce volume se trouvent les figures d’un grand nombre de danses à la mode au commencement du XVIe siècle. Ces figures sont indiquées à l’aide d’une notation particulière que l’auteur a soin d’expliquer. Plusieurs de ces danses ont des noms français, d’autres (telles que la brot de la vigno) ont des noms patois ; une seule (Consumo la vita mia) est en italien, une autre (Dulcis amica) en latin. Ce ne sont probablement là que les premiers mots des chansons, sur l’air desquelles on exécutait ces danses.



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