Franc-maçonnerie

Répertoire maçonnique

contenant les noms de 30000 francs-maçons de France et des colonies, relevés dans les archives de l'Association antimaçonnique de France. Supplément au Répertoire maçonnique, contenant 6000 noms. Lire avec soin la préface

Auteur(s) : Association antimaçonnique de France

 Paris, éditions de l'Association antimaçonnique de France, 42, rue de grenelle (VIIe arrondissement) ; dépôt principal, 10, rue Cassette (librairie P. Lethielleux)
 édition originale
  1908
 1 vol (XXXIV-752-XX-166 p.)
 In-octavo
 demi-chagrin noir, dos à cinq nergs, titre en lettres dorées


Plus d'informations sur cet ouvrage :

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Accusée par certains d’être une société secrète ayant pour but de promouvoir un programme politique et social “occulte”, la franc-maçonnerie doit affronter un regain d’hostilité sous la IIIe République. L’Église catholique, en particulier, dénonce le rôle décisif qu’elle aurait joué dans la mise en place de lois antireligieuses et la promotion de la laïcité. D’autres jugent dangereuse l’existence d’une organisation qui, à leurs yeux, exerce une réelle influence sur les affaires du pays grâce à la profession ou la fonction occupée par ses membres. L’affaire des fiches, qui éclate en 1904, impliquant des loges et des francs-maçons, va donner un nouvel élan et une audience élargie à l’antimaçonnisme.

Afin de contrer les “plans” de la franc-maçonnerie, des associations – qui vont souvent se compromettre avec l’antisémitisme et l’ultranationalisme antirépublicain – sont officiellement créées en France. Dès 1884, le périodique La franc-maçonnerie démasquée est lancé par monseigneur FAVA, évêque de Grenoble. Ce titre est repris en 1892 par l’abbé Gabriel de BESSONIES, plus connu sous le pseudonyme de SOULACROIX, fondateur en 1892 du Comité antimaçonnique de Paris. Sous l’impulsion de son collaborateur, l’abbé Henry JOSEPH, dit TOURMENTIN, cette association devient, en 1904, l’Association antimaçonnique de France, dont le but déclaré est de “faire connaître, par la propagande écrite et parlée, l’influence philosophique, sociale et politique de la franc-maçonnerie et autres sociétés secrètes”. Soulignons qu’elle n’est pas la seule de son genre, puisque deux ans plus tard le journaliste Paul COPIN-ALBANCELLI – lui-même ancien franc-maçon avant de devenir un des plus farouches opposants au Grand Orient – et Émile DRIANT fusionnent leurs organisations pour fonder la Ligue française antimaçonnique.

Grâce à un patient et méticuleux travail de collecte, commencé dans les années 1880 et basé sur la documentation accessible au grand public, l’Association antimaçonnique de France constitue un véritable bottin, qu’elle s’empresse de publier au printemps 1910. Cette date n’est pas choisie au hasard, l’éditeur ne faisant guère mystère de ses intentions : “Paraissant à la veille des élections municipales, prélude des élections législatives, ce livre fournira des renseignements précieux sur les candidats et sur les membres des comités qui les soutiennent. Quelles que soient, en effet, la diversité des étiquettes politiques, la part de la situation personnelle, l’importance des questions locales, les électeurs ont toujours intérêt à savoir ce que pensent, au fond, les candidats, à découvrir les attaches plus ou moins cachées qui les lient, à être renseignés sur les influences dont ils dépendent.” Les auteurs cherchent clairement à prouver qu’au-delà même des clivages politiques, l’appartenance à la franc-maçonnerie implique pour les candidats aux élections de devoir se conformer aux objectifs supposés de cette société secrète : “Or, à part des exceptions si rares qu’on ne peut en faire état, les candidats à une fonction élective, quelle qu’elle soit, ne proclament pas leur qualité de franc-maçon. Tenus par le secret qu’ils ont juré, ils cachent au public leur affiliation à une association qui leur prête son appui et qui, souvent, assure leur succès. Et cependant, le seul fait de cette affiliation, mieux que toutes les professions de foi, renseigne sur les desseins des candidats et révèle leur véritable programme.”

Précédé d’une Nomenclature des loges, chapitres et conseils philanthropiques de la France et des colonies, l’ouvrage que nous vous présentons se compose d’une très longue liste, en soi assez rébarbative à l’image d’un annuaire, de noms, au nombre de près de 36 000. Chaque nom est assorti de la profession, de la source dans laquelle le nom a été puisé et, plus étonnant, de l’adresse des intéressés. Bien que ce recueil soit censé servir de guide pour éclairer le choix des électeurs, tous les francs-maçons recensés – qu’ils occupent ou non une fonction officielle ou qu’ils briguent ou non un mandat – sont ainsi “livrés en pâture”. Camouflée derrière le but prétendument informatif de la liste, l’ouvrage s’apparente bel et bien à une délation à grande échelle.

Cette publication, qui ne se cantonne pas aux seuls milieux politiques et gouvernementaux, s’attarde particulièrement sur le domaine de l’instruction publique, qui se voit décrit comme placé sous l’influence directe de la franc-maçonnerie : “Comment l’Association antimaçonnique pourrait-elle apprécier et démontrer cette influence, si elle ne recherchait, au préalable, dans quels milieux la franc-maçonnerie se recrute ? Prenons un exemple. On constatera, dans ce volume, que le nombre des magistrats francs-maçons est relativement faible. Il est permis de supposer que cette proportion est pour quelque chose dans l’indépendance des tribunaux au sujet de la revendication des fondations pieuses. On verra, d’autre part, que les universitaires, et notamment les instituteurs, constituent une fraction importante de la franc-maçonnerie française. Par là s’explique l’influence maçonnique exercée sur l’éducation de la jeunesse et sur la mentalité des masses rurales et ouvrières.” Remarquons, au passage, que les auteurs n’ont pas retenu les noms des membres féminins des loges maçonniques féminines et mixtes. La raison en est clairement exposée : “On remarquera que nous n’avons inscrit aucun nom de sœur appartenant à la franc-maçonnerie mixte ou autre, la femme n’étant pas encore admise à voter et donc inéligible. »

L’Association antimaçonnique de France périclitera les années suivantes, TOURMENTIN se retirera dans son département natal des Deux-Sèvres en 1924, et la revue La franc-maçonnerie démasquée cessera de paraître la même année. L’antimaçonnisme ne disparaîtra pas pour autant, trouvant un allié dans le régime de Vichy qui, par la loi du 13 août 1940, prononcera la dissolution des associations secrètes.



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