Dictionnaire pratique et critique de l’art épistolaire français
avec des préceptes et des conseils sur chaque genre, plus de mille modèles choisis dans les monuments et les documents de la langue française, et des remarques sur chaque lettre
Auteur(s) : DEZOBRY Louis Charles
Plus d'informations sur cet ouvrage :
Né à Saint-Denis en 1798, Louis Charles DEZOBRY se lance dès la fin de ses études dans la rédaction d’un grand ouvrage consacré à l’histoire de Rome antique ; l’œuvre est très inspirée du Voyage du jeune Anacharsis en Grèce, écrit une cinquantaine d’années plus tôt par l’abbé BARTHÉLÉMY. À l’instar de son modèle, le livre relate, sous forme épistolaire, le récit de voyage d’un jeune gaulois fictif nommé CAMULOGÈNE qui, à la fin du premier siècle avant notre ère, entreprend de découvrir la capitale de l’Empire. Après seize années de travail acharné, le livre Rome au Siècle d’Auguste, ou voyage d’un Gaulois à Rome, à l’époque du règne d’Auguste et pendant une partie du règne de Tibère est édité par la librairie Hachette en 1835. Ce titre, auréolé de belles critiques, se vend très bien, ce qui encourage son auteur à mettre en chantier une nouvelle édition corrigée et augmentée qui sera éditée dix ans plus tard.
Fort du succès durable du livre, DEZOBRY poursuit son travail d’écriture fondant par ailleurs une maison d’édition qui publiera de nombreux classiques. Avec Théodore BACHELET, il dirige la rédaction de deux grands dictionnaires thématiques : Le Dictionnaire général de biographie et d’histoire, de mythologie, de géographie ancienne moderne et comparée et Le Dictionnaire des lettres, des beaux-arts, des sciences morales et politiques, respectivement publiés en 1862 et 1863. Il aborde ensuite un autre sujet, l’art de la correspondance, qu’il juge trop souvent négligé, mais dont il souligne l’importance, écrivant ainsi : “L’art épistolaire dans une société civilisée, est une des nécessités de la vie ; la personne la plus antipathique à toute culture littéraire se trouve souvent obligée d’écrire une lettre pour ses affaires, pour des informations, une sollicitation, une recommandation, des devoirs ou des services à rendre, et cent autres causes”. Il en conclut qu’“il est donc sage de se préparer à cet exercice, car on aura beau fuir les occasions d’écrire, on ne pourra pas toujours les éviter”.
Il se propose dans l’ouvrage, ici présenté sous le titre de Dictionnaire pratique et critique de l’art épistolaire français, “d’offrir cette préparation quasi toute faite, aux esprits paresseux ou inexpérimentés, ou seulement à ceux qui doutent. Mon moyen est de présenter un très grand nombre de modèles de lettres divisés par genres, et les genres classés alphabétiquement. Nous sommes tous un peu comme les enfants, qui apprennent bien plus par l’exemple que par le précepte, parce que l’un est la chose même, tandis que l’autre n’en est que la définition plus ou moins juste, plus ou moins abstraite”. L’auteur, qui souhaite un livre accessible au plus grand nombre n’“a pas craint d’aborder les sujets les plus usuels, les plus ordinaires”, ce qui ne l’empêche pas de se faire le défenseur de la qualité littéraire et du beau style en s’appuyant sur plus d’un millier de “lettres vraies, prises dans toutes les correspondances de quelque valeur depuis Voiture et Balzac jusqu’à nos jours inclusivement, y compris celles écrites en français par des étrangers“.
Ces modèles sont classés selon différents thèmes, genres et circonstances : Adieux, Militaires, Voyage, Audience, Réclamation, Anniversaire, Pardon, Plaintes, Congé, Cartel, Récréances, Rupture, Diplomatiques, etc. Précédée de conseils et de préceptes généraux, chaque catégorie est illustrée par plusieurs courriers afin de “montrer comment un même sujet a été traité par diverses personnes, dans des conditions et des situations différentes, avec des esprits très-différents aussi”. Chacune des lettres fait l’objet d’un préambule présentant l’auteur et les circonstances de sa rédaction, suivi d’une analyse de DEZOBRY qui en démontre les qualités et, le cas échéant, en explicite les non-dits.
Malgré les intentions de son auteur, cet ouvrage aura sans doute été reçu comme une anthologie littéraire et non comme un guide pratique, ce qui en explique le succès très modéré en comparaison de ses précédentes publications. Prolifique, DEZOBRY publie cette même année 1866 un Traité de versification française suivi d’un album alphabétique des vers proverbes français. Il décède à Meudon en août 1871.







