Guerres et conflits

Dictionnaire du temps, pour l’intelligence des nouvelles de la guerre

contenant la description des contrées qui sont ordinairement le théâtre des guerres de la France, celle des villes & Places fortes qui s'y trouvent, le détail de leur situation & fortifications, des sièges qu'elles ont soutenus, des actions qui s'y sont passées, &c. avec un Recueil alphabétique des termes de la guerre, du génie, de la marine & de la géographie.

Auteur(s) : L'ADMIRAL

 à Paris, chez Cl. J. Baptiste BAUCHE, libraire, quai des Augustions, à l'image Sainte-Geneviève, & à Saint Jean dans le désert
 quatrième édition "revue, corrigée, augmentée de plus d'un quart, & surtout d'un détail sur l' Asie, sur l' Amérique & sur les colonies françoises & angloises, qui ne se trouve dans aucun ouvrage géographique" (la première date de 1746)
  1756
 1 vol (LXV-524 p.)
 In-octavo
 cuir fauve, dos à cinq nerfs, orné de motifs dorés
 bandeaux décortatifs, culs-de-lampe, lettrines, 2 planches pliantes en noir et blanc


Plus d'informations sur cet ouvrage :

La guerre de Trente Ans se traduira par un véritable cataclysme qui touchera, directement ou indirectement, une grande partie du continent européen. C’est à cette époque que les guerres changeront d’échelle, obligeant désormais les nations européennes à mobiliser des moyens et des effectifs de plus en plus considérables. L’artillerie et la puissance de feu deviendront les éléments majeurs des batailles et des sièges, rendant les affrontements de plus en plus destructeurs. En même temps, par le jeu des alliances, du développement de la marine de guerre et de l’expansion coloniale, le théâtre des opérations finira par s’étendre outre-mer. Dans ce contexte, les guerres entre nations, considérées comme le prolongement normal de la diplomatie et de la politique, se multiplieront tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles. Le règne de LOUIS XIV sera marqué par un état de guerre quasi permanent, qui impliquera un grand nombre de belligérants et épuisera le royaume de France. Sous son successeur LOUIS XV, la situation ne sera guère plus pacifique car marquée par trois conflits majeurs : la guerre de la Succession de Pologne, la guerre de la Succession d’Autriche et surtout la guerre de Sept Ans, qui reste généralement considérée par les historiens comme la première guerre “mondialisée”.

Le grand public, désireux de s’informer sur l’évolution de la situation internationale et les conflits en cours, proches ou lointains, cherchera à connaître des noms de lieux, des données stratégiques et des faits historiques. Pour combler cette demande sortira, pour la première fois en 1747, le Dictionnaire du temps, pour l’intelligence des nouvelles de la guerre. Signé d’un certain L’ADMIRAL, sur lequel nous ne disposons d’aucune information complémentaire – peut-être un pseudonyme ? -, cet ouvrage se veut un guide pratique visant à aider le lecteur à s’informer sur les villes, pays, places fortes et autres batailles dont les noms sont susceptibles de ressurgir à tout moment dans les lectures ou les conversations. Le livre ne se contente donc pas de décrire le déroulement des batailles, mais cherche plutôt à replacer les événements dans une perspective historique qui, le cas échéant, peut remonter à la fin du règne de LOUIS XIII, voire plus loin.

Précédé d’une dédicace adressée au prince de CONDÉ, l’ouvrage, qui rencontre immédiatement son public, connaît un regain d’intérêt lorsque la France s’engage dans la terrible guerre de Sept Ans, où elle se bat sur plusieurs fronts et sur plusieurs continents. Devant l’évolution rapide des événements militaires, il devient alors impératif, pour rester une source fiable et privilégiée d’information, d’en actualiser le contenu. À partir de 1756, des nouvelles versions augmentées et corrigées se succèdent de manière rapprochée, dont la quatrième que nous vous présentons ici. Jugeant que sa première mouture était trop “topographique” et qu’il s’était “borné au seul théâtre des opérations”, l’auteur joint dans notre exemplaire deux planches représentant un plan de fortification et un vaisseau de guerre ; mais, surtout, il fait valoir qu’il a “inséré aussi la position de beaucoup de lieux qui étaient sans conséquence il y a quelques années, mais qui sont aujourd’hui des lieux fameux & qu’il n’est plus permis d’exclure du Dictionnaire du temps. Les Villages de Fontenoy, de Roccoux & de Lauffelt, ceux de Culloden & de Mollwitz, etc. y ont trouvé leur place”.

Pour autant, s’il a bien intégré dans son livre les principales batailles et campagnes du conflit précédent, L’ADMIRAL ne parvient apparemment pas à mettre à jour son ouvrage pour ce qui touche à la guerre en cours. Il y manque donc des lieux et des événements majeurs, tels que la reprise de Minorque aux Britanniques, les offensives prussiennes en Saxe, les affrontements en Inde et en Amérique septentrionale. L’ouvrage est donc clairement incomplet, comme l’auteur le reconnaît lui-même dans l’édition suivante : “Notre Dictionnaire, dressé principalement pour faire connaître les contrées & les villes & les places, qui sont comme le théâtre ordinaire des guerres de la France, ne renfermait presque rien de ce qui a rapport à la guerre d’aujourd’hui.”Il essaiera de “corriger le tir” en insérant un supplément, mais ne parviendra jamais à suivre le cours rapide des événements marqué par de multiples retournements de situation.

Extraits

– Bruxelles : En 1746, le roi, jugeant que rien ne serait plus capable de déconcerter les projets de ses ennemis que la prise de Bruxelles, ville la plus considérable des Pays-Bas autrichiens & le centre de leur gouvernement, la fit assiéger par M. le Maréchal de Saxe au cœur de l’hiver ; la rigueur de la saison, la difficulté des transports, une garnison de 18 bataillons & de 9 escadrons ne furent pas capables d’arrêter M. le Maréchal de Saxe. La place se trouva investie en même temps de tous côtés le 30 janvier. Les troupes, qui défendaient Vilvorde & les forts de son canal, furent enlevées, Louvain fut occupée, & la tranchée ouverte devant Bruxelles le 7 février ; la garnison fut obligée de se rendre prisonnière de guerre après 13 jours de tranchée ouverte, & à la vue d’une armée qui s’assemblait pour son secours ; dix-sept officiers généraux qui se trouvaient dans la ville subirent le même sort, & la place se rendit le 21. Le roi y fit son entrée au commencement de mai avec beaucoup de magnificence.

– Fort d’Oswego : en Amérique septentrionale dans le Canada, sur la côte sud-est du lac Ontario, & à l’embouchure de la rivière de Chouaquen. Ce fort a été bâti en 1727 par M. Burnet, gouverneur pour les Anglais de la nouvelle York. Avant cet établissement, les Anglais n’avoient jamais songé à s’approcher des lacs du Canada, dont les François étaient seuls en possession de tout temps. Le gouverneur envoya de Québec un officier sommer le Commandant de ce petit fort de l’évacuer & de se retirer sur les terres de l’Angleterre. Cette sommation, qui est du 1er août 1727, fut inutile. Depuis ce temps, les Français n’ont pas cessé de protester contre cette invasion, de laquelle cependant les Anglais prétendent aujourd’hui se faire un titre, que la France est bien éloignée de reconnaître.



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