
Dictionnaire bibliographique choisi du quinzième siècle ou Description par ordre alphabétique des éditions les plus rares et les plus recherchées du quinzième siècle
précédé d'un essai historique sur l'origine de l'imprimerie, ainsi que sur l'histoire de son établissement dans les villes, bourgs, monastères et autres endroits de l'Europe : avec la notice des imprimeurs qui y ont exercé cet art jusqu'à l'an 1500
Auteur(s) : LA SERNA SANTANDER Carlos Antonio de
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À l’issue de ses études au collège jésuite de Villagarcía de Campos, Carlos Antonio de LA SERNA SANTANDER se voit contraint de quitter le noviciat après l’expulsion des Jésuites du royaume en 1767, et de poursuivre sa formation à l’université de Valladolid. Un de ses oncles, Juan Manuel de SANTANDER y ZORRILLA est alors le directeur de la Bibliothèque royale de Madrid. En 1772, il gagne Bruxelles où il rejoint un autre oncle maternel, Simon Antonio SANTANDER. Ce dernier, bibliophile réputé, charge son neveu de poursuivre l’agrandissement de sa collection. LA SERNA est également sollicité, en raison de ses compétences, pour réorganiser une section de la bibliothèque de Bourgogne. À la mort de son bienfaiteur en 1791, il hérite de sa bibliothèque en même temps que d’une belle fortune personnelle. En 1803, il publie un catalogue en plusieurs volumes riche de 6500 entrées.
Après l’arrivée des troupes françaises en 1794, LA SERNA œuvre pour mettre en place la bibliothèque publique de Bruxelles, qui devient celle de l’École centrale. L’université de Louvain ayant été fermée par décret en octobre 1797, une partie de son fonds est transférée dans le nouvel établissement bruxellois. Nommé bibliothécaire en chef, notre bibliophile se rend sur place pour sélectionner des ouvrages à rapatrier à Bruxelles, soit au total 718 documents. Ami du bibliothécaire MERCIER DE SAINT-LÉGER, tombé dans le dénuement, il propose de lui céder son poste, mais cette offre est refusée par le ministre de l’Intérieur, qui préfère lui accorder une pension. Entre 1805 et 1807, LA SERNA publie sa grande œuvre, le Dictionnaire bibliographique choisi du quinzième siècle, qui découle directement du catalogue publié quelques années plus tôt : “L’ouvrage que j’offre au public est le résultat d’un grand nombre de notes et de remarques bibliographiques détachées, que j’avais faites pendant le temps que j’ai employé à former la belle collection de livres, dont le catalogue se trouve imprimé.”
Précédé d’un essai, qui occupe le premier tome, sur l’histoire de l’imprimerie, une liste des imprimeurs et des villes qui, au XVe siècle, abritaient des ateliers en Europe, le dictionnaire est un répertoire d’incunables “remarquables”. Destiné en priorité aux bibliophiles avertis, aux libraires et aux bibliothécaires, l’auteur n’a en effet retenu dans son ouvrage que les éditions qu’il jugeait les plus rares et les plus précieuses. Ce parti pris est clairement revendiqué : “On compte environ 15 000 impressions faites en Europe durant cette période ; mais dans ce nombre on aurait de la peine à en trouver 1 500 qui fussent dignes de l’attention des curieux, et d’occuper une place distinguée dans les bibliothèques. Le choix que nous en avons fait est tel que nous oserons bien assurer que les éditions, dont il ne sera pas fait mention dans ce dictionnaire, ne peuvent être considérées que comme des livres très ordinaires et d’un prix à peu près égal à la valeur de leur reliure ; de manière qu’en ouvrant le dictionnaire, le lecteur pourra voir sur-le-champ si une impression quelconque du XVe siècle, tombant sous sa main, mérite ou non de la considération ; avantage important pour les bibliophiles et pour ceux en particulier qui font le commerce de la librairie.”
Il passe ainsi en revue 1442 ouvrages, classés par ordre alphabétique d’auteur ou, en cas d’œuvre anonyme, par titre. Si son répertoire d’incunables est une source précieuse pour les historiens et les amoureux des livres anciens, il est par définition incomplet. En outre, préoccupé par les aspects purement littéraires et l’érudition, il a négligé certaines informations plus techniques tout en ayant tendance à abréger et même à simplifier les titres plus que nécessaire. Pour avoir condamné de manière trop marquée la guerre menée par NAPOLÉON en Espagne, il perdra finalement son poste en 1811, en ayant quand même la consolation de voir son ami Charles VAN HULTHEM prendre sa suite. LA SERNA mourra à Bruxelles en novembre 1813.
Un exemple de notice
BASILII, Sancti, Opusculum de Legendis antiquorum libris, latinè, Leon. Aretino interprete. Moguntia, absque nomine typographi, et anni nota. in-fol.
Édition très rare et peu connue ; elle a échappé aux recherches de Wurdtwein, qui, dans sa Bibl. Mog., n’en fait pas mention ; elle est sans chiffres, signatures et réclames. Ce petit volume est de 18 feuillets, dont le premier contient l’intitulé, imprimé avec les mêmes caractères qui ont servi au Psautier de 1457 ; le second renferme la préface de Léon Aretin, adressée ad Collutium salutatum ; le texte suit, à la fin duquel on lit cette souscription : Magnus Basilius de poetarum orator. hiftoricorum ac philosophorii legendis libris Mogucie impressus, & p Martinu Brenningariu (quo facilius intelligatur) rubricis titulifis interstinctus : feliciter finit. Les caractères, employés dans cette impression, sont ceux dont Schoiffer s’est servi dans l’édition de la Secunda secunda Divi Thoma, de l’an 1467.