culture générale

Grand dictionnaire universel du XIXe siècle

français, historique, géographique, mythologique, bibliographique, littéraire, artistique, scientifique, etc., etc. Comprenant : la langue française, la prononciation, les étymologies, la conjugaison des verbes irréguliers, les règles de grammaire, les innombrables acceptions et les locutions familières et proverbiales, l’histoire, la géographie, la solution des problèmes historiques, la biographie des hommes remarquables, morts ou vivants, la mythologie, les sciences physiques, mathématiques et naturelles, les sciences morales et politiques, les pseudo-sciences, les inventions et découvertes, etc., etc., etc. Parties neuves : les types et les personnages littéraires, les héros d'épopées et de romans, les caricatures politiques et sociales, la bibliographie générale, les beaux-arts et l’analyse de toutes les œuvres d’art

Auteur(s) : LAROUSSE Pierre

 

ABRANT, ACCOYER-SPOLI, BOISSIERE, BONASSIES, CAIGNARD, CATALAN, CHAUMELIN, CHERUSOLLES, COMBES, COSSE, DEBERLE, DUPUIS, DURAND, FELIX CLEMENT, FILET, GANNEAU, GEORGES, GOTTARD, GOURDON de GENOUILLAC, HUMBERT, LE MANSOIS DUPREZ, MAXIMILIEN MARIE, NICOLLE, PILLON, POURRET, PRODHOMME, SCHNERB, et al.

 Paris, Administration du Grand dictionnaire universel, 19 rue Montparnasse, 19
 édition originale
  1866-1877 (dictionnaire), 1878 et 1888 (suppléments)
 15 vol + 2 suppléments (environ 22700 pages)
 In-folio
 basane verte imprimée et décorée, titre et tomaisons dorés
 gravure en frontispice du buste de LAROUSSE sculpté par PERRAUD, par BELLENGER et COUTELIE, planches historiées en frontispice de chaque lettre, gravures historiées en en-tête, gravures à la fin de chaque lettre, quelques illustrations dans le texte


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Après avoir démissionné volontairement de son poste d’instituteur, Pierre LAROUSSE quitte son village de Toucy pour se rendre à Paris afin de parfaire son éducation dans les bibliothèques, les écoles, les musées et les universités. Après avoir édité à son compte des ouvrages pédagogiques et grammaticaux destinés aux écoles, il s’associe en 1852 avec Pierre-Augustin BOYER, également ancien instituteur, pour fonder la librairie LAROUSSE-BOYER qui se spécialise dans les manuels scolaires. Les deux associés militent pour l’instruction gratuite et obligatoire par l’intermédiaire de leurs périodiques L’école normale et L’émulation.

La lexicologie devient rapidement une des priorités de la jeune maison d’édition. En 1856 paraît le Nouveau dictionnaire de la langue française, ancêtre du Petit Larousse. Cet ouvrage rencontre immédiatement un grand succès éditorial et sera réédité et augmenté sans discontinuité pendant plusieurs années.

Assuré financièrement et désormais seul, depuis 1869, à la tête de la maison d’édition, Pierre LAROUSSE se consacre à la réalisation d’un projet ambitieux : réaliser un grand dictionnaire encyclopédique destiné à embrasser l’ensemble des connaissances de son temps et à décrire le monde contemporain de manière exhaustive. Pour reprendre une expression tirée de sa préface, il s’agit de « parcourir le vaste cercle des connaissances humaines ».

Contrairement à Émile LITTRÉ qui, au même moment, rédige son Dictionnaire de la langue française, le français ne constitue pas pour LAROUSSE le sujet central de son ouvrage mais un thème parmi d’autres, au même titre que la science, l’histoire, la géographie, la politique ou l’art. Une souscription est lancée en avril 1863, et le premier fascicule de 200 pages du Grand dictionnaire universel du XIXe siècle est livré en décembre de la même année. Gravement malade à partir de 1871, Pierre LAROUSSE décède en 1875, mais son œuvre est menée à son terme grâce à l’action conjuguée de sa veuve, Suzanne Pauline CAUBEL et de son neveu, Jules HOLLIER, qui prendra par la suite le nom d’HOLLIER-LAROUSSE.

En 1878, l’ensemble du dictionnaire est édité sous une forme reliée à l’occasion de la sortie d’un supplément destiné à servir de mise à jour au Dictionnaire universel. Un deuxième supplément est publié en 1888. À la fois dictionnaire de mots et encyclopédie universelle, cet ouvrage devient le prototype même du dictionnaire encyclopédique et rencontre d’emblée le succès public et commercial.

Pour chaque nom commun, l’article débute classiquement par des indications de prononciation et d’étymologie du mot, suivies de la définition proprement dite, assortie des différentes interprétations possibles (sens propre, par extension, par analogie, figuré, etc.) illustrées d’exemples. Après ce premier “bloc” d’informations suivent un ou plusieurs développements selon le sujet (commerce, jurisprudence, rhétorique, technique, histoire, synonymes, etc.). Très fréquemment, un chapitre dit “encyclopédique” (encycl.) permet d’insérer un véritable petit abrégé.

Par exemple, après leur définition proprement dite, les mots Anthologie et Anecdotes sont suivis de longs exposés historiques et littéraires, émaillés de très nombreux exemples. Pour qualifier cette présentation lexicographique, Alain REY parle d’un « arrangement en cascades » qui ambitionne de faire le tour d’un sujet, du général au particulier. Les biographies, les évènements historiques, les œuvres d’art et les œuvres littéraires, les pays, les peuples et les lieux font l’objet de notices détaillées. Ce dictionnaire, à la fois synthétique, vulgarisateur et érudit, jouit jusqu’à nos jours d’une réputation exceptionnelle en raison de la masse, de la qualité et de la diversité des informations qu’il contient.

Pierre LAROUSSE, omniprésent dans ce dictionnaire, revendique d’emblée le caractère collectif de l’entreprise sans jamais omettre de citer et remercier ses collaborateurs. Vingt-sept d’entre eux figurent dans la préface, et soixante-deux nouveaux noms sont présents dans la postface du quinzième tome. Certains de ces personnages ont eu un rôle de premier plan dans l’entreprise, comme Louis COMBES, Jean-Alexandre ABRANT, secrétaire particulier, ou Alfred DEBERLE, qui deviendra ultérieurement le véritable bras droit de l’éditeur François PILLON, lui-même ancien élève de LAROUSSE. D’autres contributeurs sont également passés à la postérité tels que Jules VALLÈS, Jules ANDRIEU, Alfred NAQUET, Maximilien MARIE ou Auguste VERMOREL. Les articles n’étant pas signés, il est malheureusement difficile de leur attribuer une paternité avec une certitude absolue.

Le préambule précise que « la pensée qui a présidé à la rédaction de tous nos articles… est honnête, loyale et impartiale et nous la croyons en harmonie avec la tendance et les aspirations du siècle ». Dans les faits, le Dictionnaire universel n’est pourtant pas une œuvre neutre et purement objective. Fréquemment, les rédacteurs n’hésitent pas à adopter un ton personnel (je et nous sont même ponctuellement utilisés) et à émettre jugements et théories. À l’image de son créateur et de ses collaborateurs, tous très engagés dans leurs opinions politiques et sociales, l’entreprise est guidée dès l’origine par un esprit résolument républicain et laïque, animé par une confiance absolue dans le progrès de l’humanité. Cette conviction est résumée par la célèbre formule de LAROUSSE : «  La foi à la loi du progrès est la vraie foi de notre âge. » La modernité est le maître-mot du programme éditorial : « Nous sommes de ceux qui ont les regards fixés sur l’avenir, qui savent rendre justice au passé, mais qui n’en regrettent rien et qui, surtout, ne voudraient en voir relever les ruines par quelque expédient que ce soit. »

L’héritage des Lumières et de la Révolution est clairement revendiqué dans ce dictionnaire encyclopédique. On peut lire en conclusion de l’article Révolution française : « L’œuvre de la Révolution s’est continuée jusqu’à l’heure présente. Elle est vivante et elle vivra jusqu’à ce qu’elle ait détruit tous les abus, fondé toutes les institutions que réclament la justice et l’esprit moderne. » On peut noter que ces lignes sont écrites alors que la France est gouvernée par NAPOLÉON III.

Avec une certaine audace, les auteurs n’hésitent pas à rédiger deux notices critiques très développées sur NAPOLÉON BONAPARTE, suivies de la présentation d’ouvrages traitant du personnage. La première est consacrée au général républicain BONAPARTE « mort au château de Saint-Cloud… le 18 brumaire an VIII”. Dans la seconde, qui relate la vie et l’œuvre de l’empereur NAPOLÉON Ier, on peut relever la terrible sentence suivante : « Pour moi, je le dis bien haut. Je contemple d’un œil sec NAPOLÉON cloué sur un rocher au milieu des mers. Je réserve mes larmes pour ceux qui furent victimes de ses ambitions. » Au chapitre consacré à l’instruction publique, la mainmise du clergé sur l’enseignement est clairement dénoncée, et le principe d’une école gratuite et obligatoire ardemment défendu.

Si le dictionnaire ne souffre pas trop de la censure officielle, profitant de l’“adoucissement” du régime impérial et de la mise en place de la IIIe République, il n’échappe pas, du fait de son ton critique et volontiers polémique vis-à-vis du dogme catholique et du clergé, à la colère des autorités pontificales. Une condamnation est prononcée en 1873, et l’ouvrage inscrit sur l’Index librorum prohibitorum du Vatican. Pour autant cette condamnation n’engendrera pas une chute massive des abonnements, et les autorités religieuses l’appliqueront avec plus ou moins de zèle selon les évêchés.

Dans sa longue introduction, LAROUSSE retrace les grandes étapes de la lexicographie en France et à l’étranger depuis le XVIIe siècle en évoquant « le bilan des richesses amassées par nos devanciers » et en décrit les œuvres majeures. Cette introduction constitue un véritable petit traité sur l’histoire des dictionnaires et des encyclopédies. En fin de préface prend place un petit hommage à Pierre-Joseph PROUDHON, décédé en 1865. Ce dernier, comblé par l’article Anarchie, avait proposé à LAROUSSE de collaborer à l’entreprise, en particulier pour les articles Dieu et Propriété.

La maison d’édition perdurera et prospèrera. Un des successeurs de Pierre LAROUSSE, Claude AUGÉ, reprendra le travail lexicographique de son illustre prédécesseur. Sous sa direction, le dictionnaire universel sera retravaillé en profondeur et doté d’une riche iconographie pour devenir le Nouveau Larousse illustré en 7 volumes, qui deviendra pour longtemps la nouvelle référence des dictionnaires encyclopédiques. En 1905, une version abrégée et simplifiée de ce dernier sera publiée sous le nom de Petit Larousse illustré. Cet ouvrage sera appelé à bénéficier d’un succès public et d’une longévité tout à fait exceptionnelle.

L’exemplaire présenté ici comprend, à la fin du tome 1, un numéro et une signature autographe de HOLLIER-LAROUSSE.



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